(Photo : Nordy - Sébastien Fleurant)
Le Camp Tamaracouta à Mille-Isles était le plus vieux camp de scout actif au Canada, avant sa fermeture.

On craint pour l’avenir du camp Tamaracouta

Par Marie-Catherine Goudreau

L’avenir de la réserve scoute Tamaracouta à Mille-Isles est incertain. Le terrain de 1 500 acres, voisin de la ville de Saint-Sauveur, a été mis en vente à l’automne dernier.

Le territoire est limitrophe au pôle de Volpi et Walker ainsi qu’au camp Kanawana à Saint-Sauveur. Ces terrains ont été cédés récemment aux municipalités de Mille-Isles et Saint-Sauveur. Des kilomètres de sentiers traversent ces secteurs, d’où l’importance de conserver la réserve Tamaracouta et de jumeler ces deux espaces naturels. Puis, cet espace forme un corridor écologique important pour la faune et la flore, qui se rend même à Sainte-Anne-des-Lacs. Actuellement, l’accès y est cependant interdit.

« Les sentiers de Tamaracouta, de Kanawana et des de Volpi sont tous intereliés depuis plus de 120 ans. Avec le don écologique des de Volpi, ça va permettre un accès à une section des sentiers, une fois mis en forme. De là l’intérêt de Mille-Isles d’acquérir d’une façon ou d’une autre le camp scout », explique le maire de Mille-Isles, Howard Sauvé.

Le secteur de la réserve Tamaracouta, de Volpi et de Kanawana. (Google Maps)

Historique

Le camp Tamaracouta était le plus vieux camp scout actif au Canada. Pour des raisons de sécurité, de traitement des eaux usées ainsi que financières, le camp a dû fermer ses portes en 2018. « Des travaux majeurs sont nécessaires pour que les installations soient conformes aux réglementations environnementales et continuent d’être viables et sécuritaires pour nos jeunes », explique par courriel Christopher Blais, directeur, stratégie des actifs, à Scout Canada.

Puis, en 2019, les scouts ont tenu une réunion publique pour expliquer à la population la situation du camp. « Ils devaient nous revenir au printemps avec les possibilités de plans d’affaires pour remettre le camp en marche », explique M. Sauvé. « Tout ça a été repoussé. »

De leur côté, Scout Canada explique avoir collaboré avec « des intervenants internes et externes pour trouver une solution durable à long terme ». Toutefois, l’investissement financier pour rouvrir le camp demeurait trop élevé, en raison de la baisse d’utilisation de la réserve. « Nous en avons donc conclu que Scouts Canada ne pouvait pas assurer la pérennité de la réserve en demeurant son seul propriétaire et exploitant », souligne M. Blais.

La Municipalité a également proposé au camp un bail de location sur 90 ans. « On prend tout pendant 90 ans. On met à jour les installations et on vous le remet par la suite », explique Howard Sauvé. Toutefois, le camp souhaitait plutôt un bail sur 20 ans. Cela n’était pas une avenue pour la Municipalité. « Après cela, c’est tombé entre deux chaises et on n’en a plus entendu parlé pendant six mois. »

Zones protégées du camp Tamaracouta

En 2020, le conseil municipal de Mille-Isles a adopté une résolution afin de citer « une partie de la réserve scoute Tamaracouta à titre de site patrimonial ». La Municipalité a donc reconnu les valeurs paysagère, architecturale, historique, sociale et d’usage de la réserve. Ainsi, les acheteurs potentiels devront proposer des projets à la Municipalité qui entreront dans le cadre des nouveaux règlements, qui protègent une partie du camp.

Par la résolution, le conseil souhaitait protéger certaines zones du camp. « Ça veut dire que toutes modifications que les propriétaires, que ce soit par Scout Canada ou un autre, veulent faire doivent passer par la Municipalité avant », explique M. Sauvé. La Municipalité n’aurait pas eu le moyen d’acheter le terrain, étant donné toutes les mises aux normes à faire.

