– LES ÉLECTIONS PROVINCIALES DANS LES LAURENTIDES –
Par nathalie-deraspe
Cousineau recueille son meilleur score à vie
Noël aura une saveur toute particulière pour le péquiste Claude Cousineau. Il a remporté quatre campagnes électorales successives, combattu autant de candidats différents, et de fois en fois, il a augmenté sans cesse augmenté l’écart qui le séparait de ses adversaires, sauf lors des élections de 2003.
Claude Cousineau était peut-être un peu tristounet le 30 novembre dernier, mais ces jours-ci, il est doublement en position de fêter. La campagne électorale a peut-être éclipsé son 10e anniversaire en tant que député (ce- lui-ci s’est contenté d’un petit souper en famille pour souligner l’événement) mais qu’à cela ne tienne, il fait son entrée à l’Assemblée nationale pour un quatrième mandat consécutif, aux côtés de 50 de ses collègues. Même s’il doutait peu de perdre le comté, Claude Cousineau est sans doute satisfait de retrouver un parti qui a délaissé le respirateur artificiel. Malgré la débâcle des dernières années, le PQ a profité du ressac qui a suivi la vague adéquiste pour récupérer la majeure partie des Laurentides et ainsi occuper les bancs de l’opposition officielle. Lors de sa première élection en 1998, Claude Cousineau avait obtenu 1 743 voix de majorité. Le voilà avec 4 546 voix d’avance sur son adversaire Isabelle Lord. Un peu plus et il doublait son score précédent.
Cousineau a tout de même souligné «une grande perdante, la démocratie.» la première chose que le député de Bertrand compte faire, c’est d’écrire à Jean Charest. «S’il est capable de dépenser 83 M$ pour des élections, il devrait être capable de trouver la même som-me pour donner aux gens qui ne mangent pas et envoyer de l’argent dans les comtés.»
Tout comme son adversaire adéquiste, Claude Cousineau affirme qu’il faut revoir le système électoral. Celui-ci voit d’un bon œil l’arrivée d’Amir Khadir à l’Assemblée nationale. «Ça fait plaisir à l’aile plus à gauche du PQ, dont je suis, même si c’est regrettable de perdre Daniel Turp.»
«J’ai vécu l’expérience de ma vie» – Isabelle Lord
Quarante-huit heures après sa défaite, la candidate libérale retrouve ses esprits. Petit recul nécessaire pour laisser évacuer la fatigue et retomber sur ses pattes.
Isabelle Lord sort de son aventure électorale avec autant d’enthousiasme que lorsqu’elle y a plongé. Dynamisée d’avoir rencontré autant de gens en si peu de temps, la jeune femme a admis que son entraînement date de plusieurs années. «Pour courir derrière des ministres comme je l’ai fait, faut avoir de l’endurance et être capable de prendre la pression.» Soufflée par une puissante machine, Isabelle Lord a réussi à conquérir le cœur de plus de 10 600 électeurs, catapultant son adversaire adéquiste au troisième rang. «Saint-Sauveur et Piedmont étaient au rendez-vous, a-t-elle lancé lors d’une entrevue téléphonique mercredi. Ça, c’est ma petite victoire.» Reconnue dans son propre milieu, la candidate a confessé que le péquiste Claude Cousineau avait une bonne longueur d’avance auprès des votants, notamment du fait de sa longévité comme député, mais également de ses expériences antécédentes à titre de maire et de préfet. Mme Lord a d’ailleurs salué sa victoire. Jeudi, la candidate libérale se rendait à Québec en compagnie de son homologue Jacques Gariépy, également défait dans Prévost, afin d’assister au caucus du parti. «La campagne a été l’expérience de ma vie. Je l’ai faite avec mon cœur et mes tripes. J’étais personne avant. J’ai gagné ma notoriété en 33 jours.» Mme Lord a insisté pour dire qu’elle continuera à servir le parti libéral. Pour l’instant, elle réfléchit à savoir où et comment.
Robert éclipse Camirand
Un enseignant quitte l’école, un autre peut-être, la retrouvera. Lundi, le péquiste Gilles Robert a remporté une éclatante victoire dans Prévost, éclaboussant du coup son adversaire Martin Camirand. Une revanche certainement douce au cœur de Lucie Papineau.
