Ondes de choc sur les Laurentides

Par nathalie-deraspe

Un citoyen relance le débat sur les dangers des champs électromagnétiques

En juin dernier, Accès sonnait l’alarme sur les dangers reliés à la technologie du sans fil. Depuis, une lutte s’est enclenchée entre (DES) un citoyen de Terrebonne et la fabrique de l’église, qui a fait installer en catimini une antenne dans le clocher moyennant compensation. Des analyses démontrent que le cégep et l’Hôpital régional de Saint-Jérôme ont eu la même idée.
«Je ne me cherchais pas une cause, lance le professeur d’électricité François Therrien, elle m’est tombé dessus!». Sans le savoir, l’enseignant a partagé ses connaissances sur les champs électromagnétiques avec l’organiste de l’église St-Louis-de-France, dans le vieux Terrebonne. Celui-ci lui a dévoilé qu’une compagnie de téléphonie cellulaire avait installé une antenne dans le clocher. L’orgue étant dans le jubé, l’homme a tout vu de l’installation. Pourtant, ni la ville, ni la population, ni même la direction du collège Saint-Sacrement, qui accueille chaque année 1 400 élèves du secondaire à deux pas de là, n’étaient au courant de l’affaire. L’antenne relais de Rogers y trône depuis 2001, a finalement avoué une marguillière. Le comité de gestion de la fabrique aurait accepté de remplacer les cloches de l’église par une antenne cellulaire en échange de 10 000 $ par an. Celui-ci relève le cas du Cardinal Barbarin de Lyon, qui a déménagé son bureau à plus de 500 mètres des antennes après qu’il fut atteint de cancer. Deux de ses deux prédécesseurs en sont morts. D’après François Therrien, seul le lobby auprès des organisations gouvernementales retarde la reconnaissance légale des effets biologiques des micro-ondes.

Dans un rayon de 250 mètres de l’église, on dénombre 3 600 enfants répartis entre quatre écoles et une garderie, en plus d’une population d’environ 1 500 personnes, précise M. Therrien. Comme il habite à 100 mètres de là, l’enseignant et sa femme, Monique Grenon, ont lancé un comité visant à informer le public et exige un règlement visant à interdire toute antenne à moins de 300 mètres des établissements scolaires dans sa localité. Mais les appuis risquent de se faire rares. En mars dernier, la Ville a loué un espace dans un parc qui abrite un stade de baseball pour y camoufler une antenne dans un lampadaire et le président de Rogers Terrebonne Yves St-Denis, a la mainmise sur les décisions du conseil de la Commission scolaire des Affluents (en plus d’y être président, il a fait élire 14 commissaires). L’école secondaire Félix-Leclerc aurait d’ailleurs une antenne sur le toit.

Comme des champignons

L’Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS) affirme que «l’intensité des signaux de tous les dispositifs sans fil est bien inférieure aux maximums fixés par Santé Canada et par les services gouvernementaux étrangers responsables.» Pourtant, plusieurs s’expliquent mal les vastes écarts observés entre les normes canadiennes et européennes. À titre d’ex-emple, la Suisse suggère des limites de 40,000 W/m2 tandis que le Canada en tolère 5,800,000 W/m2 (source: M21 siècle hiver 2008 p27 ). Entre 2000 et 2002, plusieurs cas de cancers ont été recensés au cégep André-Laurendeau.

Après études, les champs électromagnétiques étaient pointés du doigt. L’affaire a été étouffée après une bataille d’experts et des conclusions nébuleuses d’un épidémiologiste, mais le contrat avec la compagnie de télécommunications n’a pas été renouvelé. Le syndicat entend toutefois repartir en guerre. Le nouveau directeur général de l’endroit compte installer le wi-fi.

Mercredi, le technicien en hygiène électromagnétique Stéphane Belainsky (www. em3e.com), est retourné aux abords du cégep pour prendre de nouvelles lectures. Le toit de l’établissement renvoie des ondes qui se font ressentir jusque dans le parc Labelle, à plusieurs centaines de mètres de là. Les niveaux mesurés sont de 2440 W/m2 dans le parc et 7500 W/m2 autour de la résidence étudiante. Le toit de l’hôpital ne fait pas exception; les analyses démontrent en effet que des niveaux allant jusqu’à 8100 W/m2 ont étés prisent autour du centre hospitalier.
«La technologie est néfaste, soutient Fran-çois Therrien. Et si les compagnies nous obligent à recenser tous les cas de leucémies autour de l’église, on va le faire. On est prêt à engager un recours collectif s’il le faut. Si je ne suis pas capable de faire sauter les antennes dans le coin, je me demande bien comment je serai capable de vivre avec. Une fois qu’on sait à quel point c’est nocif, on ne peut plus se fermer les yeux.»

Selon l’ACTS, le Canada compterait plus de 20 millions d’usagers de téléphonie sans fil. Avec l’arrivée de Vidéotron et la mise aux enchères de nouvelles fréquences du CRTC, le nombre d’antennes risque d’augmenter massivement au cours des prochaines années. Aucune étude d’impact approfondies n’ont eu lieu avant la mise en marché de ces appareils. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande 2,500 à 10,000 W/m2 (micro watts par mètres carré) d’exposition maximale. Le rapport de Bioinitiatve parue en 2007 est le plus grand travail de recherche indépendant sur le sujet (www. bioinitiative.org) et recommande ur-gemment des limites d’exposition extérieure qui soient inférieure à 1000 W/m2.

Le «syndrome du micro-ondes» serait caractérisé par des troubles tels que fatigue, perte de mémoire, migraines, impuissance, tension artérielle, symptômes cutanés, dépression voire même cancers (bris de l’ADN). Les dangers apparents à cette technologie seraient d’autant plus sérieux dans notre secteur. En effet, les antennes relais étant plus éloignées les unes des autres, les téléphones doivent émettre davantage avant de capter le signal. Aux États-Unis, les cas d’autisme seraient passés de 8 200 cas en 1992 pour atteindre près de 150 000 en 2003. Durant la même période, la vente d’appareils cellulaires passait de 15 à 140 millions.

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