Morin-Heights présente son nouveau plan
Des règlements d’urbanisme révisés entreront bientôt en vigueur à Morin-Heights. La dernière refonte remontait à 15 ans.
Le nouveau plan a été présenté mercredi dernier aux citoyens et aux citoyennes. Il s’organise autour de trois grandes orientations d’aménagement du territoire : habiter un milieu de vie de qualité, préserver le patrimoine collectif et revitaliser le noyau villageois.
Bien qu’elle soit suggérée, la révision d’un plan d’urbanisme n’est pas obligatoire au sens de la loi. Elle relève donc d’un choix politique qu’a décidé de faire la Municipalité. Le processus de réflexion a été entamé dès 2017 afin de conjuguer la nouvelle réalité de Morin-Heights à des règlements tournés vers l’avenir qui positionnent en priorité la qualité de vie et la protection de l’environnement.
Nouvelle réalité
Depuis 15 ans, Morin-Heights a vécu une expansion démographique significative qui s’accompagne de nouveau défis. Cette tendance s’est d’ailleurs accélérée ces dernières années, en raison de la pandémie.
« Le marché immobilier a vécu une effervescence inégalée, historique à Morin-Heights », indique le directeur général, Hugo Lépine. Cette nouvelle réalité a entraîné des inquiétudes et des discordances dans l’opinion publique : d’un côté, il y a ceux qui sont ouverts à du développement immobilier, et de l’autre, ceux qui souhaiteraient davantage de resserrement.
La pandémie est d’ailleurs venue « confirmer et consolider » ce qui était observé dans la Municipalité, et l’importance d’y ajuster les règlements d’urbanisme, raconte monsieur Lépine. Morin-Heights s’est donc lancée dans un défi de taille : trouver l’équilibre entre le développement immobilier et économique, et la protection de l’environnement et le maintien de la qualité de vie. Jusqu’à présent, l’accueil du nouveau plan d’urbanisme est positif et même enthousiaste. Jennifer Durand, directrice du Service de l’urbanisme et de l’environnement, et son collègue Hugo Lépine croient avoir trouvé un consensus fort intéressant.
Pousser les règlements à leur limite
Le nouveau plan d’urbanisme est axé d’abord sur la protection de l’environnement, des paysages naturels et des sommets de montagne, des priorités qui façonnent l’identité même de Morin-Heights, souligne Mme Durand. D’ailleurs, la Municipalité a reçu une quarantaine de mémoires concernant l’éventuelle refonte des règlements. Et qu’est-ce qui revenait constamment? Maintenir une qualité de vie, réduire la pollution lumineuse, protéger les sommets de montagne, les espaces verts ou les milieux hydriques, énumère la directrice du Service de l’urbanisme.
« On veut continuer d’être accueillant, mais sans trop faire de concessions sur la qualité de vie et sur les bases fondamentales de la municipalité, pour ne pas la dénaturer », explique Hugo Lépine. Jennifer Durand renchérit : « La municipalité s’agrandit. Il y a toujours moyen d’accueillir des projets de développement, mais à la hauteur de nos valeurs. »
Pour y parvenir, l’idée était de pousser les règlements à leur limite. Auparavant, les nouvelles rues devaient toujours être positionnées à au moins 60 mètres de tout lac ou cours d’eau. Le nouveau plan, par exemple, ajoute une nouvelle contrainte : ces rues doivent se situer à la même distance minimum de tous les milieux humides d’une superficie de 500 m2 ou plus. Morin-Heights possède actuellement 14 % de territoire préservé. La Municipalité vise 20 %. Et une fois cet objectif atteint, elle veut aller encore plus loin.
La contribution pour fins de parcs lors de la création de nouveaux lotissements est aussi passée de 8 à 10 %. « Notre but, dans les cas pertinents, est d’aller chercher les terrains requis pour nos sentiers, ou pour aménager un parc ou tout autre aménagement mettant en valeur la nature. Si le terrain n’est pas intéressant, on prend la contribution sous forme d’argent afin de mettre en valeur un autre site qui appartient à la Municipalité », explique la directrice du Service de l’urbanisme. Morin-Heights impose la contribution maximale permise par la loi.
Une loi désuète
L’entrée en vigueur prochaine du nouveau plan d’urbanisme permettra à la municipalité d’aborder l’avenir « avec beaucoup d’optimisme », soutient Hugo Lépine. Des pas importants ont aussi été réalisés en matière d’environnement. Mais reste que ces innovations ont dû être réalisées « à l’intérieur des marges de manœuvre législatives que le gouvernement nous donne », ajoute le directeur général. Elle est là la limite : le cadre législatif.
Si la Municipalité avait pu aller plus loin, l’aurait-elle fait? « Nous aurions abordé la possibilité, et pas seulement en environnement, mais en aménagement du territoire en général. Nous aurions accepté de nous donner encore davantage de marge de manœuvre pour coller plus à ce qu’on veut faire ici, à Morin Heights », affirme M. Lépine. Ce dernier souligne d’ailleurs que la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme est « vielle » de 40 ans. Malgré qu’elle ait été révisée à certains égards à travers le temps, elle demeure aujourd’hui désuète et mériterait une refonte plus moderne. « Je ne suis pas certain que le cadre légal actuel permette beaucoup d’innovations en matière d’urbanisme chez les villes », déplore-t-il.
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Échéancier
Une consultation publique aura lieu au Chalet Bellevue le 18 octobre prochain. L’adoption finale est prévue pour l’assemblée du 14 décembre. La Municipalité doit ensuite recevoir le certificat de conformité de la MRC des Pays-d’en- Haut pour que les nouveaux règlements puissent entrer en vigueur. Ceux-ci devraient l’être dès février 2023.