L’estime de soi
Par Mimi Legault
L’estime de soi est pas mal maganée par les temps qui courent. Tenez par exemple tous ceux qui envoient des courriels haineux. On en compte par milliers. Croyez-vous vraiment que ce sont des gens heureux et sereins qui prennent la peine d’écrire des énormités? Pensez-vous sérieusement qu’ils sont bien dans leur vie et dans leur peau? Pas mon idée. Ils auraient besoin de cours de croissance personnelle ou de personnes qui croiraient en eux et qui développeraient leur estime de soi. Les antis ne sont pas toujours g-antis alors que l’on pourrait simplement s’asseoir et faire valoir intelligemment son opinion sans crier
et proférer des menaces violentes.
Mais là n’est pas mon propos. Je vous l’ai déjà mentionné : j’observe les gens. Mon amie Gigi (que je salue bien bas) va sûre-ment se rouler par terre lorsqu’elle lira ces mots en croyant que c’est tout le contraire. Erreur, Gigi. Je n’ai pas le sens de l’observation, mais j’étudie les gens. Pas pareil ça. Je les ressens. Les hommes, les femmes et tout ce qu’il y a entre les deux (expression empruntée à Christian Bégin). J’en arrive à une conclusion qui m’attriste. La majorité du monde manque d’estime de soi. La plupart craint les moqueries des autres ou qu’on les pointe du doigt. L’humain est hanté par l’idée que quelqu’un lui dise : c’est de ta faute.
Si notre estime de soi était proportionnelle à notre foi, nous ferions des miracles. C’est écrit dans le ciel. J’ai lu dans un des merveilleux livres Bouillon de poulet pour l’âme l’histoire d’un garçon qui avait foi et confiance en lui. Il se trouvait chez lui dans la cour arrière; il tenait une balle de baseball ainsi que son bâton. Il répétait les mêmes mots : je suis un grand joueur. Le voilà qui lance une première balle dans les airs, et en bon québécois, il swigne dans le beurre. Pas du tout découragé pour une cenne et quart, il recommence le même manège et le bâton rate la balle. Puis une troisième fois, une quatrième avec le même résultat. Il persiste à répéter : je suis LE meilleur. Alors, il lance sa balle et s’élance à nouveau dans le vide. C’est alors qu’il s’exclame : wow, mais quel lanceur!!! Voyez?
Malheureusement, l’estime de soi demeure une denrée rare. Je vous raconte cette histoire vécue pour une dernière fois. Je l’ai déjà narrée. Je devais avoir une dizaine d’années. J’arrive à la maison en pleurant. J’étais inconsolable. Mon père me demande la raison de ce gros chagrin. C’est à cause de Pauline (championne au ballon-chasseur). Tantôt, dans le tournoi de ballon-chasseur, j’étais dans son équipe et j’ai mal joué, on a perdu; alors, elle m’a traitée de poche devant tous ceux qui étaient là. Ils sont partis à rire! Alors papa a eu ces mots extraordinaires que je n’ai jamais oubliés : Sais-tu c’est quoi ton problème, Mimi? C’est parce que tu la crois! À partir de ce moment, ma petite estime de moi a grandi, mine de rien…
J’ai une amie qui me fascine pour sa philosophie sur la vie. Elle prend tout au deuxième degré. J’aime ses opinions, ses prises de position, ses combats et ses peurs. Un jour que je lui disais que je craignais son côté scorpion, elle m’avait répondu : moi? Mais je ne suis qu’un simple petit crustacé avec de la viande tendre à l’intérieur et un peu de beurre à l’ail. Elle venait de me dire : tu me crois montagne alors que je suis falaise. J’aime ça. C’est une fille saine qui rit d’elle-même, elle n’a pas fini de s’amuser.
Ce soir, avant de vous endormir, au lieu de vomir votre haine à quelqu’un sur FB, répétez ces mots : je suis unique, je vaux beaucoup. Autant qu’un autre. C’est l’histoire d’un gars qui assistait à une réunion. En grandeur, il se trouvait à être le plus petit de la gang. L’un des participants l’interpelle en lui signifiant méchamment qu’il devait se sentir bien petit au milieu d’hommes beaucoup plus grands que lui. Alors, il eut cette superbe réponse : oui, j’ai l’impression d’être un dix cents parmi des pièces de un sou…
Rappelez-vous : vous êtes quelqu’un de bien et d’unique!