L'engagement Pierre Lavoie
Par Valérie Maynard
Il rêve de faire du Québec un endroit où les saines habitudes de vie (bouger, bien manger et ne pas fumer), simplement, nos habitudes de vie. Brève mais combien belle rencontre avec un homme qui ne cesse d’inspirer tout un peuple et qui, par ses actions, garde vivante la mémoire de ses enfants, Laurie et Raphaël.
Pierre Lavoie a perdu deux de ses quatre enfants, Laurie, en 1997, et Raphaël, en 2000. Laurie avait quatre ans. Raphaël, 20 mois. Les deux étaient atteints de l’acidose lactique, une maladie métabolique causée par un déficit en cytochrome oxydase, encore peu connue il y a 20 ans. « Le début, c’est eux, c’est Laurie et Raphaël. Ils sont la genèse de ce grand mouvement », raconte-t-il.
À l’époque, Pierre Lavoie, un brin idéaliste, travaillait dans une usine, était fumeur et sédentaire. Affligé par le décès de ses enfants, forcé de revoir ses valeurs, l’homme s’est alors heurté à plusieurs constats, dont celui urgent de s’impliquer pour améliorer les choses. « J’ai appris, plutôt j’ai compris, que la société fonctionnait tout croche. À partir de là, tout a changé. Je savais que je devais faire quelque chose pour améliorer, changer les choses. Aujourd’hui, j’ai fait la preuve qu’on peut construire à partir d’une situation dramatique, aussi dramatique que la perte de ses enfants. »
L’histoire derrière les cubes énergie
Si vous êtes un parent, vous avez entendu parler des cubes énergie. « Les maudits cubes énergie », rigole Pierre Lavoie. En 2005, lors de la quatrième édition de Défi, les élèves des écoles primaires de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont invités à faire de l’activité physique pendant 15 minutes, chaque jour de la semaine, durant tout le mois de mai. Le succès est immédiat. Lui devait pédaler 650 kilomètres en 24 heures.
« Des enfants m’ont alors demandé s’ils pouvaient pédaler avec moi. Au début, j’ai répondu non, d’abord parce que je roule vite, ensuite parce que je passais dans leur village à minuit et demi. J’ai finalement dit oui, que s’ils complétaient leurs cubes énergie, ils pouvaient me retrouver à l’entrée du village, à minuit et demi et qu’on roulerait ensemble pendant un kilomètre, jusqu’au bout du village. » Les jeunes ont répondu à l’appel.
Cette année-là, 40 écoles se sont inscrites au défi et 6300 jeunes ont participé en prenant part à plus de 235 000 périodes de 15 minutes actives. « Les enfants aiment bouger. C’est la base des cubes énergie. Et la beauté de la chose, c’est qu’on implique les parents, la famille et les grands-parents. »
En 2009, le Défi amorce son virage provincial et devient le Grand Défi Pierre Lavoie. Les cubes énergie imaginés par Pierre Lavoie comptent à ce jour des milliers de jeunes adeptes à travers maintenant 1465 écoles primaires du Québec. Les cubes ont aussi trouvé preneur auprès de 200 écoles primaires du Canada, et même en France.
Le 25 octobre dernier, des milliers de personnes ont pris part à la Grande Marche Pierre Lavoie, une nouvelle initiative appuyée par les omnipraticiens du Québec qui prescrivent désormais des cubes énergie à leurs patients, une première au monde! « On fait la promotion de la molécule miracle : bouger et manger mieux. On essaie maintenant d’embarquer les pharmaciens et les kinésiologues », s’enthousiasme-t-il.
Vous faites de grandes choses, M. Lavoie. Êtes-vous un grand homme?
« Non, répond-il spontanément. Je suis quelqu’un qui vient de la base. Je suis un mécanicien de métier, élevé par une mère monoparentale dans un HLM, dans des conditions très difficiles. Je viens du peuple. Je suis simple. Les personnages finissent toujours par se faire démasquer. Moi, c’est moi, décline-t-il avant de marquer une pause de quelques secondes… Je suis fier de ce que j’ai fait. Ce grand mouvement, c’est l’héritage de Laurie et Raphaël. Mes enfants ne sont pas morts pour rien. »
Les deux autres enfants, Bruno-Pierre, 25 ans, et Joly-Ann, presque 12 ans, sont en parfaite santé.
Le pouvoir de l’engagement
Devenu par la force des choses un conférencier très demandé, Pierre Lavoie parle du pouvoir de l’engagement. « Comme société, on ne peut plus augmenter nos impôts et on ne peut plus emprunter. C’est le temps d’entrer dans l’ère de l’engagement et de la responsabilité. Et ça passe nécessairement par l’éducation, la colonne vertébrale de notre société. C’est par l’éducation qu’on va guérir le Québec », opine-t-il.
Pierre Lavoie animera une conférence lors du cocktail dînatoire au profit de la Division laurentienne de ski, le 2 décembre prochain, au Collège Laval.
Informations : 450 227-3041