Parc de la Rivière Doncaster : La Chambre de commerce met la Ville en demeure
Avec des informations d’Alexane Taillon-Thiffeault
La Chambre de commerce et de tourisme de Sainte-Adèle (CCTSA) a envoyé une mise en demeure à la Ville de Sainte-Adèle, afin de récupérer la gestion du Parc de la Rivière Doncaster ou de recevoir une compensation financière. Par ailleurs, deux membres du conseil d’administration (CA) de la CCTSA ont démissionné récemment.
Rappelons que la Ville n’a pas renouvelé le contrat de gestion du Parc de la Rivière Doncaster qui arrivait à échéance en décembre dernier. La Ville en a confié la gestion par intérim à Plein air Sainte-Adèle (PASA), avec l’objectif d’en assumer la gestion elle-même à terme.
Malgré nos demandes répétées ces deux dernières semaines, la directrice générale de la CCTSA, Sonya Ethier, et son président, Éric Marin, refusent toujours de commenter la situation publiquement.
« Je trouve ça très dangereux ce qu’ils font »
La mairesse de Sainte-Adèle, Michèle Lalonde, nous confirme avoir bien reçu la mise en demeure. « On a répondu qu’on trouvait qu’il n’y a rien qui tient la route là-dedans », se limite-t-elle à commenter, comme le dossier pourrait devenir judiciarisé.
Rappelons que la Ville de Sainte-Adèle verse 200 000 $ par année à la CCTSA, plus 25 000 $ pour l’organisation de l’Oktobierfest. « On n’a rien contre la Chambre de commerce. Mais ce sont eux qui entrent en guerre. Je trouve ça très dangereux ce qu’ils font. On leur donne de l’argent et ils nous mettent en demeure. Ils vont nous poursuivre avec quel argent ? Celui qu’on leur donne ? », dénonce Mme Lalonde.
La mairesse rappelle que son conseil municipal avait même accepté de garantir ce financement annuel de 200 000 $ à la CCTSA. « Chaque année, ils devaient en faire la demande. Ils nous ont demandé si c’était possible, pour les sécuriser, d’avoir une résolution pour l’ensemble des années [de notre mandat]. On l’a fait. […] On est le seul conseil qui a fait ça. »
« On est prêts à travailler avec [la CCTSA], mais c’est eux qui sont en train de briser tous les liens. Donc on va y aller de façon rationnelle et essayer d’être équitables », soutient Mme Lalonde.
Deux démissions
Dans les derniers jours, Emmanuelle Landry et Benoit Simard ont également démissionné de leur siège sur le CA de la CCTSA. « Je n’avais pas la même vision que la direction en place. C’est pour signifier mon désaccord avec la gestion de différents dossiers. […] Clairement, on n’est pas d’accord sur la façon de gérer les prochains défis qui s’en viennent avec la Ville. Et je ne voulais pas cautionner des choses qui s’en venaient, et même qui ont été faites dans le passé. Je leur souhaite du succès, mais ce sera sans moi », indique Benoit Simard en entrevue.
Le co-propriétaire d’Espresso Sports s’est impliqué sur le CA lorsque la CCTSA venait d’avoir la gestion du Parc du Mont Loup, il y a deux ans et demi. « C’est un projet pour lequel je me suis engagé et j’ai mobilisé des gens. Parce que j’y crois, même si je ne suis pas citoyen de Sainte-Adèle. » Celui-ci souhaitait partager son expérience dans la plein air.
Mais « au fil du temps, j’ai été déçu », admet-il. « Je n’ai pas eu l’impression que j’ai pu donner tout ce que j’avais à donner. Et ç’a peut-être à voir avec la façon de gérer les parcs. »
À son avis, les parcs de Sainte-Adèle ont « tellement un grand potentiel » pour « représenter la ville dans la province ». « Je crois que, oui, ça prend un organisme dédié à ça. Il faut qu’il y ait beaucoup de ressources mises de ce côté-là. Développer des sentiers, ça coûte très cher, sans compter leur entretien. Ça ne peut pas être un projet parmi tes nombreux projets : ça mérite une structure qui va s’en occuper, pour le bénéfice de tout Sainte-Adèle. »
La directrice générale et le président de la CCTSA ont refusé de discuter de ce dossier avec le journal Accès. Que pense M. Simard de ce refus ? « S’ils refusent de parler avec les médias, de vous donner l’heure juste, ça laisse présager qu’ils ne sont pas à l’aise avec quelque chose. Si je prends une décision, et que je crois que c’est la bonne, je ne serais pas gêner d’en parler avec vous », illustre-t-il. Il soutient aussi que le développement du plein air nécessite de la transparence et « la coopération de tous les acteurs là-dedans ».
Régionaliser les sentiers
À terme, ce sera la Ville qui gérera le parc, souligne Mme Lalonde. « PASA n’ont pas eu la gestion : ils font la transition pour nous. Il n’y a pas de montant d’argent accolé à ça. Ils font ça bénévolement. »
La Ville a repris la gestion pour que celle-ci soit en accord avec ses orientations et sa vision d’avenir. « Le parc appartient aux citoyens. On estime que c’est nous qui devons le gérer. » Mme Lalonde siège sur le CA de la Société de plein air des Pays-d’en-Haut (SOPAIR), rappelle-t-elle. Plusieurs projets sont en cours pour pérenniser, régionaliser et connecter les réseaux de sentiers des villes entre eux, explique-t-elle. « Peut-être qu’éventuellement, on pourrait avoir une passe commune pour toute la région », avance-t-elle.
D’ailleurs, seulement 40 % des profits générés par la gestion des parcs par la CCTSA étaient réinvestis dans les parcs et leur amélioration. « On a eu des mésententes sur ce qui était des investissements ou des opérations. Les autres 60 % étaient réinvestis dans des événement, des promotions comme les dollars adélois, et dans la communauté d’affaires. C’était dans l’entente », indique Mme Lalonde, qui était présidente de la CCTSA avant de se lancer en politique.
« À l’époque, quand ç’a été déterminé, il y avait une fragilité de la Chambre de commerce. Elle était en croissance, comme la ville aussi. La Ville a voulu leur donner une forme de latitude. Mais je pense qu’aujourd’hui, 100 % de ce qui est fait dans les parcs doit être réinvesti dans les parcs », souligne la mairesse.