Récupération politique, clament les syndiqués et les femmes
Par nathalie-deraspe
Équité salariale
Près de 20 000 femmes de la région pourront à leur tour bénéficier des ajustements apportées dans le cadre de la Loi sur l’équité salariale. Mais cette soif de justice aura été le fruit de 30 ans de chaude lutte et celles qui l’ont entamé ne veulent surtout pas concéder la victoire au gouvernement actuel.
«Le dossier n’a pas été réglé comme nous l’aurions souhaité», défend Blanche Paradis, coordonnatrice du Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec (RTRGFQ), qui affirme que le dénouement de cette affaire ne repose que sur la bataille des femmes. «C’est une lutte tellement longue, ajoute-t-elle, qu’on n’a pas pu s’empêcher de le rappeler à la ministre Théberge, qui semblait vouloir s’approprier cette victoire quant elle est venue rencontrer les groupes de femmes de la région en octobre».
Au moment même où des hommes étaient massivement rassemblés à Montréal pour se questionner sur la condition masculine, les dirigeantes du Réseau des Femmes des Laurentides ne pouvaient que jalouser les sommes dépensées lors de cette journée de conférence intitulée «Comment ça va, les hommes? », elles qui tentent bon an mal an de justifier leurs programmes d’intervention et leurs besoins de financement.
«Je ne me rappelle pas que les médias nationaux nous aient téléphoné pour nous demander comment allaient les femmes, ironisent Mme Paradis, qui venait de répondre au questions de La Presse au sujet des hommes. Là on vante le règlement de l’équité salariale comme s’il s’agissait d’un cadeau. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a encore 30% des femmes qui gagnent moins que les hommes et que la représentativité féminine est encore très faible en politique. Au niveau municipal, pas plus de 20% des femmes sont représentées», clame-t-elle.
«Ça fait 20 ans que les syndicats se battent sur la question, déclare Louise Jetté. C’est grâce à Pauline Marois si on a réussi à accoucher d’une loi, poursuit la présidente de la CSN-Laurentides. Le gouvernement a beau dire qu’il a réglé, mais c’est nous qui avons fait le gros du travail, confie la syndicaliste, qui accuse les libéraux de faire de la récupération politique sur le dos des syndicats. L’aboutissement de ce dossier ne s’est pas fait sans heurts, arguent les organisations syndicales, qui soutiennent que les syndiqués ont même dû déposer des recours devant les tribunaux de la province pour forcer le gouvernement à agir.
Un versement en avril
Tentant d’échelonner les versements sur 7 ans, le gouvernement a dû se plier à la décision de la Commission sur l’équité salariale, qui leur a accordé un sursis d’une seule année.
Les réajustements consentis prévoient une augmentation moyenne des salaires des femmes du secteur public et parapublic de l’ordre de 6,75% et de 9% pour les travailleuses en centres de la petite enfance (CPE),qui ne pourront bénéficier des paiements rétroactifs accordés à leurs pairs. (La CSN est présentement en contestation dans ce dossier et admet que les négociations peuvent s’étendre de longs mois avant de pouvoir arriver à une entente.)
Le règlement pour l’équité salariale est estimé à 825 millions de dollars en rémunération globale, somme comprise dans le cadre de rémunération de 3,2 milliards de dollars annoncé en 2004.