Quand une idée fait boule de neige
Construire une classe à l’extérieur, c’est l’idée qu’a lancée Nathan, 9 ans. Il est un élève de la classe en adaptation scolaire de Catherine Marcotte, enseignante au pavillon La Vallée de l’école primaire de Saint-Sauveur. Après des mois de travail, ce projet s’est concrétisé dimanche dernier. Des membres de l’école et de la communauté se sont rassemblés pour réaliser cette classe, presque entièrement conçue par les élèves.
« L’idée de départ, c’était de pouvoir travailler dehors. On est dans un super beau coin, entouré d’arbres. Nathan a partagé cette idée aux autres élèves, qui ont tout de suite embarqué », nous explique Catherine Marcotte. Ils ont eux-mêmes recherché sur le sujet, sur les bancs et les tables qu’ils pourraient utiliser dehors.
Partager ses idées, voir grand
Les élèves ont par la suite écrit une lettre dans laquelle ils expliquaient leur projet et demandaient de l’aide pour la construction et les matériaux. « À un moment, ils étaient un peu bloqués dans leur processus. On les a donc jumelés avec des élèves de 6e année de la même école », explique Catherine avec fierté. Ensemble, ils sont allés voir dehors pour situer où serait la classe extérieure, puis ils ont fait des plans.
« Les élèves ont tiré beaucoup de positif à travailler avec des plus vieux. Comme ils sont dans une classe d’adaptation, ils sont parfois un peu exclus. C’était beau de les voir partager leurs idées. Et pour les élèves de 6e, c’était une ouverture à la différence pour eux », souligne l’enseignante.
Dans la classe imaginée, les élèves y voyaient des bancs en bois, des plantes autour de la classe, un tableau pour le professeur. Ils ont même pensé à faire un coffre où du matériel pourrait être rangé.
La concrétisation
Puis, avec les élèves, Catherine Marcotte et Marie-Ève Fortier, les deux enseignantes, ont regardé le plan et les idées qui revenaient le plus souvent. Les élèves ont ensuite monté une présentation avec un PowerPoint qu’ils ont présenté devant la direction. « C’était une grosse étape pour eux. Mais c’était une belle démarche de discuter devant la direction, qui a bien sûr approuvé le projet », sourit Catherine.
L’enseignante est particulièrement fière du travail accompli par ses élèves depuis le mois de mars. Les enfants de sa classe ont des troubles du langage et ont de la difficulté à l’école. Ils ont cependant réussi à relever ce défi et à embarquer les gens avec eux. « Il faut écouter ce que nous disent les enfants. Si on ne l’avait pas écouté, il n’y aurait pas ce beau projet qui va voir le jour », dit-elle.
Un projet de communauté
Bien que démarré dans une classe de l’école primaire de Saint-Sauveur, c’est toute la communauté qui s’est impliquée dans le projet. Après des démarches auprès du Centre de services scolaire des Laurentides et de la Ville, les enseignantes ont demandé de l’aide pour les matériaux et pour la construction.
Dimanche dernier, plusieurs parents bénévoles et gens de l’école se sont réunis pour construire la classe. C’était la première phase. Catherine prévoit aussi faire l’inauguration de la classe d’ici la mi-juin pour souligner le travail des élèves.
« L’objectif de départ, c’était que d’ici la fin de l’année on puisse faire une classe à l’extérieur. Les élèves ont déjà pensé à faire un horaire pour que les groupes puissent réserver la classe », explique Catherine.
Pour les élèves de 6e année, c’est aussi une possibilité de « laisser leur trace » à l’école, comme ils quittent pour le secondaire l’année prochaine. À l’automne, on souhaite même mettre un toit au-dessus de la classe à l’extérieur pour pouvoir en profiter le plus longtemps possible durant toutes les saisons.
« On a conçu la classe pour que ce soit très solide et que ça reste là, pour les futures élèves aussi », se réjouit Marie-Ève. « C’est faire l’école différemment, changer d’air, sortir de ces quatre murs. On a tellement un bel environnement ici à Saint-Sauveur. »