Les Laurentides: Terre d'accueil?
Par maurice-brunelle
Dossier Immigration
Ils sont venus d’Italie, de Chine, d’Irlande pour construire le chemin de fer du Nord. De France et des îles britanniques aussi, afin de satisfaire ou contrer les plans de colonisation catholique française du curé Labelle. Ils ont fondé des villages comme Saint-Colomban, Sainte-Sophie, New Glascow, Shawbridge… De nos jours, ils sont plus nombreux que jamais pour combler nos besoins en main-d’œuvre et soutenir nos projets d’expansion. Connaissez-vous bien votre voisin de l’étranger?
Maurice Bunelle
«On n’arrive pas à renouveler notre population, c’est pour ça qu’on a de l’immigration», affirme Line Chaloux, principale dirigeante du Coffret, à Saint-Jérôme, un organisme qui s’occupe d’insertion sociale et d’accueil aux immigrés depuis 1991. «On les accompagne dans toutes les sphères d’activités pour s’assurer qu’ils s’intègrent bien dans la communauté», ajoute-t-elle.
À Saint-Jérôme, porte d’accueil de l’immigration dans les Laurentides, le Cégep et le Centre Marchand voient en outre à dispenser des classes de francisation qui mèneront éventuellement à de la formation professionnelle. On y a même développé une expertise dans l’«alpha-langue» pour ceux qui sont analphabètes dans leur propre langue. Le mandarin est également enseigné à l’Académie Lafontaine. Par ailleurs, il arrive que des familles de chez nous se manifestent pour le jumelage ponctuel de nouveaux arrivants.
Pour ce qui est de l’intégration, la chose se porte assez bien dans les Laurentides, selon Mme Chaloux. «Les Québécois, en général, forment un peuple qui est curieux, qui est intéressé par l’autre», dira-t-elle. Toutefois, des conférences sont organisées pour sensibiliser les jeunes à s’ouvrir à la différence, et, à la limite, donner le goût de voyager.
Assurément, la jeunesse des nouveaux arrivants est appréciée, puisque la majorité des immigrants ont entre 25 et 40 ans, avec beaucoup d’enfants, ce qui leur vaut des points. Il existe en effet une grille de crédits basée sur l’âge, la connaissance du français, les relations en terre d’accueil, etc., en vue de se qualifier au moment des démarches pour la demande d’immigration. L’objectif, pour la plupart, étant d’obtenir la citoyenneté canadienne.
Seule province au Canada possédant une autonomie sur les questions d’immigration, le Québec aura accueilli
55 000 immigrants en 2012, qui vont s’éparpiller ensuite au gré des opportunités. Il s’avère donc malaisé de déterminer leur population par région. Dans les Laurentides, ils proviennent de plus de 80 pays d’origine, Français et Belges étant parmi les plus nombreux, et beaucoup ont choisi de s’établir dans les MRC de Thérèse-de-Blainville et Deux-Montagnes.
Un moment unique d’émergence dans les Laurentides
Chez Laurentides Économique à Mirabel, un organisme voué au développement d’un territoire allant de la MRC Thérèse-de-Blainville au sud jusqu’à celle d’Antoine-Labelle au nord, plus pertinentes que jamais sont les questions d’immigration: «On vit un moment unique d’émergence», précise Lyne Deschamps, sa directrice générale. Aux dires de celle-ci, les Laurentides affichent présentement le plus bas taux de chômage depuis 25 ans, et ce, dans un contexte où la croissance démographique augmente les besoins en services, nécessitant de telle sorte beaucoup d’emplois pour suffire à la demande. Ajoutez à cela une économie en difficulté du côté de la zone Euro, incitant plusieurs à rechercher une terre d’accueil pour améliorer leurs conditions de vie, et vous avez là certes une conjecture intéressante.
Laurentides Économique voit ainsi à l’accueil et à l’installation d’entreprises spécialisées, en main-d’oeuvre qualifiée et de travailleurs. «Le défi qu’on a dans les Laurentides, c’est de s’assurer que l’accueil soit chaleureux, que l’accompagnement soit intéressant, pour que les immigrants veuillent demeurer ici», conclut Lyne
Deschamps dont l’une des missions est de recruter à l’international des gens diplômés et résolus à s’intégrer.
Engager un travailleur de l’étranger
Larissa Rico, commissaire à l’immigration auprès du même organisme, tient à mentionner pour sa part quelques règles de base encadrant la venue d’un travailleur de l’étranger employé par une entreprise québécoise. Ainsi, après avoir fait tous les efforts raisonnables pour combler le poste localement, une entreprise d’ici pourra faire une demande auprès du ministère de l’Immigration pour engager un ouvrier spécialisé. Cet employé se verra alors accorder un permis de travail pouvant aller jusqu’à trois ans. Il ne pourra travailler que pour cet employeur qui, par contre, devra lui fournir la stabilité d’emploi, mais pourra mettre fin au contrat advenant qu’il ne fasse pas l’affaire.
Catégories d’immigrants admis
Réfugiés. Pris en charge par l’État, les réfugiés comptent pour une faible portion des immigrants, parmi lesquels sont les apatrides qui ont perdu leur citoyenneté en raison de conflits dans leur pays. Les demandeurs d’asile, par contre, doivent revendiquer ce statut de réfugié. Indépendants. Entrent dans cette catégorie les travailleurs temporaires, en provenance du Mexique ou du Guatemala par exemple, qu’on retrouve en grand nombre dans les fermes et les serres des Laurentides, et qui font vivre leur village d’origine du fruit de leur labeur. Il existe aussi des ententes avec la France pour des programmes de travail assortis d’un visa pour favoriser la venue de jeunes Français. Parrainés. Il s’agit ici de l’adoption internationale, du mariage entre époux de nationalité différente, du parrainage de membres de la famille. Économiques. Les «immigrants économiques» sont les plus nombreux à près de 69%. On y retrouve principalement les travailleurs qualifiés et les gens d’affaires qui, selon leurs expertises et compétences, viennent investir ou répondre aux besoins de main-d’œuvre régionale qui ne suffit pas. Il y a aussi les entrepreneurs et les investisseurs qui doivent débourser de très grosses sommes d’argent, à la Caisse de dépôt et placement du Québec entre autres, pour se qualifier.