Les enfants rois des Laurentides?: Non! Des parents rois, des enfants négligés
Par jocelyne-cazin
En reconnaissant la cour de l’école de la Vallée à Saint-Sauveur en frontispice du journal du 1ermai, je me suis rappelé une histoire qu’un professeur de l’endroit m’a racontée. Elle organisait une sortie scolaire avec sa classe dans le (village). Qui dit sortie scolaire, dit besoin de parents, on s’entend! Pour cette activité, 4 parents bénévoles étaient nécessaires. Ce professeur a pris de son temps à la maison après les heures de travail pour appeler les parents. Il semble que le répondeur n’ait pas transmis le message aux parents…! Pouvez-vous croire que sur 12 papas et mamans appelés, aucun n’a retourné l’appel au professeur? Manque d’intérêt? Peur de s’impliquer? Pas le temps de s’investir?
Une maman m’a raconté qu’à la garderie de sa fille, la direction a décidé de fermer deux semaines en juillet, afin de forcer des parents à prendre leur enfant un minimum de deux semaines par année.
Certaines garderies offrent désormais le petit déjeuner aux enfants, car pauvres parents, ils manquent de temps même pour nourrir ceux qu’ils ont enfantés.
Un professeur de troisième année où les troubles de comportement et d’apprentissage s’accumulent dans sa classe, me raconte l’histoire d’un de ces élèves qui réclame l’intervention d’un ergothérapeute, d’un psychologue et d’un orthopédagogue. L’enfant a entre autres des problèmes de motricité. Suggestion des spécialistes : des cours de natation cet été à la piscine municipale. Réponse des parents : «On n’a pas le temps d’amener notre enfant une fois semaine à la piscine».
Savez-vous que la négligence est le premier motif de signalement à la Direction de la Protection de la Jeunesse? Certains enfants sont si peu importants aux yeux de leurs parents, qu’ils nous révèlent des histoires à faire pleurer comme celle-ci : un adolescent de 15 ans s’est retrouvé devant le tribunal de la jeunesse avec une accusation de menace de mort. Il était seul en cour, aucun parent ni oncle ni tante, ni grand-parent, ni ami pour l’aider dans son désarroi.
Une directrice d’école me raconte que des mères laissent leur enfant à la garderie jusqu’à la fermeture, alors qu’elles ne travaillent pas à l’extérieur. Les mamans veulent plus de temps pour leurs loisirs personnels.
Et vous me parlez d’enfants rois! J’ai envie de crier : où sont les parents? Vous allez me répondre; au travail pour payer les études et surtout les amusements, les iPods, les MP3, les Nintendo, les voyages, les signatures de vêtements, de souliers, de casquettes. Chère casquette!! On ne peut plus parler d’enfants rois lorsque l’on constate que de plus en plus d’enfants décrochent d’un système qui ne les reconnaît même pas. Trop de parents ont cessé de s’impliquer dans l’éducation de leur enfant. Ils n’ont pas compris qu’être parent implique une responsabilité permanente. Cette déresponsabilisation donne des résultats catastrophiques à plusieurs niveaux. Hausse du taux de décrochage scolaire, Augmentation des problèmes de santé mentale dans les écoles au primaire comme au secondaire, etc., etc.
J’ai presque envie de lancer un cri de ralliement afin que nous nous sentions à nouveau impliqués dans l’avenir de nos enfants. Cela prend tout un village pour éduquer un enfant, nous dit ce vieil adage africain. Tous, c’est aussi le commerçant du coin ou l’entrepreneur qui éventuellement va embaucher l’enfant d’aujourd’hui.
Laissez-moi vous raconter une autre histoire d’horreur. Un élève de secondaire cinq demande à son professeur de quitter l’école une demi-heure plus tôt tous les jours, parce qu’il s’est trouvé un emploi. L’employeur exige que l’adolescent se présente à 16h. Ce garçon n’avait pas de bons résultats scolaires. Donc pas question pour le professeur de lui accorder un traitement de faveur. Imaginez le nombre de demandes éventuelles…! La directrice de l’école a tout de même pris le temps de téléphoner à l’employeur afin de lui expliquer la situation. Le futur «boss» a dit NON sans se préoccuper de l’avenir du jeune. La mère a contesté la décision de l’école et a convaincu son fils qu’il n’avait pas besoin de diplôme pour réussir dans la vie. Qu’arrivera-t-il à ce garçon si dans six mois son employeur le met à la porte parce qu’il est incompétent? Et que lui arrivera-t-il face à un autre employeur qui lui exigera un diplôme de secondaire? Bonne chance ti-gars!
Heureusement qu’il existe des initiatives de «récupération» de jeunes, mais je constate jour après jour qu’elles ne sont pas suffisantes. Il nous faut un traitement-choc afin d’avoir de véritables enfants rois. La relève est si peu nombreuse. Être traité comme un roi, c’est offrir le tapis rouge, c’est donner ce qu’il y a de meilleur aux enfants. Le meilleur n’est surtout pas matériel.