(Photo : Michael Runtz)
Le loup de l'Est est une espèce en situation précaire dans les Laurentides.

Protéger nos milieux naturels pour la biodiversité

Par Marie-Catherine Goudreau

Il y a plus d’espèces menacées au Canada depuis 2015. La situation de la biodiversité se dégrade alors que plusieurs d’entre elles sont passées du statut « vulnérable » à « menacé ». La sauvegarde des habitats des espèces menacées et de la biodiversité passe d’abord par la création d’aires protégées.

D’après un rapport publié tous les cinq ans, Espèces sauvages 2020 : la situation générale des espèces au Canada, 2 253 espèces sont possiblement en péril au pays. Dans les Laurentides, 55 espèces végétales et 41 espèces fauniques sont en situation précaire. On compte notamment la chauve-souris, le loup de l’est, le faucon pèlerin et la couleuvre, pour n’en nommer que quelques-uns.

Marie-Lyne Després-Einspenner est directrice générale d’Éco-corridors laurentiens. L’organisme se spécialise dans la conservation des milieux naturels dans les Laurentides. Elle constate un déséquilibre entre les efforts faits pour lutter contre les changements climatiques et ceux faits pour préserver la biodiversité. Pourtant, les deux sont liés, dit-elle. La protection de la biodiversité est une des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique.

« Il y a beaucoup d’accent qui a été mis sur la crise climatique – avec raisons. Mais la biodiversité est tout aussi importante, sinon plus, parce qu’on en dépend pour survivre. Ce sont nos ressources, notre eau, nos pollinisateurs, notre nourriture, la vie ! On en fait partie. Si on veut continuer à vivre sur la Terre, il faut s’assurer du maintien de la biodiversité », souligne-t-elle.

Lorsqu’une espèce a un statut « vulnérable » ou « menacé » reconnu par le gouvernement, comme le loup de l’Est, cela permet de mettre plus de mesures en place pour protéger cette espèce. « Ça peut venir favoriser la recherche de solution », souligne Mme Després-Einspenner.

La protection des habitats

La perte et la fragmentation de l’habitat représentent les plus grandes menaces pour la biodiversité, explique Mme Després-Einspenner. Certaines espèces ont besoin d’être loin des humains. La construction de routes ou de développements immobiliers, par exemple, peut scinder l’habitat d’une espèce et lui nuire.

Il existe plusieurs manières de préserver les habitats, dont la protection des milieux naturels, les pratiques agricoles ou forestières durables ou la restauration des milieux dégradés.

Cette année, l’objectif de la Conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité est de définir un cadre mondial pour la protection de la biodiversité. On vise à protéger 30 % du territoire terrestre et marin de la planète. « C’est vraiment le minimum selon la science. Le 70 % restant doit être au moins géré de manière durable », soutient la directrice générale.

Parallèlement, le gouvernement du Québec a annoncé le « Plan Nature », une aide de 650 M$ pour faire face au déclin de la biodiversité sur son territoire. Avec ce plan, on souhaite protéger plus de territoires privés et publics, pour ainsi atteindre l’objectif de 30 %. Actuellement au Québec, 17 % du territoire est protégé. Du côté des Laurentides, la superficie du territoire protégé correspond à 8,9 %.

Les vieilles forêts, les forêts d’intérieur et les milieux humides sont des milieux riches en biodiversité qu’il faut protéger, souligne-t-elle.

Des territoires « oubliés »

Plusieurs organismes de conservation au Québec revendiquent que des territoires obtiennent le statut d’aire protégée. Il existe d’ailleurs un site web qui présente des « territoires oubliés » par le gouvernement du Québec.

Il s’agit de « territoires d’intérêt qui bénéficient d’une forte acceptabilité sociale puisqu’ils avaient été identifiés par les acteurs régionaux au début de la précédente décennie », mentionne-t-on sur le site de la Société pour les parcs et la nature (SNAP), section Québec. On retrouve par exemple le territoire du mont Ouareau dans Lanaudière, porté par la Coalition ECKO. Le mont Kaaikop y était également, alors qu’on apprenait la semaine dernière que le territoire à Sainte-Lucie-des-Laurentides sera protégé.

« Le gouvernement a tout en sa possession pour désigner des aires protégées », soutient Mme Després-Einspenner. Les citoyens peuvent même faire appel à des organismes de conservation pour protéger leur terrain.

La demande est toutefois si forte actuellement, qu’Éco-corridors laurentiens n’arrive pas à répondre à tous. Bien qu’il existe plusieurs organismes pour la conservation des milieux naturels dans les Laurentides, seulement deux sont régionaux, soit Éco-corridors laurentiens et Conservation de la nature Canada.

« On encourage les groupes de citoyens à nous contacter. Puis, on pourra les aider à devenir eux-mêmes des organismes de conservation. Après, ils pourront travailler avec les propriétaires afin de protéger légalement les terrains », explique la directrice générale.


La COP15 dans les Laurentides

En janvier, le Collectif COP15 organise la COP15 en région. « On amène tout ce qui a été discuté à la COP auprès des élus des Laurentides. On va réfléchir à comment on pourrait atteindre ce 30 % d’aires protégées dans notre région. La plupart des négociations et des évènements se passent à Montréal, mais on aimerait que les régions participent aussi », explique Mme Després-Einspenner.

Date :  30 janvier 2023 de 13 h à 17 h

Lieu : Hôtel Mont-Gabriel, 1699 Ch du Mont-Gabriel, Sainte-Adèle, QC J8B 1A5

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