Pierre Bourgeois reçoit un hommage dithyrambique
Par nathalie-deraspe
Mardi dernier, les employés du service de police de la ville de Saint-Jérôme ont tracé le bilan des 11 années passées en compagnie de leur directeur Pierre Bourgeois, en lui rendant un hommage digne des plus grands.
Entré en fonction en plein conflit de travail, Pierre Bourgeois s’était fait aviser qu’il ne ferait pas 6 mois au sein du service de police. Ses agents étaient les premiers de la province à pavaner en jeans et à écrire leurs rapports en rouge. Ce type de moyen de pression démontrait bien à quel point le climat était tendu à l’intérieur du poste. «C’était une période où on venait faire notre temps», a illustré le capitaine de gendarmerie François Brisebois, en début d’hommage. Mais dès la première rencontre avec son nouveau directeur, le policier saisit qu’un compromis pouvait s’en dégager. Il faut dire que Pierre Bourgeois est aux antipodes de l’image qu’on se fait du policier habituel. Considéré comme un faiseur d’arc-en- ciel, cet artiste (il chante à ses heures et a participé à plusieurs pièces de théâtre en tant qu’acteur) tenait un discours particulier. «Mettez votre touche de couleur», disait-il. Tour à tour, les policiers ont souligné combien leur directeur les a poussés à exceller dans leur profession. Le sentiment de fierté d’appartenir au poste de police de Saint-Jérôme est aujourd’hui à son comble et pour cause.
De grandes réalisations
En plus d’avoir réussi à mettre fin aux guerres internes, Pierre Bourgeois a signé les contrats de travail avec ses employés «en cliquant des doigts». L’année suivant son arrivée, le chef de police a développé des missions de paix à l’étranger. Vingt-six policiers y ont participé depuis 2004, ce qui a donné au poste une image positive non seulement au pays, mais partout à l’étranger. En 2007, Pierre Bourgeois s’est lui-même rendu à Haïti pour mesurer l’ampleur de la tâche de ses policiers. En 1993, il met «une couleur féminine dans une gang de machos», lance-t-il. Caroline Bernard est nommée responsable des enquêtes. Le nombre de policières s’est d’ailleurs multiplié par 5 depuis l’entrée en poste de M. Bourgeois. Celui-ci est également à l’origine de la construction d’un nouveau poste de police. Les nouvelles installations ont permis d’augmenter sensiblement la rapidité du traitement de l’information grâce à l’arrivée de technologies de pointe. En suivant des formations pointues, les agents ont maximisé leur approche. Au fil des ans, le poste de Saint-Jérôme est passé du 17e au 4e rang, au niveau de la performance. «Je me souviendrai toujours quand je suis arrivé, confie Pierre Bourgeois. C’était le lundi matin 2 février 1998. Il y avait 78 griefs sur mon bureau. Il y en avait tellement, que je ne savais plus où m’asseoir. La première chose que je disais, c’était: vous allez mettre votre couleur dans votre sphère d’activité. Il y avait du scepticisme. On sortait d’une période noire. J’ai créé un arc-en-ciel.» Pour Pierre Bourgeois, la police ne peut être autre chose que communautaire. À l’aube de sa retraite, le policier s’inquiète de l’augmentation de la pauvreté et de l’itinérance, qui s’installe dans les rues de la ville, un défi social important pour Saint-Jérôme. «Présentement, il y a des gens qui ont de grandes difficultés. Ils ont besoin des policiers non pas pour traiter leur dossier, mais pour traiter ce qu’ils sont. Comment s’assurer que l’incivilité ne prendra pas le dessus?, questionne-t-il. Après tout, la police, c’est le dernier rempart de la démocratie.» Pierre Bourgeois quittera ses fonctions à la fin du mois. Daniel Desjardins, responsable du bureau des enquêtes, quitte également ces jours-ci.
Ordina-Coeur
Quand le fils du policier Benoît Delorme a été diagnostiqué d’un cancer, celui-ci s’est rendu compte à quel point les hôpitaux de la province étaient démunis en fait de passe-temps pour leurs jeunes patients. Il décide de lancer un appel à tous les policiers pour faire une collecte de fonds et remédier à la situation. En un temps record, l’argent afflue au poste de police, au point tel que la création d’un organisme de bienfaisance devient nécessaire. Là encore, Pierre Bourgeois donne son plein appui. Il accompagne les policiers dans les tournées des hôpitaux pour fournir jeux et des ordinateurs aux enfants malades. «Tu m’as permis de grandir, lance-t-il à l’endroit de Benoît Delorme. Dans la souffrance des gens mais aussi dans la bonté. Un jour à Sainte-Justine, raconte-t-il la gorge nouée d’émotion, une petite fille de 3 ou 4 ans me dit: «Vous et vos policiers, vous arrêtez des gros bandits et des gars pas gentils, hein? Comme police, pourriez-vous arrêter le mal qui est dans mon corps?» Début décembre, les responsables d’Ordina-Cœur ont annoncé qu’ils avaient amassé leur premier million de dollars de dons.