Les miracles se multiplient depuis 15 ans au café L’Entre-gens
Par nathalie-deraspe
Le petit café L’entre-gens, situé en plein cœur de Sainte-Adèle, prend sa mission à cœur. Chaque jour voit défiler des personnes de tous les horizons qui ont ce désir en commun, vaincre la solitude.
À la fin du mois, Lyne Potvin, tournera une page importante de sa vie. La directrice de l’organisme abandonne ses fonctions pour fonder une entreprise de réinsertion sociale dans le domaine de la récupération.
Dès qu’elle s’est établie dans la région, en décembre 1995, celle-ci a vu tout le potentiel qu’offrait le café. À l’origine, l’endroit avait mauvaise réputation. Les habitués étaient confinés au deuxième étage du bâtiment actuel et y passaient le plus clair de leur temps sans vraiment pouvoir bénéficier d’activités programmées. Mais sa détermination et son leadership lui ont vraisemblablement permis de renverser la vapeur. «J’ai une maternelle comme diplôme, mais un doctorat en gestion de vie», dit-elle à la blague pour résumer sa courte éducation.
Cliniques de vaccination, collectes de sang, repas communautaires, sorties de groupes. Toutes les raisons étaient bonnes pour briser l’isolement des gens. La petite équipe a même réussi à amasser un conteneur de matériel à expédier aux victimes de l’Ouragan Mitch. L’annonce a été faite devant la Consul du Honduras, qui s’est déplacée pour l’événement.
En 2002, l’organisme prend possession du bâtiment de trois étages. Une subvention permet de retaper l’édifice, évalué aujourd’hui à près de 450 000$. Les gestionnaires du café L’Entre-gens ont réussi en 8 ans à peine à rembourser une bonne part de l’hypothèque. Seul le cinquième de la dette demeure.
Une grande famille
Du lundi au jeudi, le café s’anime dès le début de la matinée et étire ses activités jusqu’en après-midi. Ici, quelqu’un est chargé de découper du tissu pour faire des chiffons. Deux autres personnes s’affairent à préparer les légumes qui serviront au repas du midi. D’autres se chargent du bazar au sous-sol. Des responsables des services sociaux téléphonent. Une femme violentée est jetée à la rue. Il faudra lui fournir des vêtements et lui trouver quelques meubles pour la dépanner. Tous se mobilise, sous l’œil attentif de Lyne, qui veille au grain avec une précision quasi-militaire. «À l’époque, on me surnommait le chien de garde de la société», confie-t-elle. Mais cette clientèle bigarrée, formée d’ex-détenus, d’ex-psychiatrisés, de déficients, de dépressifs, de personnes âgées, de chômeurs ou de simples travailleurs à la petite semaine, sont tous considérés ici comme des êtres humains à part entière. Ce joyeux mélange se retrouve pêle-mêle à l’heure du repas pour partager quelques mots et avaler un repas chaud, souvent le seul de la journée. En après-midi, divers ateliers sont offerts. Cours de langue, vitrail, dessin. Trois postes d’ordinateur sont également mis à la disposition de la clientèle.
Le jour même de l’entrevue, l’organisme recevait une importante subvention. Il n’empêche. Il faudra tout de même trouver un autre 20 à 30 000$ pour rendre le bâtiment conforme et ainsi conserver le bazar. La coordonnatrice Pierrette Brochu occupera le poste de directrice dès le mois de mars et sa tête fourmille d’idées dignes du mandat de sa prédécesseure.