Revitalisation du centre-ville adélois: pétition et mobilisation citoyenne
Par andre-berard
Depuis plus d’un mois, les citoyens de Sainte-Adèle peuvent signer une pétition s’opposant à certains aspects du projet de revitalisation du centre-ville de Sainte-Adèle.
Doris Poirier, une avocate adéloise bien connue pour son engagement et ses participations aux séances du conseil et Josée Barbeau, ex-conseillère municipale, lèvent le rideau sur une action citoyenne qui vise à porter sur la place publique les questions que soulève le controversé projet au sein de la communauté adéloise. Les deux citoyennes qui militent en faveur du bien public tiennent à préciser que le groupe qu’elles représentent ne s’oppose pas à tout développement à Sainte-Adèle: «Nous avons décidé de nous regrouper et de faire circuler une pétition qui vise principalement à s’opposer aux expropriations. Nous croyons qu’il existe une façon de faire les choses. L’expropriation à grands frais de citoyens et de commerces qui sont déjà installés dans le quadrilatère visé par le projet est la mauvaise façon de procéder.» À l’instar de plusieurs observateurs, les deux citoyennes critiquent le manque d’information concernant ce projet d’importance. Outre les expropriations, elles dénoncent également le fait que l’on ne mentionne jamais les coûts qui s’y rattachent, par exemple, la mise à niveau des infrastructures, l’entretien des stationnements municipaux qui seront créés, la réorganisation de la circulation en périphérie du centre, etc. «Nous savons comment tout ça va commencer, mais pas comment ça va finir et qui va payer la facture», lance Doris Poirier. «Dans ce projet, tout est flou, tout est vague et l’espace parc n’est ni tracé ni fixé», ajoute l’ex-conseillère Josée Barbeau qui jusqu’au jour de sa démission, à l’automne 2007, dit n’avoir obtenu aucune réponse claire à ses questions pourtant insistantes concernant les tenants et aboutissants de ce projet. Les deux Adéloises souhaitent que les Adélois réalisent que le projet de l’Îlot Grignon a un coût. Doris Poirier précise: «Cette approche va alourdir notre endettement. En analysant les chiffres que j’ai obtenus de la Ville, j’ai calculé que la valeur foncière des dix-neuf immeubles visés par un avis de réserve s’élève à près de 4,5 millions $. Nous n’avons pas encore parlé de la valeur commerciale, de la juste valeur marchande ni des poursuites devant les tribunaux pour s’opposer possiblement à l’expropriation elle-même ou pour contester l’offre qui sera faite. Ces chiffres sont très conservateurs. Les citoyens doivent refuser de se faire endetter davantage pour le type de développement que l’on veut leur imposer.»
Un projet brouillon? C’est ce que semble croire Josée Barbeau: «Je me questionne sur l’empressement dans ce projet. Je m’explique mal que les nouveaux élus soient si pressés concernant ce projet en particulier alors que les priorités sont ailleurs. Je suis persuadé que ce projet est cher à un petit groupe alors que d’autres naviguent à l’aveuglette. Ça me préoccupe beaucoup.» Propos soutenus par Doris Poirier qui estime quant à elle que «la population adéloise a souvent exprimé son refus de vivre dans une ville purement commerciale et trop achalandée. Il faut bien sûr qu’il y ait des commerces, mais commençons par remplir tous les espaces commerciaux qui sont vides avant d’en ajouter de nouveaux. Commençons par faire avec ce que l’on a. À ma connaissance, il n’existe aucune étude concernant les impacts qu’aura ce projet sur les autres commerces.» Elle ajoute: «Ce projet ne correspond pas aux intérêts de la population. Je ne vois pas comment les Adélois peuvent sortir gagnants du fait d’être endettés davantage. De plus, en quoi la population de Sainte-Adèle sera-t-elle avantagée avec un parc de stationnement de près de 500 cases dans son centre-ville? », renchérit-elle. Les deux citoyennes s’inquiètent aussi du fait que tout laisse croire que l’on va confier le sort du centre-ville adélois à un promoteur.
