Mairie de Saint-Sauveur : Jacques Gariépy ne briguera pas un 4e mandat
Après 12 ans à la mairie de Saint-Sauveur, Jacques Gariépy quittera son poste aux prochaines élections municipales en novembre, puisqu’il ne briguera pas un 4e mandat. Il en a fait l’annonce à ses conseillers municipaux lundi, 10 février.
« Ça va bientôt faire 12 ans que je suis maire. Je termine mon 3e mandat. C’est long. Si on prend la moyenne des maires, c’est entre un et deux mandats. Merci à la population de m’avoir élu et de m’avoir fait confiance toutes ces années. » Fier de ses réalisations comme maire, mais aussi pour des raisons personnelles, M. Gariépy souhaite maintenant passer le flambeau.
Attirer les familles
« Je m’étais fixé trois gros objectifs au début de mon mandat », indique le maire. Premièrement, le maire voulait baisser l’âge moyen à Saint-Sauveur. « Quand j’ai été élu, c’était le plus élevé au Québec. Et ce n’est pas parce qu’il y avait trop de personnes âgées : c’est parce qu’il n’y avait pas assez de jeunes familles. » Selon lui, il n’y avait pas d’offre de services pour les attirer.
M. Gariépy a donc travaillé beaucoup, avec les autres élus de la MRC des Pays-d’en-Haut, pour la construction d’un centre sportif à côté de l’école secondaire A.-N.-Morin. « Ici, on avait une subvention pour une piscine. Mais ça prenait plus. Il fallait que ça soit à côté de notre école, pour la revaloriser », soutient-il.
Le maire mentionne aussi la construction de la nouvelle école primaire. « Ça ne s’est pas fait par accident. C’est nous qui avons acheté un terrain. On a payé 2,7 M$. Je suis allé voir le CSSL et le ministre de l’Éducation, et je leur ai dit qu’on avait besoin d’une école dans la région. » En échange, la Ville de Saint- Sauveur devait reprendre l’école Marie-Rose pour en faire une maison d’organismes communautaires. Finalement, l’école restera en fonction, mais M. Gariépy garde espoir que, à moyen terme, « il y ait un déblocage quelconque ».
De plus, le maire parle du nouveau skatepark, « l’un des plus beaux au Québec », ainsi que des espaces verts. « C’est vrai qu’on n’a pas beaucoup de sentiers ici. Mais depuis les 12 dernières années, on a acquis près de 12 millions de pieds carrés d’espaces verts, un peu partout », dont au cap Molson, au mont Christie et près du lac des Becs-Scies. Même si certains s’impatientent d’y voir s’ouvrir des sentiers, M. Gariépy soutient que tout est en place pour le développement d’un réseau. « Avant, il y avait un demi employé là-dessus. Maintenant, ils sont cinq employés à temps plein », illustre-t-il.
Le maire croit aussi que la future salle de spectacle, qui sera construite par le Festival des arts de Saint-Sauveur (FASS), permettra aux enfants de s’initier à l’art. C’est d’ailleurs un projet qui lui tient à coeur. « Ça avance lentement, mais ça avance. On a signé un protocole d’entente avec le FASS pour le terrain », se réjouit-il.
Avec tout ça, le maire croit que Saint- Sauveur est maintenant « attractive » pour les jeunes familles. « La preuve : ça marche ! Entre 2010 et 2022, le nombre de naissance a augmenté de 25 %. C’est beaucoup ! »
Humaniser la ville
Deuxièmement, il souhaitait humaniser et donner une âme à son village. « On a nommé la scène dans le coeur du village en l’honneur de la famille McGarrigle. Il fallait la nommer, au nom de personnes qui sont passées dans le village et qui sont encore établies ici », donne-t-il en exemple.
Ensuite, le chemin du Mont-Saint-Sauveur a été renommé le chemin Louis-Dufour, après le décès de celui-ci. M. Dufour était président du conseil d’administration des Sommets. « Il a laissé sa trace. C’était très important pour moi. C’est un ami personnel », souligne M. Gariépy.
Enfin, la patinoire au parc Molson a été nommée en l’honneur de Ron Fournier. « Ça fait plus de 40 ans qu’il demeure à Saint- Sauveur. C’est un gars qui s’implique et qui est extrêmement généreux. C’est un bon ambassadeur : il parle de Saint-Sauveur constamment. »
Troisièmement, il souhaitait reconnecter avec les citoyens. Il a ainsi instauré les déjeuners du maire. « C’est très informel. Il n’y a pas de thème, pas de discours. On est les élus et le maire, et on reçoit les citoyens. » Cela permet d’écouter leurs préoccupations et leurs idées, à l’extérieur du cadre formel et parfois « intimidant » des séances du conseil municipal, soutient-il.
« Ça remet les choses en perspective »
M. Gariépy considère donc qu’il a atteint les objectifs qu’il s’était fixés lorsqu’il s’est lancé en politique municipale. Mais une autre raison l’amène à tirer sa révérence. « Ma femme, surtout les derniers trois ans, a eu des problèmes de santé très difficiles et très graves. Et c’est peut-être ça la raison première, honnêtement », confie le maire. « Ma femme a pris du mieux. Elle est à 75 %-80 % aujourd’hui. Mais ça remet les choses en perspective. Tes priorités changent, vraiment. Ça fait 53 ans qu’on est ensemble, ça va bien, et je veux que ça continue. C’est pour ça que je prends les moyens pour être là le plus longtemps possible », ajoute-t-il.
Cela dit, M. Gariépy ne s’arrêtera pas, assure- t-il. « Je ne me bercerai pas à longueur de journée. » Ainsi, il n’exclut toujours pas de se présenter à la préfecture des Paysd’en- Haut. « Ça serait un nouveau défi. Est-ce que ça prend autant d’heures [qu’être maire] ? La politique municipale, c’est un gouvernement de proximité, et on le voit aux assemblées du conseil. »
« Si j’y vais, mon but premier, ce sera que les gens sachent ce que c’est une MRC et ce que ça fait, et ce que c’est un préfet et ce qu’il fait. Là, les gens ne le savent pas », souligne M. Gariépy, qui ajoute qu’il ne ferait qu’un mandat de 4 ans. Le maire part prochainement en vacances, durant lesquelles il prendra une décision, indique-t-il.
Qui lui succédera ?
Si ses deux premiers mandats « ont vraiment bien été », son troisième était plus houleux, en raison d’un conseil municipal divisé où les consensus sont difficiles à trouver. « J’ai eu de la misère à faire passer tout ce que je voulais faire passer », admet le maire. « Mais il y en a beaucoup qui ont passé, quand même ! »
Pour l’avenir de sa ville, M. Gariépy avoue être « anxieux ». « Mais je crois en la démocratie. Et je suis convaincu que la population va élire un parti qui va bien gérer Saint- Sauveur. Je le souhaite ! Mais il faut que les gens aillent voter », dit-il, déplorant le faible taux de participation aux élections municipales.
A-t-il un successeur en tête ? « Non, je n’ai pas de nom. Il n’y a personne qui s’est manifesté. » C’est d’ailleurs pourquoi il souhaitait annoncer ses intentions : pour que ceux qui sont intéressés se sentent à l’aise de lever la main. Par exemple, la conseillère municipale Rosa Borreggine, qui fait partie de son équipe, « pourrait être vraiment un bon choix », croit M. Gariépy. « Je lui ai dit. […] C’est une leader silencieuse, mais s’il y a une personne qui aime et qui connait la ville, c’est Rosa. »