Quand tout va mal
Par Mimi Legault
Ce matin-là, mon réveil-matin n’a pas sonné. C’était foutu pour mon rendez-vous! Il n’y avait plus de lait pour mes céréales et en voulant faire trop rapidement sur mon iPad, j’ai pesé sur le mauvais bouton. J’ai perdu mon texte. Lorsque j’ai aperçu minou revenir de sa promenade matinale avec une odeur de mouffette dans le poil, je me suis mise à rire pour ne pas pleurer.
C’était une journée « caca d’oie » et il aurait mieux valu que je retourne me coucher. Mais bon, je vous ai déjà confié être tombée dans la marmite positive de mon père, cet irréductible optimiste pour qui aucun problème ne venait à bout de sa patience.
Un jour, nous suivions une auto conduite par un chauffeur du dimanche. Mon père sifflotait gaiement tout en jetant un coup d’œil au magnifique paysage. De mon côté, je trépignais sur mon siège tout en sacrant intérieurement contre cette véritable tortue ambulante.
N’en pouvant plus de tant de lenteur, me voilà qui éclate. « Mais enfin papa, il ne t’énerve pas ce type en avant de nous ? »
« Bien au contraire, me répondit-il, c’est sûrement le gars d’en haut qui l’a placé devant nous pour nous protéger d’un quelconque accident. »
Si j’avais dix raisons de pleurer, il m’en trouvait onze pour rire. Si quelqu’un lui lançait des pierres, c’était pour construire son piédestal. Bref, pour lui, il n’y avait pas que les sept merveilles du monde, il y en avait plein d’autres.
Toute sa vie, il a broyé du rose. Et vous savez quoi ? Il est mort heureux en remerciant la vie et en chantant.
Alors vous qui me lisez, je vous offre ce petit moment zen malgré la grisaille de l’automne qui s’installe dans votre cour et dans votre cœur. Mettez vos lunettes roses. Time out! Peut-être que vous ne pourrez changer les choses, mais plutôt changer le regard que vous portez sur elles.
Parfois, quand la chance frappe à leur porte, certaines personnes se plaignent parce qu’elle fait trop de bruit. L’optimiste se trompe aussi souvent que le pessimiste, mais la vie est tellement plus agréable pour le premier!
Donc, ce matin-là où tout tournait croche, je me suis assise. J’ai écrit ces mots pour me défouler.
Ça va mal
Les agences ont leur voyage, les coiffeurs s’arrachent les cheveux, les plombiers se cherchent un bon tuyau. Les profs « en saignent », les dentistes en arrachent, les chirurgiens refusent les coupures. Les avocats ont « le droit » de se plaindre, le menuisier touche du bois pour ne pas devenir marteau, les pompiers ont « l’alarme » à l’œil. Les restaurateurs goûtent à la récession, les vendeurs de pneus sont crevés, les esthéticiennes ont la peau courte.
Les fonctionnaires fonctionnent mal et les secrétaires ne secrètent plus. Les chanteurs demeurent désenchantés, les fossoyeurs creusent la terre la mort dans l’âme, les couturières filent un mauvais coton, les vendeurs de piscines « déchlorent » faillite. Les boulangers gagnent péniblement leur croûte, les électriciens sont en état de choc, les stripteaseuses implorent tous les « seins », les musiciens paient la note. Les camionneurs ont leur « truck », les auteurs connaissent bien des «maux», les acupuncteurs piquent des crises, ça « molaire » qu’on a une dent contre les dentistes, les pilotes d’avion volent bas, les banquiers n’ont plus le goût de « REER » et les vendeurs de balayeuses aspirent à des jours meilleurs.
Mais un jour viendra
Les hockeyeurs briseront la glace, les cordonniers ne frapperont plus des nœuds, Hydro-Québec se tiendra vraiment au courant, les esthéticiennes ne perdront plus la face, les bûcherons ne se feront plus passer de sapin, les cyclistes ne perdront plus les pédales, le couturier ne se serrera plus la ceinture, les aviateurs auront des ailes.
Le boulanger aura enfin du pain sur la planche, les artistes rouleront peut-être un jour sur « l’art », les vendeurs de broue feront « une bière deux coups », les musiciens deviendront haut de gamme, les photographes atteindront leur objectif, les médecins deviendront plus « patients ».
Bref, le jour n’est pas loin où les chroniqueurs seront vite sur leurs « potins » et Accès aura le mot de la fin.