Les Laurentides dont je rêve: objectif printemps 2010!
Par nathalie-deraspe
Après le rendez-vous citoyen présidé par l’animatrice et journaliste réputée Jocelyne Cazin organisé cet automne par Comunic et Accès, le moment est venu de se pencher sur les projets et idées mis de l’avant au cours de cet imposant exercice par les résidents de la région, dans la perspective d’une seconde soirée, qui devrait se tenir ce printemps…
Beaucoup de regards nostalgiques sur le passé, a noté Sophie Thibault sur le blogue mis en ligne expressément pour recueillir les commentaires et suggestions de la population laurentienne. Mme. Thibault soulignait fort à propos que tout projet doit être le fruit d’une mûre réflexion. Et elle ose la question suivante: «Sommes-nous encore capables d’équilibre? Équilibre entre développement immobilier et respect de la nature, croissance économique et valeurs non pécuniaires. Saurons-nous un jour nous contenter du “juste assez”?
Et les propositions pour faire des Laurentides une région qui nous ressemble n’ont pas manqué: retour de petits commerçants spécialisés, de la petite école de village, d’une police de quartier communautaire, avec des routes qui donnent priorité aux piétons et cyclistes aux intersections.
Certains souhaitent des promesses électorales imputables aux politiciens, une bonification des offres de services de restauration mettant en valeur nos produits d’ici, plus d’efforts pour la réussite scolaire, l’achat et la restauration des bâtiments patrimoniaux, l’établissement d’une communication efficace entre les différentes communautés de la région et l’implication et la participation des citoyens aux activités communautaires des villages (à bas les villes dortoirs, où les citoyens ont le cerveau à la ville et le cœur à la campagne).
Nature, télétravail et sports
D’autres favorisent le télétravail et poussent pour l’accès à Internet haute vitesse, ou prêchent pour des emplois aux alentours. Plusieurs aspirent à définir la région comme destination par excellence des sports communautaires afin, entre autres, d’établir un réseau de pistes cyclables reliant chaque village des Laurentides.
On suggère de renoncer à la centralisation pour consommer localement. Ériger des jardins communautaires pour réduire la pauvreté et gagner en dignité. «Commençons par planter un arbre», écrit un internaute. «Reboisons nos terrains». «Fabriquons un réseau électrique sous-terrain dans les nouveaux développements».
Un entrepreneur propose même de céder de l’espace pour ériger un sentier pédestre qui ferait une boucle entre Saint-Sauveur et Piedmont. Mais qui est prêt à payer pour l’instauration du sentier proprement dit?, questionne-t-il.
Certains, clairement plus philosophes, suggèrent rien de moins que la compassion et le respect comme outil de développement durable, tandis que le président et chef de l’exploitation MSSI, Louis-Phillippe Hébert propose d’ajuster notre développement en regard du caractère champêtre et villégiateur de notre région. Une façon «naturelle» de procéder, écrit-il. Amoureux fou de Sainte-Adèle, Claude Jasmin va jusqu’à confier: «J’en viens parfois à me méfier de trop de popularité.»
«Pas envie de finir mes jours à skier entre deux rangées de condos», clame un autre, qui rêve d’un train P’tit train du Nord électrifié aux côtés d’une piste cyclable.
«L’American Dream c’est bien, le Rêve québécois c’est mieux, avance le géologue retraité Jacques Meillon qui, comme guide occasionnel à Morin-Heights, constate à quel point les sentiers se scindent au fil des développements sans être remplacés par de nouveaux corridors.» Son maire, Tim Watchorm, rêve pourtant de faire des sentiers de vélo, de ski de fond et de raquette sur les terres de la Couronne, en plus de revaloriser les pistes de vélo de montagne utilisées dans les années ’80.
«Pas de Blainville en montagne!», exige François Trudeau, porte-parole du Regroupement des usagers non-motorisés de sentiers des Laurentides (RUNMSL), qui représente plus de 10 000 personnes.
«Sainte-Marguerite fut le 2e centre touristique des Laurentides au tournant des années ’20, rappelle le docteur Robert Lavigne. Les richesses patrimoniales de la municipalité sont encore bien présentes. Pourquoi ne pas proposer une légère réduction de taxes foncières pour les propriétaires qui conserveraient le cachet patrimonial de leur résidence? Des points de vue superbes pourraient également être transformés en tour d’observation», ajoute-t-il. Encore faut-il la collaboration bénévole de la population, souligne le médecin.
À lire les commentaires laissées sur le blogue des Laurentides dont je rêve, on constate rapidement qu’il n’est jamais question de développements intenses et de centres d’achats. Léo Bourget, de Piedmont, rêve même d’un comité consultatif de jeunes âgés entre 10 et 16 ans. «Ce sont eux les décideurs de demain», affirme-t-il avec raison. Ce projet ambitieux poursuivra sa route au cours des prochains mois. Le Cercle des Laurentides dont je rêve fera d’ailleurs ses premiers pas sous peu.