Renversement de situation dans Prévost. Là aussi, l’effet de la nature a nui aux adéquistes. Après la déferlante, le ressac. À quelques jours du vote, Martin Camirand semblait pourtant équipé pour résister à la tempête qui s’annonçait. Plusieurs centaines de personnes s’étaient déplacées une deuxième fois pour venir le saluer en compagnie de Mario Dumont. Mais en douce, Gilles Robert marquait des points. Des centaines d’étudiants à qui il avait enseigné les rudiments de la politique allaient entre autres jouer en sa faveur. Plus discret que son opposant, Robert a fait campagne sans tambour ni trompette et sans chef à ses côtés. Les troupes péquistes semblaient convaincues dès le départ que le comté allait retrouver la raison et voter à nouveau pour le parti. En 20 ans, Prévost a toujours été mené par un candidat péquiste sauf en 2007. Il faut remonter au temps de Paul-André Forget (1989) pour voir un libéral dans la région de Saint-Jérôme.
Comme un journaliste
Gilles Robert avoue avoir vécu son élection comme un journaliste, un métier qu’il a exercé durant 15 ans. «J’ai pris beaucoup de notes. J’étais en mode empathie. Et la seule promesse que j’ai faite, c’était de revenir auprès de mes élèves pour bien les préparer avant leurs examens des Fêtes.» Le nouveau député entend plancher sur plusieurs projets dont celui de la Maison Alzheimer, de la salle de spectacle et des infrastructures sportives. «Je ne me vois pas comme un député de bureau. Je vais faire du terrain. On a un bon groupe d’opposition, on va essayer de dégager de bonnes nouvelles», lance l’ex-rédacteur.
«Tant qu’on sera dans ce système,
le cynisme va l’emporter» – Diane Bellemare
Le taux de participation aux élections a été si faible que la victoire des candidats élus demeure peu convaincante aux yeux de la candidate adéquiste Diane Bellemare. «Ça prendrait des leaders avec des idées», lance l’économiste.
Visiblement troublée, la candidate adéquiste de Bertrand semble plus chagrinée par le désintéressement général de la population face à la chose politique qu’envers sa propre défaite. «S’il est une cause que je prendrais, c’est le vote proportionnel», a indiqué Diane Bellemare.
Toujours aussi intéressée par la politique publique, l’économiste a confessé que comme candidate, il faut savoir convaincre et expliquer nos convictions tout en sachant faire face aux médias. L’économiste se sent meilleure à défendre ses idées derrière le rideau. Mme Bellemare caresse l’idée d’écrire un livre dans lequel elle inscrirait sa vision d’un Québec renouvelé. Lundi, l’adéquiste a recueilli un peu plus de 11% des voix. Son homologue Martin Camirand a perdu le comté de Bertrand, où il a obtenu un score de près de 21%.
Électeurs en herbe
Les jeunes électeurs élisent Claude Cousineau
Cette année encore l’activité Électeurs en herbe a permis à des étudiants de la région d’en apprendre davantage sur la politique québécoise.
Durant la semaine du 1er au 5 décembre dernier, les jeunes de l’école secondaire A-N-Morin, ainsi que ceux de l’Académie Laurentienne, ont pu se familiariser avec le processus électoral provincial par le biais de différentes activités. Comme c’est maintenant devenu la coutume, ceux-ci sont passés à travers tout le processus de votation et ont participé à une simulation de vote. Tout avait été mis en place pour leur faire vivre une expérience électorale qui ressemble le plus possible à de vraies élections.
Si l’on se fie à ses résultats les Électeurs en herbe auraient élu un gouvernement du Parti québécois. Dans les Laurentides, les jeunes électeurs ont opté pour le parti québécois dans une proportion de 36,5%. L’ADQ arrivait en seconde place, avec plus de 18% des votes. Le parti libéral récoltait quant quelques centièmes de points de moins. Fait cocasse, le parti vert en récoltait presqu’autant. Finalement, Québec Solidaire s’en tirait à meilleur compte qu’avec les adultes, avec 9,5% de suffrages obtenus. Pour le comté de Bertrand, Claude Cousineau obtenait 1% de plus d’appuis que l’ensemble de la région. Près de 1 150 votants ont participé à l’exercice. Là encore, les adéquistes arrivaient deuxième.
Électeurs en herbe est un programme non partisan et sans but lucratif, réalisé grâce à la participation financière du Secrétariat à la jeunesse du Québec dans le cadre de la Stratégie d’action jeunesse 2006-2009 et du Directeur général des élections du Québec. L’événement est coordonné localement par le Forum Jeunesse des Laurentides. À l’é-chelle du Québec, ce sont plus de 20 000 jeunes répartis dans plus de 200 écoles qui y ont participé.