Parc Dufresne: Val-David veut un bill privé
Par nathalie-deraspe
Lundi matin, le maire Pierre Lapointe annonçait aux médias locaux son intention de recourir à une loi privée l’autorisant à céder le parc Dufresne à une fiducie d’utilité sociale. Cette éventualité avait déjà été annoncée en primeur lors de la dernière assemblée du conseil de Ville par le président de la Société du parc Dufresne, Paul Laperrière.
Comme à son accoutumée, le maire y est allé d’un long préambule avant de plonger dans le vif du propos. Pierre Lapointe a admis que le parc Dufresne a été acquis à «prix fort». Celui-ci a toutefois prétendu qu’au cours des dernières années, la collectivité de Val-David s’est enrichie au point d’être «aisément capable de se le payer». La municipalité évalue son coût à 6 cents du 100$ d’évaluation. Considérant la valeur moyenne des résidences du village à 165 000$, la facture annuelle du parc tourne autour de 79$ par foyer, illustre le maire. À cela s’ajoutent les frais exigés lors de visites éventuelles dudit parc.
«Les entrées équivalent les dépenses. Bon an mal an, les frais d’ouverture s’élèvent à 100 000$», affirme Pierre Lapointe, tout en laissant sous-entendre qu’il pourrait en coûter davantage dans les années à venir, compte tenu des exigences de plus en plus relevées en matières d’infrastructures de plein air. L’élu a ajouté qu’il espérait une croissance dans le parc. Le plan directeur fait d’ailleurs état de plusieurs activités développables dont le via ferrata, plus communément appelé «arbre en arbre», et le parapente.
Une fiducie à tout prix
Pierre Lapointe a réaffirmé que le plan directeur conjoint Val-David/Val-Morin mettait de l’avant la conservation du territoire et de plein air. Le maire a indiqué que la fiducie était le moyen le plus simple d’y parvenir. Puis, celui-ci s’est ravisé en confiant que cette voie demeurait la plus sûre. «Là où le bât blesse, lance Pierre Lapointe, c’est qu’on donne à une entité un bien qui appartient à une collectivité. Mais on va faire comme Tremblant. La firme Dufresne Hébert Comeau inc. nous appuie dans nos démarches.» (ce cabinet affirme se consacrer exclusivement à la défense des intérêts des municipalités).
Le plan directeur déposé en mars 2007 indique que «Val-David et Val-Morin devraient adopter une résolution pour recommander à la MRC des Laurentides un organisme à but non lucratif pour gérer de façon intérimaire le nouveau territoire et ce, jusqu’à la création d’une régie intermunicipale ou d’une fiducie foncière.» Il n’a donc jamais été question de fiducie d’utilité sociale.
Par ailleurs, les lettres patentes de l’organisme à but non lucratif créé par Val-Morin recopient mot à mot la mission du parc inscrite au plan.
La semaine dernière, Paul Laperrière affirmait en assemblée du conseil que Val-Morin avait amputé de 75% sa portion de parc. «Sur 19 terrains en leur possession, il leur en reste 5. Ils ont choisi les développeurs et font des projets tape-à-l’œil pour nous allécher. Ils veulent carte blanche pour venir chez nous.»
Le maire Jacques Brien a sursauté face à ces accusations. «C’est totalement faux, s’est-il exclamé. Depuis 2005, aucun terrain n’a été vendu. Au contraire, dit le maire de Val-Morin, on en a acquis cinq nouveaux!»
Le directeur-adjoint de la municipalité, Daniel Dufour, précise qu’une résolution de juillet 2008 indique l’achat de cinq emplacements privés à être intégrés au parc. Plus de 100 acres viendront s’ajouter au cours des prochains mois à ceux acquis précédemment. Il s’agit de terres ceinturant le parc et appartenant en partie à l’homme d’affaires David P. Smith.
Au-delà de cette campagne de salissage, Val-David aura fort à faire pour convaincre le député Claude Cousineau d’accepter de déposer un projet de loi privé à l’intention de la municipalité. Rappelons que le quart de la population exige un moratoire sur la question. Il faudrait également passer outre l’avis légal de Me Sansfaçon. Si toutefois la municipalité venait à obtenir gain de cause, il lui faudra patienter jusqu’à l’automne avant que le projet ne soit discuté devant les parlementaires. Mais le calendrier électoral risque de retarder tout le processus.