Photo : Monia Proulx

L’habitation dans la MRC des Pays-d’en-Haut : Quand l’inaction devient un choix

Par Rédaction

CHRONIQUE

Par Philippe Leclerc

Promesses et immobilisme

En 2021, le préfet André Genest annonçait que l’habitation serait la priorité de son mandat. Trois ans plus tard, le constat est frappant : aucune action concrète. Le Sommet sur l’habitation de novembre 2022 avait pourtant ouvert des pistes prometteuses. Mais depuis, plus rien. Aucune politique d’habitation n’a vu le jour. Pendant ce temps, la MRC des Laurentides, voisine proactive, montre qu’il est possible de faire autrement.

Des promesses sans suite et un leadership absent

La MRC des Laurentides l’a compris : pour résoudre la crise du logement, il faut agir ensemble. En décembre dernier, elle a créé une Fiducie d’utilité sociale en habitation. Résultat ? Des logements pour travailleurs et étudiants seront créés en 2025. Les municipalités et partenaires locaux là-bas travaillent main dans la main.

Aux Pays-d’en-Haut, c’est le silence radio. Chaque ville agit en solo. Saint-Sauveur multiplie les projets de condos luxueux, inaccessibles aux familles et aux employés locaux. À l’inverse, Sainte-Adèle s’éloigne des projets collectifs de la MRC et joue sa propre partition. Le comité sur l’habitation reste invisible. La politique d’habitation, promise pour « avant l’été » 2024, est un mirage.

Le mandat du préfet Genest se termine en novembre prochain. Ne rien faire d’ici là viendra confirmer un échec collectif.

Une paralysie qui coûte cher

La pénurie de logements abordables étouffe l’économie locale. Les entreprises peinent à recruter, faute de logements pour leurs employés. Des commerces réduisent leurs horaires par manque de main-d’œuvre. Les services essentiels tournent au ralenti.

Pendant ce temps, dans la MRC des Laurentides, Mont-Tremblant construit des logements dédiés aux travailleurs et étudiants pour attirer et retenir la main-d’œuvre. Aux Pays-d’en-Haut, rien de tel. Les entreprises restent seules face aux difficultés. Où sont les partenariats stratégiques pour soutenir ces acteurs essentiels ? Que fait le comité de développement économique de la MRC ?

Entre ironie politique et choix discutables

L’ironie ? La députée responsable du territoire est ministre de l’Habitation. Une interlocutrice clé pour débloquer des fonds et appuyer des projets. Mais elle attend des propositions concrètes du territoire. Elles ne viennent pas.

Saint-Sauveur illustre parfaitement le paradoxe régional : des condos haut de gamme poussent partout, mais aucune solution pour les familles et les travailleurs. À l’inverse, certaines municipalités des Laurentides cèdent des terrains pour développer des projets d’habitation accessibles et durables.

La fin d’un mandat sans bilan ?

Le mandat du préfet Genest se termine dans quelques mois. Ne rien initier avant novembre, c’est laisser un vide politique sur un enjeu central. Pourtant, des solutions existent, des gestes simples mais porteurs : création d’une fiducie, plan d’investissement sur dix ans pour le logement, créer une réelle concertation entre municipalités sur la question, soutenir les entreprises pour qu’elles puissent offrir des logements à leurs employés ou favoriser des coopératives d’habitation pour contrer la spéculation immobilière, pour ne nommer que celles-là.

Le choix de l’avenir

Les Pays-d’en-Haut peuvent encore être un territoire où il fait bon vivre. Mais cela demande des choix courageux, du leadership politique et une mobilisation des forces vives. Les prochaines élections municipales seront l’occasion de demander des comptes et d’exiger un véritable leadership. L’habitation est un pilier d’avenir du développement économique et social pour notre territoire. Il est temps de suivre l’exemple de la MRC des Laurentides, de rassembler les acteurs locaux et de lancer des projets concrets. Pour que notre territoire reste vivant, abordable et accueillant, et pas seulement un décor de carte postale réservé aux plus fortunés.

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