Les esprits s'échauffent

Par Valérie Maynard

Projet de stationnement au parc Melançon

Une soirée d’information en lien avec le projet de stationnement au parc Melançon, à Saint-Jérôme, a rapidement tourné au vinaigre, le mardi 18 août dernier. Les organisateurs, après avoir appelé en renfort la police, ont tout bonnement décidé d’annuler la rencontre.

Tout a commencé par une lettre envoyée aux résidents de la Résidence Charles-Campeau, située en bordure du parc Melançon, les informant de la tenue d’une réunion d’information au cours de laquelle le conseiller municipal Marc Bourcier donnera « les vraies informations » concernant le projet de stationnement de la Ville de Saint-Jérôme. La lettre ne portait aucune date ni signature. On peut toutefois y lire que les conseillers municipaux Benoit Delage et Nathalie Lasalle, de même que le directeur général de l’Office municipal d’habitation (OMH) de Saint-Jérôme, Daniel Denis, et le directeur Service aux immeubles, Jean-Marc Jolicoeur, assisteront à la réunion.

Mise en contexte

Annoncé au printemps dernier et financé à même une partie des surplus de la Ville, le projet de stationnement en lieu et place du terrain de baseball et comportant plusieurs centaines de cases, rappelons-le, a rencontré une vive opposition citoyenne à l’origine d’une pétition de plus de 1500 signatures. Devant le tollé soulevé par le projet, le maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, s’était vu contraint, le 16 juin dernier, d’annoncer la suspension du projet dont le chantier devait débuter au cours de l’été. « Il n’y aura aucun changement au parc Melançon tant et aussi longtemps que nous n’aurons pas tenu cette réflexion ensemble », avait-il alors déclaré. Depuis, la Ville a annoncé son intention de tenir une consultation publique cet automne, entre le 15 et le 30 novembre.

Rencontre privée

Informées de la tenue de la réunion initiée par leur collègue Marc Bourcier, les conseillères Colette Thibault et Stéphanie Viens-Proulx ont tenté d’y assister. Invitées par des résidents, les deux femmes se sont rapidement heurtées au caractère privé de la rencontre. « M. Bourcier a refusé de tenir sa rencontre sous prétexte qu’elle était privée. Cette décision a porté Daniel Denis à intimer les citoyens non résidents de Campeau à quitter, nous incluses. Devant notre refus, il a eu recours aux forces policières», ont-elles fait savoir par voie de communiqué. Or, les deux conseillères s’expliquent mal le refus de leur collègue Bourcier de donner « les vraies informations » en présence de citoyens intéressés, voire même interpelés par ce projet. « Faut-il croire que les informations livrées par M. Bourcier à la population varient en fonction de l’auditoire devant lui? Y a-t-il des intentions camouflées derrière ce projet pour que les raisons de ce projet de stationnement ne cessent de changer à ce point? Faut-il comprendre que la consultation publique est déjà entamée en catimini? », se questionnent-elles.

Également présente à titre, a-t-elle dit, d’observatrice, la citoyenne Caroline Brien, instigatrice de la pétition et coordonnatrice de la campagne Revitaliser le parc Melançon, affirme avoir été témoin des discussions animées entre les organisateurs de la réunion et la dizaine de visiteurs de toute évidence persona non grata. « Dès mon arrivée, M. Bourcier m’a dit que je n’avais pas d’affaire à assister à cette réunion », rapporte-t-elle. Mme Brien s’interroge aussi sur la nature des « vraies informations » de M. Bourcier et sur l’intérêt de tenir une telle réunion avant la consultation publique prévue cet automne. « Si ce projet est aussi beau et courageux que Marc Bourcier le prétend, il devrait être fier de le présenter à tous ceux qui s’y intéressent. Certains résidents de Campeau ont mentionné que les invités devaient quitter pour qu’un vote puisse être tenu. Est-ce qu’ils étaient mal informés ou les conseillers cherchaient-ils à se mettre en poche une motion d’appui? », soulève-t-elle.

Commentaires prudents de la Ville

Porte-parole de la Ville de Saint-Jérôme, Simon Geraghty s’est montré avare de commentaires, se bornant à souligner le caractère privé de la démarche entreprise par le conseiller municipal Marc Bourcier, qui répondait, dit-il, à l’invitation du directeur général de l’OMH. « Il y aurait eu beaucoup d’informations contradictoires dans ce dossier et, de ce que j’ai compris, ce sont les résidents qui ont demandé cette rencontre », a-t-il déclaré. M. Geraghty affirme qu’il n’était pas présent à cette soirée, pas plus que le maire et le Service des communications. Quant à la nécessité de faire appel aux policiers dans le cadre d’une réunion convoquée par un élu municipal, M. Geraghty s’est contenté de préciser que la décision émanait du directeur général de l’OMH. « Il faudrait lui demander à lui les raisons de son geste. » Il n’a pas été possible de parler au maire Stéphane Maher, ni à Marc Bourcier. Ce dernier n’a tout simplement pas donné suite à notre demande d’entrevue.

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