Les infirmières accentuent leurs pressions

Par nathalie-deraspe

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec poursuit ses manifestations dans le but de faire bouger le gouvernement. Jamais aura-t-on vu pareil ralliement autour de la cause.

La Semaine de l’infirmière bat son plein, comme à chaque année à pareille date depuis 17 ans. Mais cette fois, l’événement semble prendre une toute autre valeur. Comme si tout à coup, en tant que société, on se rendait collectivement compte que le personnel en soins infirmiers est indispensable à la santé. D’habitude frileux à saluer les revendications des employés de l’État, voilà que quatre Québécois sur cinq appuient le réaménagement de travail proposé. Médecins et spécialistes se sont levés à leur tour pour indiquer qu’il faut accroître la collaboration entre les infirmières et les médecins.

Le 28 avril dernier, des membres de la FIQ ont manifesté devant l’Hôpital régional de Saint-Jérôme. La vice-présidente de l’organisme, Brigitte Fauteux, semble déterminée à mener la bataille jusqu’au bout. «Bolduc fait la sourde oreille. Ça piétine aux tables. Il faut garder un système de santé à la mesure de ce qu’on veut comme société.»

Départs à la retraite

La FIQ insiste sur les conditions de travail lamentables imposées à ses membres. D’ici trois ans, le quart des 65 000 infirmières prendront leur retraite. En douce, le privé fait son lit. Il y a plus de privatisation au Québec que n’importe où ailleurs au pays. En 2007-2008, le CSSS de Saint-Jérôme versait plus de 4 M$ aux agences privées. L’année suivante, on en injectait 500 000$ de plus, a indiqué Nancy Moss, présidente du Syndicat des professionnels en soins de Saint-Jérôme (SPSSJ). «Depuis 2 ans, 5 postes à temps complet ont été abolis aux soins à domicile pour les remplacer par 13 postes comblés par des agences privées.»

Le SPSSJ dénonce également le recours croissant aux firmes spécialisées. Il y en aurait 14 à l’œuvre à Saint-Jérôme. Récemment, la nomination du Dr Lucie Poitras en a fait sursauter plusieurs. La directrice des services professionnels par intérim est également vice-présidente de la firme d’experts-conseils CIM qui, aux dires des syndiqués, obtient plusieurs contrats auprès de l’établissement. Saint-Eustache ferait également appel à cette entreprise. Le poste de directrice de santé physique a aussi été confié au privé. On offre 318$ de l’heure.
«Le croupier fait plus d’argent que moi, lance Daniel Robin, infirmier clinicien d’urgence. Le monteur de ligne d’Hydro-Québec fait 90 000$ par année. Un moment donné, il y a un choix de valeurs à faire.»

Denise Caron compte 26 ans de métier à titre d’infirmière, dont 10 ans au CLSC. «C’est une insulte de dire que les travailleurs sur place sont moins compétents. On nous dit qu’utiliser le privé c’est plus performant, c’est faux. Ça va soulager le réseau public, c’est faux. Ça va coûter moins cher, c’est faux. Les agences sont là pour faire de l’argent.»

Le dg réagit

Le directeur général de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, François Therrien, tente de se faire rassurant. «On est étonnés du ton de la FIQ. Tous les directeurs d’hôpitaux dénoncent le recours au privé. Si on se compare, nous ne sommes pas de ceux qui utilisent le plus ce réseau. Depuis mon arrivée, il n’y a eu aucune compression de postes. Actuellement, 50 emplois ne trouvent pas preneur. La solution ultime, c’est un décret qui interdirait de faire affaire aux agences. Mais il faut que la décision vienne du national.»

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