Les détenus font leur temps, mais les prisons débordent!

Par nathalie-deraspe

Depuis qu’Accès a dénoncé la situation

Fini le temps où on passait en coup de vent à la prison pour repartir aussitôt faute de place. Maintenant, tout le monde est admis, mais les prisonniers dorment entassés dans des gymnases et le personnel est au bout du rouleau.

Le ministre de la Sécurité publique a beau promettre de nouvelles places en détention qu’il ne règlera pas à moitié les problèmes du système carcéral. «Je suis mal placé, affirme le président national du Syndicat des agents de la paix en service correctionnel du Québec (SAPSCQ), Stéphane Lemaire. Si je dénonce le système, ça n’aide pas pour trouver des employés. En politique, on ne gagne pas de votes en parlant de sécurité publique mais les avocats commencent à dire que le temps des prévenus devrait compter pour triple au lieu du double tellement les prisons débordent. Les salles prévues pour les rencontres, la formation, les ateliers ou les relations d’aide sont utilisées comme dortoir. Chaque soir à Saint-Jérôme, y’en a une quarantaine de détenus qui se promènent avec leur petit matelas pour aller dormir dans le gymnase. On est au tiers monde au niveau carcéral!» La situation du débordement des prisons québécoises se répercute sur le moral du personnel et sur l’embauche de nouveaux agents de probation ou de la paix. Le taux de rétention est à son plus bas. Une source anonyme nous confie que sur une vingtaine de personnes qui entame une formation, il n’en ressort souvent que deux ou trois. Au fédéral, la situation est moins corsée. Les salaires sont beaucoup plus élevés (jusqu’à 20 000$ de plus par année au dernier échelon), les emplois à temps plein et les moyens mis à la disposition du personnel carcéral sont incomparables à ceux disponibles à l’échelle de la province.

Jusqu’à 16 heures de travail

en continu

Le manque de personnel est si criant que les agents sont souvent appelés à travailler 16 heures d’affilée. Comme il s’agit d’un service essentiel, ceux-ci sont dans l’obligation d’obtempérer. La fatigue aidant, les agents sont à bout de nerfs et quittent pour épuisement au travail. Devant eux, des détenus agressifs, limités à des services minimum, obligés de dormir entassés les uns les autres. Pour faire leurs besoins, une toilette au centre de la pièce, avec pour seule intimité, un petit muret.
À l’origine, le centre de détention de Saint-Jérôme prévoyait un détenu par cellule. Il sont désormais deux, parfois trois, indique le SAPSCQ. «On bat tous les records en refus de travail, poursuit Stéphane Lemaire. On change les règles à chaque mois. On est rendus qu’on fait du temps avec eux (les détenus). C’est un vœu pieu la réhabilitation. Juste sauver notre peau on en a plein les bottes.»

Cette semaine, 429 personnes étaient détenues à Saint-Jérôme alors que la capacité de l’établissement se situe à 380. Résultat, des échauffourées trois à quatre fois par semaine. Ceux qui se retrouvent en détention pour la première fois sont à la merci des chef de wings et prennent tout les méfaits sur leurs épaules de peur d’être violés ou tabassés par leurs voisins de cellule.
«Les services sont coupés au maximum, poursuit notre source, qui n’ose dévoiler son identité de peur de menaces de la part de la direction ou des agents de la paix. Les prisons sont tellement pleines qu’ils s’appellent deux fois par jour pour s’échanger des détenus. J’en ai vu un qui en trois mois a subi 37 transferts. Les agents de probation passent leur temps à faire de la paperasse et des évaluations de dossiers. Il n’y a à peu près pas de relation d’aide ou de suivi de détenus. Le psychiatre et le psychologue passent une demie-journée par semaine. Et faut voir ce que c’est que l’infirmerie! Au lieu de les mettre en cellules isolées, on met même les cas suicidaires au trou faute de place!»

Un milieu sous-financé

De part et d’autres, les commentaires sont les mêmes. Le milieu est sous-financé depuis plus de dix ans. Les solutions? Améliorer les conditions de travail du personnel, instaurer de vrais programmes de réinsertion, qu’on fasse travailler les détenus pour les occuper et qu’on leur offre un suivi durant et après leur incarcération. «Les agents de probation travaillent à la chaîne. Ils rencontrent les détenus au tiers de leur peine au lieu du sixième .Quand un gars sort, on lui donne un ticket d’autobus pour qu’il se rende à l’adresse qu’il a donné en rentrant. C’est tout.»

Du côté du poste de police de Saint-Jérôme, les choses n’ont guère changé. «Ça prend une solution à long terme, affirme le directeur du poste de police, Pierre Bourgeois. En fin de semaine, j’ai eu 9 prévenus. Il a fallu que j’en libère deux sur promesse de comparaître. Je n’ai pas eu le choix, je n’avais pas de place. »

1 commentaire

  1. Quelqu’un que je connais est a la prison de st.jerome. Il a prit 30 jrs. pour bris de condition. Ca fait 15 jrs. Impossible de savoir combien il doit faire de jrs. avant de sortir. Il me téléphone a frais vire ,j’accepte l’appel, il m’explique qu’il ne peut rejoindre son avocat parce qu’il n’a pas d’argent pour le téléphone publique. Je rejoins donc son avocat de l’aide juridique qui me dit  » il n’y a pas de problème j’accepte les appels a frais vire  » la personne qui est en prison me rappelle je lui transmet le message, mais quand elle essaie de communiquer a frais vire avec l’avocat en question, il refuse l’appel. C’est quoi ce système d’aide juridique et c’est quoi ces avocats qui sont dans ce système d’aide juridique. je vous écris le 26-06-22

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