Saint-Sauveur dit non antennes de Vidéotron
Par nathalie-deraspe
Alors qu’un nombre inquiétant de paroisses acceptent de monnayer leur clocher d’église en échange de l’installation d’antennes relais de téléphonie mobile, Saint-Sauveur ferme la porte à Vidéotron. Retour sur un dossier qui évolue à la vitesse grand V.
Été 2008. François Therrien, professeur d’électricité, apprend qu’une antenne trône dans le clocher de l’église de Terrebonne, située à deux pas de sa résidence et à proximité d’un collège comptant plus d’un millier d’élèves. Il entame dès lors une bataille qui de mois en mois, porte fruit. À coups de pétitions et de manifestations, le comité «Sauvons nos enfants des micro-ondes» (SEMO), alerte une part grandissante de la population. On commence à demander des comptes. La ville de Terrebonne réclame le retrait des antennes. Rogers se drape derrière la loi fédérale sur les télécommunications et prétexte qu’elle offre un service public. Mais le 3 décembre dernier, le Procureur du Québec intervient en faveur de la ville, qui réitère sa position.
Châteauguay s’oppose à son tour à l’implantation d’une tour cellulaire à moins que celle-ci ne soit située en zone industrielle. Plus près de nous, la ville de Prévost a signé une résolution en ce sens, après qu’une pétition de 500 noms ait été déposée au conseil municipal. Mercredi dernier, c’était au tour de l’arrondissement de Montréal-Nord de prendre position et d’opter pour le principe de précaution. Les élus ont décrété un moratoire de deux mois en attendant le dépôt d’un projet de réglementation normatif dans le dossier.
En catimini
Dans la région, difficile d’obtenir des informations précises en ce qui a trait à l’installation d’antennes-relais. La plupart du temps, celles-ci sont érigées à l’insu des populations avoisinantes. À certains endroits, on érige même de faux arbres pour dissimuler les antennes ou on les camoufle dans les lampadaires des parcs.
Pourtant, de plus en plus de villes dans le monde tendent à adopter le principe de précaution et refusent toute installation près des habitations. Le projet «églises vertes» commence à sensibiliser la population des dangers possibles sur la santé et prêche pour que les paroisses abandonnent l’idée de monnayer leurs clochers.
Pour François Therrien et le SEMO, le lobby puissant des entreprises de télécommunications fait contrepoids aux études qui étayent les problèmes reliés à ce qu’on appelle désormais «l’électrosmog». «Pour nous, ce n’est plus une question scientifique. Des gens sont malades. Le débat est financier et politique», dit-il.
Lors de la rentrée parlementaire du 25 janvier prochain, le Bloc québécois déposera au nom de l’organisme une pétition de 1100 noms réclamant une modification des normes fédérales d’exposition aux radio-fréquences en vigueur et l’exemption d’antennes-relais dans un rayon de 300 mètres des écoles et des garderies (les enfants sont le plus sujets à développer des symptômes relevant des micro-ondes diffusées par celles-ci).
Le porte-parole du Bloc en matière de Santé publique, le député Luc Malo, demandera au Comité de santé du Parlement la création d’un comité spécial visant à examiner la problématique des effets biologiques en provenance des systèmes de communication avec micro-ondes (antenne relais, téléphone cellulaire, routeur wi-fi, téléphone sans fil…)
Dix-neuf cas d’électrosensibilité ont été présentés au directeur de la Santé publique du Québec, Alain Poirier. Ceux-ci souffriraient à divers degrés de migraines, problèmes de sommeil, dépression, perte de mémoire, d’appétit et autres troubles liés au stress. D’ici la fin de 2010, Vidéotron prévoit installer son propre réseau formé de 800 antennes à travers le Québec. Aucune de celle-là ne trônera dans le clocher de Saint-Sauveur. La paroisse a été approchée il y a un an par l’entreprise mais les négociations ont échoué. «On a d’autres façon de faire de l’argent que de mettre la santé de nos enfants en danger», affirme le marguillier ****René Bourgeault****.