Rien que la vérité

Par Mimi Legault

La chronique à Mimi

J’ai une grande amie qui devine des choses que moi je suis absolument incapable de voir. Ça ne s’explique pas. Elle déteste se faire traiter de diseuse de bonne aventure, c’est clair qu’elle ne l’est pas, mais ça reste évident qu’elle a un don de clairvoyance. Ça aussi, ça l’énerve lorsqu’elle entend ce mot.

Tenez, je vous donne un exemple: ça fait trois fois que nous perdons notre chat, ça fait trois fois que nous le retrouvons à la suite d’un simple appel. Pan! Dans le mille! Jamais de flafla ou de boule de cristal avec elle: « Tiens, il est là, ton minou, va le chercher. » Merci, bonjour.

Au moment où cette trop longue campagne électorale s’achève, mon amie serait malvenue chez les politiciens parce que lorsque quelqu’un lui ment, elle aperçoit subito presto des bulles au-dessus de sa tête.

Ne me lancez pas de tomates, je vous dis toute la vérité, rien que la vérité: je viens de l’écrire, ce genre de phénomène «ça-ne-s’explique-pas»!

Un jour que nous étions au resto, l’amie en question me demande de changer de place; elle préférait être assise face au mur. Vous devinez bien pourquoi. Elle n’en pouvait plus d’apercevoir plein de bulles au-dessus de la tête des gens venus se sustenter autour d’une bonne bouteille de vin.

Ça vous étonne? Pas moi. Je mens, tu mens, vous mentez. Pas dans votre cas, me dites-vous? Voyez? Un autre mensonge…

Remarquez qu’il y a bien des façons de mentir; des fois, on exagère la vérité ou on préfère mentir pour une bonne cause, comme vouloir la paix.

Alors imaginez deux secondes et quart à quel point mon amie a dû souffrir devant autant de mensonges lancés à tour de bras lors de la campagne électorale qui, Dieu merci, s’achève.

Pas besoin d’ouvrir une bouteille de champagne pour voir des bulles. Les gens mentent à tour de bras, à partir de la vendeuse qui vous dit que la robe vous va comme un gant alors que la fermeture éclair est en train de râler ses derniers râlements, jusqu’à celui qui, devant un juge, jure qu’il n’a pas tué sa femme alors qu’il a encore les mains pleines de sang.

Si on oublie nos politiciens, c’est à l’intérieur du couple que l’on trouverait le plus de «menteries». «Non, ma chérie, ton rôti de porc n’est pas trop salé» ou «J’ai payé cette robe un prix dérisoire» ou «J’ai joué 70 au golf hier» ou «Quelle belle cravate!» ou «Ta mère vient souper ce soir? Non, ça ne me dérange pas!» ou «J’ai perdu cinq kilos» ou…

Bon, j’arrête.

Si votre idée pour voter n’est pas encore faite, posez votre croix sur le nom de celui ou celle qui, selon vous, aura le moins menti. Pas facile.

Nous sommes un peuple sentimental: le cœur l’emporte souvent sur la raison, c’est dans notre ADN. Mais il y a des limites à se faire farcir le coco.

Alors devant l’urne, ne devenez pas fleur bleue.

Moi-même, j’ai cette tendance à trop le faire. Je l’écrivais dans ma dernière chronique: je rêve encore de voir arriver à l’horizon un genre de cowboy, un Lone Ranger, mélange de Robin des Bois et de Zorro, qui se battait contre l’injustice sociale.

Il ne promettait rien, mais il passait à l’action.

C’est sûr qu’un personnage qui lui ressemblerait risquerait de tomber en bas de sa monture ou de s’enfarger dans ses bottes avec les réseaux sociaux «pow! pow! t’es mort». Mais gardons les deux pieds dans les étriers pour le moment.

Messieurs dames, votez pour qui vous voulez, mais votez. Parce que voter, c’est comme recevoir un héritage: c’est plus qu’un droit, c’est un privilège.

Malheureusement, il y en a qui ne comprendront jamais ça.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *