Marco Calliari engraisse une bibliothèque de quelques livres…
Par nathalie-deraspe
Les biblios de nos écoles crient famine!
Grâce à l’initiative d’une jeune élève de 11 ans, la bibliothèque de l’école alternative La Fourmilière prendra un peu de poids. Le spectacle-bénéfice que Karolane Robichaud a orchestré a rapporté 700 dollars dans les coffres de l’école, une somme qu’elle entend dédier à l’achat de volumes de références. Ailleurs, qu’en est-il de la situation?
À La Fourmilière, l’apprentissage par projets a été instauré bien avant l’entrée en vigueur de la réforme. Qu’il s’agisse de compostage, de vente de fleurs et de jeunes plants, de cuisine, ou de gestion de produits équitables, qui s’étale désormais à d’autres denrées que le café, les élèves doivent obligatoirement opter pour une initiative quelconque à l’école. Certains choisissent d’adhérer à un comité déjà en place, d’autres vont plutôt laisser libre cours à leur imagination. C’est le cas de Karolane Robichaud, une jeune fille dynamique qui passe autant de temps à faire des compétitions de sport qu’à dévorer des livres.
Cette première de classe a eu le coup de foudre pour le chanteur Marco Calliari et l’a par la suite suivi de spectacle en spectacle, si bien qu’elle a fini par connaître toute sa famille au grand complet. Devant la gentillesse de sa nouvelle idole, l’artiste a non seulement accepté d’offrir une performance gratuite au profit de l’école, mais a également pris le temps de parcourir les classes une à une avec sa guitare pour faire chanter les enfants. Son spectacle a permis d’amasser plus de 700$, une somme qui sera réservée à l’achat de livres de références. «Grâce aux bénévoles et aux parents, la bibliothèque est souvent ouverte et on reçoit beaucoup de dons», explique la responsable Véronique Lachance. Depuis trois ans, l’école a pu regarnir ses rayons de livres neufs, mais le rayon documentaire demeure sous-alimenté, admet-elle. Il n’empêche, l’école aura investi autour de 6 400$ dans ce poste de dépense cette année…
Autrefois aménagée dans un local exigu, la bibliothèque offre maintenant un espace raisonnable, d’autant plus que la plupart des classes ont aménagé des coins lecture qui recueillent pas loin d’une centaine de livres chacun. Construits au goût et humeurs des élèves, ces espaces inspirent d’ailleurs de plus en plus d’écoles d’ici et d’ailleurs.
20$ par enfant en livres
Grâce à un programme triennal, le gouvernement et les commissions scolaires ont investi 60 M$ dans le réseau des bibliothèques scolaires du Québec entre 2004 et 2007. À l’échelle régionale, cette somme représente 1 160 000$. L’État, aura donc versé 41,63$ par enfant de la maternelle au cinquième secondaire, pendant que les commissions scolaires en versaient la moitié, soit 20,82$. «Mais la commission scolaire de la Rivière-du-Nord a décidé d’investir elle aussi, précise le directeur-adjoint Marc St-Pierre. Sur 1000$ de livres achetés, l’école doit débourser 140$ de son budget de fonctionnement. Là où c’est problématique, c’est au niveau des techniciens en documentation et bibliothécaires, surtout au niveau primaire. Ils manquent à la tâche.»
Si la plupart des parents bénévoles s’acquittent bien de la gestion des livres, la situation devient plus complexe quand vient le temps de les choisir. «On n’achète pas des livres avec un panier d’épicerie», concède Marc St-Pierre, qui déplore que la commission scolaire n’a qu’une seule conseillère pédagogique pour aider à l’achat de volumes pour les 41 écoles qu’elle dessert. Heureusement, dit-il, on peut compter sur des gens comme Gilles Chaput, que les enfants appellent affectueusement «Monsieur Gilles». Ce bibliothécaire retraité est si dévoué à sa tache que la bibliothèque de l’école Sainte-Paule porte désormais son nom. «Pour le reste, il faudra attendre de voir ce que le budget 2007 nous réserve», de conclut M. St-Pierre.ƚ