Puis, le conseil a aussi revu le zonage du camp Tamaracouta. Ainsi, on ne permet pas de faire du développement d’habitations et de faire du camping avec services. « Plusieurs choses peuvent être faites, mais beaucoup peuvent ne pas être faites. Le côté nord, on souhaite le conserver pour le corridor écologique. Le côté sud avec tous les bâtiments, on aimerait que ce soit restauré. Il n’y a pas une cloche de verre sur le site parce que c’est cité, mais on ne peut pas les détruire. » Idéalement, la population aurait aussi un accès au lac, soutient M. Sauvé. Un promoteur ne pourra pas, par exemple, construire un complexe hôtelier.

La députée d’Argenteuil, Agnès Grondin, appuie d’ailleurs la conservation de ce milieu naturel. Elle a rencontré les personnes impliquées au mois de février. « La Municipalité a déjà travaillé beaucoup sur ce dossier. Elle a déjà utilisé des outils urbanistiques pour protéger ce territoire. La volonté politique est là pour s’assurer que ce territoire garde sa vocation plutôt naturelle, en préservant l’histoire, l’accès public », souligne-t-elle.

« De mon côté, c’est de s’assurer que tous les intervenants sont au courant de la valeur écologique de ce territoire. Il s’inscrit dans des corridors écologiques beaucoup plus grands. » – Agnès Grondin

Trouver le bon projet

À l’automne dernier, Colliers international est entré dans le dossier, indique M. Sauvé. Le site est à vendre, mais la Municipalité ne sait pas quels projets sont sur la table. Scout Canada a lancé une demande d’expressions d’intérêt pour le site. Il souhaite « explorer de nouvelles options créatives pour les installations de Tamaracouta ».

« Au fil de ce processus, nous avons cherché un partenaire qui partage notre vision et nos valeurs. On voudrait un partenaire ouvert à ce que nos membres continuent d’utiliser le camp. Nous n’écartons aucune option, comme un bail à long terme, un partenariat, une coentreprise, ou la vente du camp. Nous choisirons la solution qui présentera les meilleures occasions de programmation pour renforcer le scoutisme au pays », a mentionné M. Blais.

Le maire de Mille-Isles se dit « ouvert » aux projets, tant qu’ils rentrent dans la règlementation. « Ça pourrait être quelqu’un qui veut le garder à lui ou un regroupement de personnes qui souhaitent avoir accès à un beau lac et protéger l’environnement. […] On pourrait peut-être s’entendre avec le futur propriétaire pour qu’on aille un accès aux sentiers », soutient le maire de Mille-Isles.

« Les résidents sur le bord du lac sont très inquiets de ce qui va se passer là. Mais c’est privé, alors nous n’avons rien à dire et à voir là-dedans. Il faut attendre que quelqu’un nous arrive avec un projet et qu’on le regarde, pour émettre des permis », explique-t-il.

« Pour la suite des choses, on attend. Il s’agit de trouver le bon partenaire pour faire le mariage », indique M. Sauvé.


Pôle de Volpi Walker

Les sentiers de plein air qui parcourent les terrains cédés de la famille des de Volpi et Walker devraient être aménagés en 2023. Il s’agit d’un espace vert de plus de trois millions de pieds carrés. C’est la Municipalité de Mille-Isles qui a été mandatée pour gérer le dossier. Celui-ci sera présenté à Saint-Sauveur avant d’être amorcé. « On va faire l’analyse du dossier en premier lieu. Puis, les deux conseils vont se mettre d’accord sur les possibilités et sur les aménagements nécessaires », explique M. Sauvé. « Tout est sur la table en ce moment. »

4 commentaires

  1. On pourrait en faire un parc comme le parc de la rivière du nord. En faire un parc régional, la perennité en serait assuré, il y en a si peu. Faire appel à la MRC et non à un developpeur privé.

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