Les Laurentides tissées serrées pour la conservation du territoire
Les Laurentides ont déposé une quarantaine de projets visant à créer des aires protégées dans la région. Cette démarche s’inscrit dans un appel à projets d’aires protégées en territoire public lancé par le gouvernement du Québec en juin dernier.
L’objectif du gouvernement était de recueillir des propositions de territoires qui pourraient devenir des aires protégées, explique Marie-Pierre Beauvais, directrice des aires protégées Sud du Québec pour la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Québec), et responsable des Laurentides durant l’appel à projets. Ultimement, cet exercice contribuera à l’atteinte de la cible de conservation de 30 % du territoire d’ici 2030 que s’est fixée le gouvernement.
« À l’heure actuelle, on est à 17 %. On a environ six ans pour aller chercher 13 % », indique Marie-Pierre Beauvais à propos de la cible gouvernementale. Actuellement, 8,88 % du territoire des Laurentides est conservé. La région accuse donc du retard sur le reste de la province en matière de conservation. L’émergence de plusieurs projets durant le processus d’appel pourrait permettre d’accroître la protection du territoire, mais aussi d’assurer une meilleure représentativité à travers le Québec.
Engouement et leadership
Selon le bilan de la SNAP Québec, 71 % des municipalités des Laurentides qui pouvaient déposer un projet, c’est-à-dire qui ont des terres publiques, l’ont fait. « C’est remarquable », se réjouit Marie-Pierre Beauvais. Celle-ci salue l’engouement. « La région des Laurentides se démarque par la qualité des propositions, par la quantité et, surtout, par le leadership municipal », dit-elle.
Cette dernière vante également le travail de collaboration des municipalités et des MRC, qui ont parfois travaillé ensemble pour créer des projets. « J’ai même assisté à des rencontres avec des MRC des Laurentides et une MRC de l’Outaouais pour partager de l’information et voir si des ponts pouvaient être créés », illustre Mme Beauvais. L’ensemble des projets déposés dans les Laurentides permet d’identifier 2 200 km2 de milieux naturels d’intérêt pour la conservation. Si la quarantaine de projets se concrétisaient, la proportion de conservation passerait de 8,88 % à 19,7 %.
L’appel à projets était ouvert à tous, précise la responsable de Laurentides. Autant les municipalités que les individus, les organisations environnementales ou les groupes de citoyens pouvaient déposer un projet. « Quiconque était intéressé à déposer un projet pouvait le faire. Il n’était pas nécessaire d’avoir des grandes connaissances en biologie, seulement un attachement au territoire. » Dans la MRC des Pays-d’en-Haut, Morin-Heights et Wentworth-Nord ont déposé un projet. À Saint-Adolphe-d’Howard, le Comité consultatif en environnement et une citoyenne portent les projets qui ont été déposés. Dans la MRC de La Rivière-du-Nord, Saint-Hippolyte dépose aussi un projet. Il n’est pas possible de connaître leur localisation exacte, pour éviter qu’il y ait des claims miniers sur ces territoires, explique Marie-Pierre Beauvais.
« Je trouve qu’en contexte d’éco-anxiété, de crise climatique et de crise de la biodiversité, les gens sont souvent découragés par l’ampleur des actions à mettre en place. Ce qui se passe dans la région des Laurentides, c’est vraiment un baume », conclut Mme Beauvais.
Les prochaines étapes
Maintenant que les projets sont déposés, les MRC concernés ont jusqu’au 29 novembre pour donner, ou non, une résolution d’appui à l’analyse des projets. Une fois la résolution obtenue, chaque projet fera l’objet d’une « pré-analyse gouvernementale qui vise à bonifier l’information », détaille Marie-Pierre Beauvais. Les tables de concertation régionale feront ensuite leurs recommandations au gouvernement du Québec. Enfin, celui-ci fera son analyse finale. Si tout se passe comme prévu, les territoires retenus par le gouvernement seront protégés d’ici 2026 ou 2027.
« Historiquement au Québec, on est plus dans un horizon de 5 à 10 ans, voire 15 ans pour la protection d’aires protégées. Là, on est sur un agenda de trois ans. C’est très rapide », relève la directrice des aires protégées Sud du Québec.