Saint-Sauveur, mes amours
Par Rédaction
Le monde de Mimi
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Depuis quelques décennies, je suis en amour avec Saint-Sauveur! Ça remonte à loin. Mon chum et moi, nous enseignions tous les deux à Montréal et habitions la Rive-Sud. Survint pour l’un une invitation à enseigner à Saint-Jérôme. Et lors d’une visite, je confiai à ma mère le peu d’enthousiasme à aller habiter dans cette ville. Je me souviens encore de son doux regard qu’elle me jeta, pourquoi ne pas aller faire un tour à Saint-Sauveur, toi qui aimes tant le Nord ? Quelques jours plus tard, un bail était signé au cœur de ce village pittoresque. Comme j’aime à le dire, nos enfants y sont nés avec une tuque sur la tête.
Bon, il faut admettre que je connaissais déjà le coin parce que frères et sœurs de maman demeuraient dans le village ou dans les alentours. À seul titre d’exemple, la maison de tante Rose et de Bruno était située là où se trouve maintenant un resto populaire rue Principale. L’hiver, mes parents venaient les visiter et à ma grande joie, me laissaient en passant au Mont Saint-Sauveur pour dévaler les pentes. La question ne se pose même pas : bien sûr que tout a changé dans le village devenu une petite ville.
Le progrès
Ma naïveté est-elle trop grande ? Je le suppose. Car malgré tous les changements apportés (ne serait-ce que les nombreuses lumières aux intersections), je m’y sens toujours aussi bien. Bien oui, du bruit en veux-tu ? En v’là. Mais fondamentalement, le cœur y est toujours. Tenez, si un jour vous avez le moral dans les talons, allez faire un tour au centre-ville. C’est vivant, joyeux, fleuri, propre. Les proprios des terrasses se grattent l’occiput pour les rendre invitantes. Et je dois même admettre que ce que je redoutais de l’agrandissement du St-Sau m’est apparu conforme dans sa beauté et ce que j’appelais l’aquarium est devenu un pub accueillant où il fait bon retrouver des amis.
Attention : danger
Mais voilà que la une d’Accès m’a fait débouler de mon nuage trop blanc. Selon un résident au cœur du village, un projet de construction d’habitations qu’on retrouve dans des banlieues comme Brossard a été accepté par le comité d’urbanisme. Sûrement qu’on va nous seriner que tout est fait dans les normes. La question que je me pose : si c’est légal, est-ce pour autant moral dans le sens des mots lus dans le journal : un affront au patrimoine et à l’architecture typique d’un quartier historique ? Les mots promoteur et dérogation sont autant de lumières rouges qui s’allument. Je demeure certaine qu’une lettre destinée aux citoyens en bonne et due forme tentera de diminuer leurs craintes, mais parfois ce n’est que pour anesthésier leurs angoisses croissantes. Cette pensée de Platon : l’altération de la cité commence par la fraude des mots. Une fois que c’est commencé, on se demande toujours où cela s’arrêtera.
St-Sauveur a quand même bien vieilli, il n’a pas besoin d’un face lift. Les résidents du coin préfèrent ses rides que du tape-à-l’œil. N’en faites pas une ville dénaturée et crispée! La seule façon d’éviter ce gâchis sera d’élire des gens qui nous assureront de leur préoccupation à conserver l’âme de notre beau Saint-Sauveur et à mettre le tout en pratique la durée de leur mandat. J’ajouterai ceci : c’est une chance d’avoir dans la région un journal indépendant qui nous permet de demeurer vigilants devant certains dangers de changements trop radicaux. Le respect et la confiance, c’est comme des élections, ça se gagne. Nous avons un maire prêt à écouter nos doléances lors de rencontres le dimanche. C’est déjà un beau pas, reste à faire le nôtre.