Parc des falaises : des propriétaires terriens sonnent le glas

Par nathalie-deraspe

Vendredi soir dernier, un regroupement de propriétaires piedmontais a convoqué les membres du Comité régional pour la protection du parc des falaises (CRPF) afin d’être informés de leurs intentions. Les leurs sont claires. Pas question de se départir de leurs terres.

«Après cinq 5 ans et demi d’activité, ils ne nous avaient pas encore rencontré, clame l’ex-conseiller municipal Jean Guimond. Le seul contact qu’on a eu c’est une lettre au mois de décembre.»

L’été dernier, ce septuagénaire est parti en croisade afin d’alerter ses voisins à propos du projet qui leur pend au bout du nez. La moitié d’entre eux n’en avaient jamais entendu parler. Avec les terres du Boy’s Farm (ERS), la dizaine de propriétaires concernés détient plus de la moitié des 16 kilomètres carrés que prévoient le futur parc. Plus de 80 % des 400 acres du docteur Guimond y sont inclus. «J’ai acheté ces lots un par un par amour de la terre et je les défend jalousement. Tout ce que je pouvais acheter, je l’achetais. J’ai un plan de gestion depuis 20 ans. Je m’occupe de la faune. Ils disent qu’on a bien géré le territoire jusqu’à maintenant, bien on va continuer à le faire!»

Trois heures de discussion

Selon les dires, la réunion, par moments houleuse, a laissé filtrer toute l’indignation des propriétaires piedmontais. Ceux-ci sont outrés de ne pas avoir été informé antérieurement de ce vaste projet qui met en cause leur propriété privée. Le président du CRPF, Claude Bourque, était accompagné de sa vice-présidente, Jocelyne Lavoie et de Jean-Emmanuel Arsenault, de Conservation de la Nature. Dans son bulletin informatif datant de l’automne, l’organisme rappelle l’achat d’une petite propriété qui couvre 30 acres (la ferme Dagenais), de la portion est des falaises. L’acquisition s’est faite en collaboration avec la Ville et la Fondation Hydro-Québec.
«C’est drôle de voir que 9 des 11 membres du conseil d’administration du CRPF sont de Prévost, siffle Jean Guimond. Pourtant, si on regarde ce qu’ils veulent comme parc, on se rend compte que seulement 10 % du territoire est dans cette ville. Le reste est partagé entre Piedmont (50%) et Saint-Hippolyte (40%).»

Parmi les propriétaires présents figuraient trois générations de Dubreuil, la famille King, qui a célébré ses 90 ans de présence à Prévost l’été dernier, ainsi que Shawn Renahan, venue expressément de Toronto pour protéger le lieu de sa future retraite.
«Moi je suis venu m’installer dans le coin parce que je suis un amoureux de la nature, confie Stéphane Leduc. Des propriétaires ont eu des installations vandalisées à plusieurs reprises. Les gens laissent des déchets, font des feux. Je ne suis pas vraiment à l’aise avec ça. C’est chez nous après tout!»

Mea culpa

Claude Bourque a affirmé mardi qu’il préférait consulter son conseil d’administration avant de commenter la situation. Dans un communiqué diffusé deux jours plus tard, le CRPF admet que la notion de « PARC » a créé de la confusion chez les propriétaires et qu’une telle rencontre d’information et d’échange avec les propriétaires terriens de Piedmont aurait dû avoir lieu dès le début des actions de sensibilisation entreprises par l’organisme. Jean-Emmanuel Arsenault a déclaré en entrevue téléphonique que dans un bon scénario, le CRPF aurait dû commencer par consulter les propriétaires. «La soirée était un peu comme un règlement de comptes. Mais c’est normal après 5 ans d’accumulation de frustrations. Selon moi, c’est le manque de transparence qui les a le plus affecté. Maintenant, on va attendre de voir ce que le CRPF va faire. On veut être certains qu’ils rétablissent les ponts avec les propriétaires avant d’agir.»

En juillet 2006, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) s’était montré favorable à évaluer le secteur en vue d’une éventuelle application de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel et promettait des consultations auprès des propriétaires et des intervenants locaux sitôt l’étude du territoire terminée.

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