Les inquiétudes persistent… la mobilisation continue
Projet de ligne à 120 KV du Grand-Brûlé – Dérivation Saint-Sauveur
Nouvelle année, même combat pour les opposants au projet de ligne à 120 KV du Grand-Brûlé – Dérivation Saint-Sauveur. Inquiets de ses conséquences si Hydro-Québec va de l’avant, des citoyens poursuivent leur mobilisation. La société d’État, quant à elle, se veut rassurante.
Parmi ces citoyens, Gaétan Petrucci, résident de Sainte-Adèle, a fait partie des 600 personnes à prendre part à la Marche du respect organisée le samedi 18 janvier par la municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard en opposition au projet d’Hydro-Québec, et notamment au tracé de ligne A.
Partageant les préoccupations des Adolphins, dont le village serait traversé par 13 km de pylônes d’environ 60 m de haut, M. Petrucci rappelle que ce projet toucherait également les Adélois puisque le tracé A emprunterait une ligne à 120 KV existant à Sainte-Adèle.
Actuellement utilisée en cas de besoin seulement, celle-ci serait transformée pour
devenir porteuse d’un courant permanent. L’emprise des pylônes, c’est-à-dire la zone de dégagement au sol, devrait donc être élargie au détriment des propriétés attenantes. «La valeur des maisons pourrait baisser facilement de 30%», se désole M. Petrucci.
Un combat collectif
Lui-même activement engagé contre le projet, le résident de Sainte-Adèle souhaite que le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, à qui il a écrit, intervienne à ce sujet. Il invite également ses concitoyens à se mobiliser davantage.
Son appel rejoint celui de Sarah Perreault, porte-parole officielle du comité aviseur de Saint-Adolphe, un comité formé d’une
dizaine de citoyens experts pilotant le
dossier avec la municipalité. Celle-ci souligne l’importance de la mobilisation collective: «Ce projet devrait interpeller tout le Québec. Ce qui se passe chez nous se passe ailleurs. C’est le combat de toute une collectivité.»
Denise Payette, également membre du comité aviseur, abonde dans son sens. Elle précise que Lisette Lapointe, la mairesse de Saint-Adolphe, désire développer une stratégie concertée avec toutes les municipalités touchées. «Une chose est bien claire, assure-t-elle: Saint-Adolphe ne veut en aucun cas pelleter le problème dans la cour des autres municipalités.»
Manque de transparence
Les deux citoyennes engagées déplorent par ailleurs le manque de transparence d’Hydro-Québec, auprès de laquelle il serait pratiquement impossible d’obtenir l’heure juste. Mme Perrault, interlocutrice désignée lors des communications avec la société d’État, rapporte ainsi éprouver énormément de difficulté à obtenir les documents d’information demandés, et même des réponses à ses courriels.
Selon elle, Hydro-Québec manque de considération envers les citoyens, d’où l’idée d’organiser une marche sous le thème du respect. «Quand Hydro-Québec nous fournira les documents, je commencerai à croire à sa collaboration», affirme-t-elle.
Denise Payette mentionne pour sa part la difficulté de suivre les modifications au projet. «Hydro-Québec sort constamment des lapins de son chapeau!», explique-t-elle en faisant entre autres référence à l’abandon de la construction d’un poste de distribution à Saint-Adolphe. Selon l’ingénieur expert engagé par la Municipalité, Jean-Claude Deslauriers, ce poste aurait permis d’éviter la ligne à 120 KV.
Hydro-Québec répond
Devant les inquiétudes rapportées, Sophie Lamoureux, conseillère – relations avec le milieu d’Hydro-Québec dans les Laurentides, insiste sur la volonté de la société d’État de rechercher le plus large consensus possible. Elle assure que les préoccupations de la population sont prises en compte, en voulant pour preuves les nombreuses consultations publiques et la création d’un comité technique auquel siègent des représentants de la région.
Selon Mme Lamoureux, le travail du comité technique régional avance bien, mais, à ce stade, aucune décision définitive n’a été prise. Tous les intervenants s’entendent sur la nécessité de répondre aux besoins grandissants en électricité dans les MRC des Laurentides et des Pays-d’en-Haut, mais les trois tracés proposés sont toujours à l’étude, et le tracé A n’est pas privilégié.
Quant au poste de distribution de Saint-Adolphe, Mme Lamoureux explique qu’il s’agissait d’une solution de rechange proposée par M. Deslauriers. Après étude, celui-ci n’aurait toutefois pas répondu aux besoins projetés sur 20 à 25 ans ni même empêché la construction d’une ligne à 120 KV. Selon elle, «ce n’est pas un projet qui a été abandonné parce que c’est un projet qui n’a pas démarré».
Mme Lamoureux termine en assurant que, dès que des décisions auront été prises, des moyens seront mis en œuvre pour informer la population. D’ici là, le comité technique régional se réunira une troisième fois le 8 février prochain. «On est persuadé d’arriver à proposer une solution en conciliant tous les intérêts», maintient la représentante d’Hydro-Québec.