Saint-Sauveur : Comment sauver le lac Alouette ?
Des riverains qui habitent autour du lac Alouette à Saint-Sauveur s’inquiètent de l’avenir de leur plan d’eau. Depuis des années, le lac se remplit et perd de la profondeur.
Une des résidentes, qui préfère garder l’anonymat, déplore les développements immobiliers qui se sont construits au fil des années. Ceux-ci auraient accentué le problème et auraient augmenté la sédimentation dans le lac, dit-elle.
« On envisage que le lac sera bientôt à sec », déplore-t-elle. Le lac a maintenant trois pieds de profondeur, alors qu’il en avait six il y a 10 ans. Cette situation affectera aussi la valeur des propriétés sur le bord du lac si rien n’est fait, soutient la résidente.
Il faut savoir que le lac Alouette est un lac artificiel, qui a été créé il y a plusieurs années. Avec le temps, le lac s’est rempli de sédiments, comme il n’y a pas de réseau d’égouts pluviaux dans ce secteur, explique Jean-Philippe Gadbois, directeur général de la Ville de Saint-Sauveur. « D’un autre côté, on a tous les développements sur le mont Habitant. Le bassin versant fait en sorte qu’il y a beaucoup de sédiments qui finissent par se retrouver dans le Grand Ruisseau, qui devient le lac Alouette », ajoute-t-il.
Des parties manquantes à l’histoire
En 2012, l’association du lac, qui était propriétaire, avait obtenu une certification d’autorisation pour draguer le fond du lac, rapporte M. Gadbois. Toutefois, ces travaux étaient très couteux. « Ils se sont donc tournés vers la Ville pour leur demander d’effectuer les travaux. Au même moment, le lot – qui est le lac – a été transféré à la Ville de Saint-Sauveur. »
À l’heure actuelle, l’administration de la Ville a de la difficulté à retracer l’historique des travaux réalisés en 2012, souligne M. Gadbois. « Il semblerait qu’une trappe à sédiments a été aménagée en amont du lac. […] Il y aurait possiblement un enrochement qui a été fait [près de l’avenue Léonie] pour retenir le plus de sédiments possible afin d’éviter qu’ils se rendent dans le lac », poursuit-il.
Les citoyens riverains reprochent à la Ville de ne pas avoir entretenu cet enrochement, explique M. Gadbois. « Mais il faut faire attention. Le lac va continuer de s’envaser parce que ce n’est pas un lac naturel et il n’y a pas d’égouts pluviaux », nuance le directeur général. Tous les sédiments dans les rues au nord du lac se retrouvent à cet endroit lorsqu’il pleut.
« Cette trappe à sédiments peut aider à minimiser l’apport de sédiments dans le lac. Mais c’est inexacte de dire que c’est la seule raison à l’état actuel du lac », soutient M. Gadbois.
Sur la question des développements immobiliers, M. Gadbois soutient « qu’il y a des règles qui doivent être respectées, notamment sur l’érosion ». « Le développement a un impact assurément sur le Grand Ruisseau, mais ça prendrait une étude pour définir si c’est la cause principale. »
À la recherche de solutions
Pour corriger la situation, la Ville souhaite d’abord savoir où est ce bassin de rétention. « Ça peut avoir l’air facile à trouver, mais comme il n’y a jamais eu d’entretien au cours des 10 dernières années, ce n’est pas si simple », explique M. Gadbois, en poste depuis seulement quelques semaines.
Les travaux sont aussi compliqués, car il faut dévier l’eau durant ceux-ci. Et cela doit être fait durant certaines périodes de l’année lorsqu’il y a moins de courant. « On est en train de regarder avec notre Service des travaux publics et génie ainsi que notre Service de l’environnement. Il faut aller voir si les travaux respectent le REAFIE [règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement] », ajoute le directeur général.
La Ville doit donc vérifier quels seront les impacts des travaux sur le cours d’eau et le lac Alouette. Ensuite, un plan de match sera établi avec les ingénieurs « pour espérer faire les travaux au courant de l’année 2023 », explique M. Gadbois. Il faudrait assécher la « trappe de sédimentation » et enlever tous les sédiments accumulés. Pour l’instant, on n’envisage pas de draguer le lac à nouveau.
« La Ville aurait peut-être dû intervenir avant. Mais avec le roulement de personnel, l’évolution de la Ville, ç’a fait en sorte que ce dossier s’est promené de bureau en bureau. On se retrouve 10 ans plus tard et l’entretien n’a toujours pas été fait », rapporte-t-il.