Plus que des repas…

Par Martine Laval

La cuisine collective

«Pas besoin d’être défavorisé pour venir ici. Il y a des personnes à l’aise qui viennent donner de leur temps, qui ont envie de partager. On est une belle gang. C’est agréable de connaître ses voisins, de partager, d’être solidaire d’une même cause. C’est comme une grande famille qui cuisine ensemble» raconte Marie, bénévole depuis cinq ans, brisant ainsi quelques préjugés bien ancrés. En effet, la cuisine collective ne s’adresse pas uniquement aux gens dans le besoin. Bien que pour se procurer de la soupe, cinq repas, une salade de fruits frais et un dessert, il n’en coûte que 12$, bien d’autres raisons sont énumérées pour venir mettre la main à la pâte une ou plusieurs fois par semaine.

«Je n’ai pas tant besoin des repas que besoin de partager, confie Micheline  »Mimi Soleil », 72 ans. J’ai toujours travaillé dans le monde de la cuisine. J’ai eu un restaurant dans le Nord. Après le décès de mon mari, j’avais besoin de me sentir utile. Aujourd’hui, une dame ne pouvait pas venir, donc je vais prendre des plats pour elle et les lui apporter.»

Ça commence à cuisiner de bonne heure à La cuisine collective. À 11h, un monsieur arrive. Son rôle: laver la vaisselle, les casseroles, les gros morceaux. Il vient exprès pour ça. Et puis il y a Maxime, un jeune qui doit faire 15 heures de bénévolat dans le cadre de son programme scolaire, mais il aime ça, donc il en fait plus,

il continue. C’est le mélange des générations.

Pour Diane, 68 ans, c’est la première journée. Quelqu’un l’a référée. «Ça me fait sortir de la maison. J’aime cuisiner mais comme je vis seule, je cuisine moins. En venant ici, ça me fait changer d’air. Je vais manger autre chose que des sandwichs et des céréales.»

Il y a plusieurs cuisines collectives dans une semaine et le nombre de portions varie selon le nombre d’inscriptions. Le maximum est toutefois de 24 portions. Le choix est varié. Il y a toujours une soupe, du poisson, du porc, du bœuf, du poulet, un plat végétarien, les accompagnements – légumes, riz, pâtes – une

salade de fruits et un dessert.

«C’est sûr que dépendant des saisons, on a plus ou moins de produits frais. À l’automne, le temps des récoltes, les fruits et légumes abondent. Un peu plus tard dans l’hiver, on a parfois pas grand-chose, ça manque de diversité», explique Marie-Claude, coordonnatrice de l’équipe qui gère les denrées, planifie les menus, complète les achats avec les cotisations.

«Ce qui est agréable, c’est qu’on partage nos connaissances. On apprend à bien gérer notre marchandise, à ne pas gaspiller, à faire bon usage de ce qu’on reçoit. À midi, on mange tous ensemble autour de la même table. Puis vient le moment du partage des mets cuisinés. Ensuite on range et on nettoie. La semaine suivante, on discute de ce qu’on a mangé, ce qu’on en a pensé, on critique pour s’améliorer, on complimente pour répéter, on échange sur le menu. C’est un beau partage. On reçoit donc on redonne. C’est ça le principe de la vie», raconteront les unes et les autres.

Quant à La Soupe populaire, elle a lieu trois fois par semaine entre 11h30 et 12h45. N’importe qui peut venir manger. Là aussi, ce sont des cuisinières bénévoles qui préparent les repas. «Ça coûte seulement 3$ pour un repas. Ça coûte moins cher quand on se donne la peine de cuisiner, comparé au restaurant. Il y a toutes sortes de personnes qui viennent à la Soupe populaire: des étudiants, des personnes âgées, des gens qui travaillent, des personnes seules. Il n’y a pas de honte

à venir manger ici. C’est très bon, c’est varié.»

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