Les Laurentides méritent mieux qu’un demi-campus

Par Rédaction

Par Philippe Leclerc

Les Laurentides sont en pleine expansion. Depuis vingt ans, de nombreuses familles et jeunes adultes s’y installent, attirés par la qualité de vie exceptionnelle que notre région offre : montagnes, lacs, et espaces verts. Pourtant, malgré cette croissance démographique, l’éducation universitaire reste en retrait. C’est un pilier essentiel au développement économique et social de toute région qui se respecte.

Le campus de l’UQO à Saint-Jérôme est là, certes. Mais il est souvent perçu comme un simple satellite. L’offre actuelle, bien qu’appréciée, ne reflète pas pleinement le potentiel de la quatrième région en importance démographique, tant sur le plan économique que sur celui des besoins en formation.

L’état actuel du campus de Saint-Jérôme

Le campus de l’UQO à Saint-Jérôme, inauguré en 2010, propose aujourd’hui une douzaine de programmes d’études, allant du baccalauréat à la maîtrise, et accueille plus de 2 400 étudiants. Il dispose de deux pavillons : un pavillon permanent et moderne, et un temporaire, ajouté pour faire face à la demande croissante… il y a dix ans ! Les salles de classe sont limitées et souvent partagées, réduisant la capacité d’accueil pour de nouveaux programmes. Le pavillon temporaire témoigne de la nécessité d’investir pour agrandir et moderniser le campus.

Il est difficile de ne pas voir que l’UQO a longtemps concentré ses efforts ailleurs. Pourtant, ignorer les besoins croissants des Laurentides, c’est ignorer une des régions à la croissance la plus rapide au Québec. Il est temps que l’UQO se tourne résolument vers nous et que notre région cesse d’être une arrière-cour universitaire.

Pourquoi nos étudiants partent-ils ?

Chaque année, plusieurs centaines de jeunes des Laurentides quittent la région pour poursuivre leurs études universitaires à Montréal ou ailleurs. Ils devraient pourtant avoir la possibilité de rester ici. Mais l’offre universitaire locale manque de diversité, et les infrastructures actuelles n’encouragent pas le développement de nouveaux programmes. Cela ne reflète ni la taille ni les besoins de la région.

Loin d’être une perte inévitable, cet exode doit nous pousser à faire mieux. Offrir aux jeunes la possibilité de rester et d’étudier ici, c’est leur donner une raison de contribuer à la vitalité de la région. Nous pourrions non seulement garder nos talents régionaux, de Rosemère à Mont-Laurier, mais aussi attirer des étudiants d’ailleurs au Québec, pour qu’ils s’installent ensuite ici.

Rester et se former ici : un avenir gagnant

Ne parlons plus de perdre nos jeunes. Parlons de les garder ici, de les former, et d’attirer des talents des régions voisines. Un véritable campus permettrait à nos jeunes de contribuer directement au développement de la région, en y restant et en y travaillant après leurs études. C’est un enjeu de rétention et d’attraction. Offrir une éducation universitaire complète ici, dans les Laurentides, signifie que nous pouvons former une main-d’œuvre qualifiée, prête à répondre aux défis économiques locaux.

Des programmes adaptés aux besoins de notre région

Pour que le campus de l’UQO à Saint-Jérôme joue pleinement son rôle, il est essentiel d’élargir l’offre de programmes. Trois domaines clés pourraient rapidement faire la différence. D’abord, avec la croissance rapide de la population et des projets immobiliers, un programme en génie civil ou en génie du bâtiment formerait les ingénieurs capables de soutenir les projets d’infrastructures. Ce programme répondrait directement aux besoins de nos villes et de nos villages en forte expansion.

Ensuite, en tant que destination touristique majeure, un programme en tourisme durable et gestion hôtelière viendrait combler un besoin universitaire important. Ce programme complémenterait le Diplôme d’Études Collégiales (DEC) en techniques de gestion hôtelière, déjà offert par le Cégep de Saint-Jérôme. Cette collaboration entre le cégep et l’université permettrait aux étudiants de poursuivre une formation plus poussée et complémentaire et renforcerait le tissu économique régional, tout en créant un effet levier potentiel pour revitaliser l’École Hôtelière des Laurentides à Sainte-Adèle, qui fait face à des défis en matière de vision, de visibilité et de recrutement.

Enfin, l’essor du télétravail et des entreprises technologiques dans les Laurentides révèle un besoin pressant pour un programme en technologies de l’information ou en cybersécurité. Ce domaine en pleine croissance offrirait des perspectives d’emploi tout en renforçant le tissu économique local.

Un impact économique régional majeur

L’université joue donc un rôle clé dans l’économie régionale. Des études montrent que pour chaque dollar investi dans une université, six dollars sont générés en retombées économiques directes et dix dollars en retombées totales. L’ajout de programmes supplémentaires et l’amélioration des infrastructures à Saint-Jérôme pourrait avoir un effet d’entraînement, stimulant l’emploi direct et indirect dans la région.

Un campus modernisé attirerait non seulement des étudiants, mais aussi des chercheurs, des entreprises, et des investisseurs. Les universités peuvent ancrer des partenariats avec des secteurs clés comme la technologie et l’innovation sociale. Cela créerait une vitalité économique durable et permettrait aux Laurentides de se développer pleinement.

Il est temps d’agir

Les projections sont claires : la population des Laurentides continuera de croître. L’UQO doit réagir en investissant massivement ici. Nos étudiants méritent des infrastructures modernes, une plus grande diversité de programmes et des opportunités dans des secteurs clés. Ce n’est qu’en prenant ces mesures que nous pourrons freiner l’exode des étudiants et retenir des talents qui contribueront directement à la prospérité économique de la région. Il est temps de bâtir un campus qui reflète notre potentiel et nos ambitions. Les promesses d’expansion se succèdent, mais les résultats tardent à venir. Pendant que Gatineau prospère, nous, dans les Laurentides, restons figés dans un statu quo satellitaire.

Les Laurentides méritent mieux qu’un demi-campus.

2 commentaires

  1. Bonjour Monsieur Leclerc, votre article est intéressant mais permettez-moi de vous informez que présentement l’école hôtelière a perdue son identité  »d’école hôtelière » pour se nommer Centre de formation professionnel englobant les trois centres de formations professionnelles des Laurentides. À cette date, la direction générale ne veux pas partir de cours de service de la restauration, sommellerie, réception hôtelière, etc. mais préfère intégrer la formation générale aux adultes dans son bâtiment de la rue Lesage. J’ai même entendu que l’on voulait fermer la salle à manger d’application. Une décision comme celle-ci, prise dans une région touristique comme la notre, me semble illogique. Oui l’offre est affichée mais comme enseignante dans ces programmes je n’ai pas de tâche éducative cette année. Le peu d’intérêt des élèves, le peu d’informations dispensés à la population ou tout simplement le manque de vision de la CSSLaurentides. Oui, il y a déjà eu quelques programmes techniques mais la totalité des cours dispensés aboutissent à un D.E.P. ou A.S.P. Si les cours débutent.

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