à Noter
Protection du patrimoine
La ministre St-Pierre vient d’annoncer le dépôt du projet de loi sur le patrimoine culturel dont les mesures proposent notamment de nouvelles sanctions et des amendes plus coriaces pour ceux qui oseraient saccager l’histoire. Bonne nouvelle, les municipalités auraient des pouvoirs similaires à ceux de la ministre en termes de protection, de valorisation et de précaution en ce qui a trait à la sauvegarde du patrimoine local et auraient en main tous les outils nécessaires pour intervenir plus efficacement. De plus, celles-ci joueraient un rôle de premier plan pour ce qui est de désigner un paysage culturel patrimonial, puisqu’elles porteraient la démarche visant à faire reconnaître le statut de paysage par le gouvernement. Si le projet de loi est accepté, les populations locales auront leur mot à dire quant à la reconnaissance des caractéristiques et des attributs de leur territoire.
Le développement durable des communautés passe par une vision commune
Le Comité local de développement social de la MRC des Laurentides a déposé en novembre dernier les résultats d’une recherche menée grâce à la mobilisation de plusieurs partenaires locaux et régionaux, dont la Table des maires de la MRC des Laurentides. Les enjeux qui y sont soulevés rejoignent globalement les observations de ceux et celles qui ont participé au projet des Laurentides dont je rêve.
Les quelque 70 entrevues réalisées, visaient à évaluer les approches des 20 municipalités que constitue la MRC des Laurentides pour voir comment celles-ci pourraient penser en terme de développement durable. L’idée étant de concilier les dimensions économique, sociale et environnementale dans l’établissement de chaque politique et stratégie adoptée afin d’épargner le sort des générations futures.
Quelques constats
La MRC des Laurentides tire ses richesses à partir des revenus principalement gagnés à l’extérieur du territoire (touristes, villégiateurs et retraités), ce qui engendre plusieurs problématiques, dont la hausse des valeurs foncières et du coût des logements, l’accroissement des inégalités socio-économiques et l’effritement de la cohésion sociale. Autant de préoccupations soulevées lors du forum Les Laurentides dont je rêve.
Depuis 10 à 15 ans, certaines municipalités de la MRC des Laurentides ont connu des transformations majeures. Malgré ces bouleversements, peu de communautés peuvent se vanter d’avoir une vision intégrée favorisant à la fois la création d’un bassin local d’emplois tout en prônant un milieu de vie de qualité.
Chefs-lieux ou pôles de services, havres de villégiature, banlieues, villages ruraux ou pôles industriels, les municipalités de la MRC des Laurentides vivent les mêmes tiraillements que les régions situées plus au sud. Pendant que les villégiateurs aspirent à la tranquillité et favorisent des projets visant la protection de l’environnement, d’autres luttent pour s’affranchir une fois pour toutes de leur ruralité.
Mobiliser les communautés
Malgré un cadre de vie attrayant, plusieurs défis demeurent. En plus de devoir intégrer et soutenir les populations dites «vulnérables» (sans diplômes secondaires, âgées de 75 ans et plus, séparées-divorcées-veuves et monoparentales), il faudra assurer une disponibilité de logements abordables, maintenir l’équilibre dans l’offre de biens et services, lutter contre le décrochage scolaire et assurer que l’environnement bénéficie d’une protection suffisante pour les années à venir.
Les auteurs de la recherche notent que les municipalités gagneraient à développer des stratégies pour le travail autonome orientées vers des marchés extérieurs au territoire de la MRC des Laurentides. Qui plus est, au lieu d’être en compétition les unes aux autres, les communautés auraient intérêt à miser sur leur potentiel propre. Malgré certaines initiatives locales, l’enquête révèle des faiblesses au niveau de l’entrepreneuriat et dans la capacité de favoriser la cohésion sociale. «Le défi partagé par la plupart des municipalités quant à leur capacité d’intervenir sur leur développement est double, lit-on dans le rapport. D’une part, elles ne doivent pas se contenter d’être à la remorque des promoteurs de développement résidentiel. Et d’autre part, elles gagneraient à être plus proactives que réactives face à l’arrivée de nouvelles populations.»
****Des solutions à portée de main****
Pour ce faire, il faut consolider l’engagement et le rôle des élus dans le
développement de leur communauté, favoriser la complémentarité et la cohésion à travers le développement d’initiatives intersectorielles et impliquer les citoyens grâce à une information transparente et complète. Tout se joue autour de quatre axes majeurs, à commencer par la définition d’un projet global de communauté. Vient ensuite la mise en valeur des atouts locaux, le renforcement des forces locales et de la participation citoyenne (en moussant notamment tous les projets qui peuvent y être attachés) et l’attraction de nouvelles populations. Pour ce faire, il faut miser sur la création d’emplois dans des secteurs économiques novateurs. Par-dessus tout, chaque communauté devrait garder à l’esprit ses particularités au regard de ses choix de développement et lancer collectivement une réflexion face à l’avenir qu’elle entend réserver à ses enfants.
Le Comité local de développement social de la MRC des Laurentides regroupe une dizaine de personnes issues des secteurs de la santé et des services sociaux, du monde communautaire, municipal et économique. La Coopérative de travail Niska, a chapeauté le projet.