L’avocate et l’ex-conseillère comptent bien utiliser tous les outils démocratiques existants afin que les citoyens prennent part aux décisions concernant le règlement d’emprunt: «les citoyens pourront se présenter à l’Hôtel de Ville et exiger que se tienne un référendum sur l’emprunt. Si les citoyens se prennent en mains, ils auront à cette occasion la possibilité de s’exprimer clairement. Le registre ne sera ouvert qu’une seule journée et pour obtenir un référendum sur l’emprunt, il faut obtenir un minimum de 500 signatures. Nous invitons les gens à se mobiliser afin de demander une véritable consultation concernant ce projet. Nous avons une occasion de passer un message clair aux élus en leur disant que nous n’avons pas l’intention de les laisser fouiller dans nos poches sans réagir.» Doris Poirier et Josée Barbeau entendent promouvoir et soutenir cette démarche démocratique. Elles estiment que les citoyens doivent réaliser qu’ils ont un pouvoir décisionnel sur la question de l’emprunt et sur le projet en général: «Notre groupe considère que ce qui est en train de se passer avec ce projet n’a aucun sens. Si la Ville ne retire pas son règlement d’emprunt, nous ferons en sorte qu’il y ait un référendum qui permettra aux citoyens de s’exprimer.»
La pétition n’est que le point de départ des actions que comptent entreprendre les opposants au projet. Doris Poirier et Josée Barbeau soulignent toutefois «que le geste le plus significatif sera quand la population se présentera à l’Hôtel de Ville pour signer le registre exigeant un référendum.» Des documents con-sultés par Accès suggèrent que le projet de l’Îlot Grignon s’inspirerait du Lifestyle center, un concept américain qui regroupe des boutiques en plein air dans un style centre-ville, facilement accessible en voiture et offrant beaucoup de stationnements.
Les Adélois peuvent signer la pétition en se rendant aux Moulées du Nord, angle Pierre-Péladeau et Sigouin, à la librairie Desjardins sur la 117 et à la Chocolaterie, située sur la rue Valiquette.
Pour lire le libellé de la pétition et s’informer à propos de ce dossier:
www.ilotgrignon.wordpress.com.
Projet Îlot Grignon:
le conseiller Jean-Pierre Pariseau exprime sa dissidence
Le projet de revitalisation du centre-ville adélois ne compte pas que des citoyens opposés à sa réalisation. Jean-Pierre Pariseau, conseiller du district numéro 2, a aussi exprimé sa dissidence lors du dernier conseil municipal.
C’est lors de l’assemblée municipale du 21 juillet dernier, alors que l’on adoptait un avis de motion pour un règlement d’emprunt visant à acquérir des immeubles dans le cadre de ce projet que le conseiller Pariseau a tenu à manifester clairement sont désaccord. Position qu’il a précisée en entrevue: «Il y a trop peu d’information sur ce dossier à l’heure actuelle. Ça ne m’intéresse pas de donner un mandat en blanc. La Ville a d’autres défis d’importances à relever que celui de l’Îlot Grignon. Nous savons que nous devons mettre à niveau notre réseau d’aqueduc et d’égouts, les infrastructures de voiries sont très désuètes, nous avons d’autres chats à fouetter, sans compter le fameux canard boiteux qu’est La Rolland. Les citoyens en ont assez de payer. Je pense que pour le moment nous n’avons pas les moyens d’aller de l’avant avec le projet de l’Îlot Grignon.» Les propos du conseiller Pariseau remettent sur la sellette la question qui brûle les lèvres de bon nombre d’observateurs: la revitalisation du centre-ville répond-elle à une demande? Ce à quoi répond le conseiller:«Le projet de l’Îlot Grignon est un désir cher à certains élus. Pour ma part, j’estime que ce projet n’est d’aucune façon une priorité pour la municipalité. Nous avons déjà un centre commercial à moitié rempli. Il y a un nombre considérable d’espaces commerciaux inoccupés à Sainte-Adèle. Nous sommes loin de manquer d’espaces pour assurer notre vitalité commerciale. Les commerçants sont aussi des contribuables et doivent voir d’un mauvais œil la compétition directe exercée par la ville dans ce projet. Ce n’est pas le rôle de la Ville que d’être promoteur immobilier.» Selon le conseiller du district numéro 2, la situation financière de la Ville impose la plus grande prudence: «Nous ne sommes pas dans la bonne période économique pour réaliser un tel projet.