Sainte-Adèle: Barrage de questions pour le projet hydroélectrique

Par nathalie-deraspe

Le projet de mini-centrale hydroélectrique sur la rivière du Nord soulève la suspicion chez bon nombre d’Adélois et il semble que le promoteur n’ait pas complètement réussi à réfréner leurs craintes.

C’est du moins l’opinion de Ronald Raymond, un passionné de pêche qui craint pour l’avenir de la rivière. En tant que membre de l’Association des pêcheurs sportifs du Québec, celui-ci prône pour un accès aux plans d’eau de la province. Selon lui, les risques liés au projet n’ont pas été clairement identifiés et quantifiés. Pas plus que les impacts sur les activités récréotouristiques de la région. «Les profits prévus mais non validés de la centrale seraient de 350 000$ par an. Cela représente à peine 1,7% du budget de la Ville. Malgré tout, Sainte-Adèle est prête à s’engager pour 40 ans pour une somme de 7 à 10 M$. Les élus sont-ils prêts à mettre le même montant dans le récréotourisme?» L’amateur de pêche est convaincu que des investissements massifs dans le plein air et dans la dépollution de la rivière procureraient autant sinon plus de bénéfices à l’ensemble des citoyens, tant au niveau de l’emploi, des impacts économiques, qu’au niveau du rayonnement de la région. Pour appuyer ses dires, Ronald Raymond cite Tremblant en exemple, une ville qui profite de retombées annuelles de 1,4 M$ liées au Championnat international de pêche à la mouche.

La Fondation Rivières réagit

Les projets de mini-centrales se multiplient à la vitesse grand V au Québec et la Fondation Rivières, née en 2002, a pris le bâton du pèlerin pour interpeller les citoyens sur les dangers qui guettent la province.
«L’atteinte écologique de tels projets est extrêmement importante, affirme l’activiste et ex-conseiller municipal Jacques Gélineau. Jusqu’à 95% des poissons peuvent mourir ou être blessés par les turbines.» (Le MAMROT indique tout au plus une modification des habitats de la ressource halieutique.)

Son collègue et membre du conseil d’administration Me Pierre-Louis Trudeau est encore plus cynique: «Pendant que tout le monde se tourne vers les énergies alternatives comme le solaire, le Québec continue de vouloir investir dans l’hydroélectricité. La municipalité va détruire tout un environnement pour enrichir quelques promoteurs privés et créer un emploi à temps partiel. Il y aura quelques retombées, mais pas assez pour que ça se traduise en diminutions de taxes. Et le potentiel récréotouristique va foutre le camp. Pourtant, dans les Laurentides, les projets du genre apparaissent d’eux-mêmes. Ce sera peut-être pas un beau chèque d’Hydro-Québec, mais les gens continueront de s’installer dans votre coin pour profiter des attraits de la rivière. La population doit dire à Hydro-Québec: assez, c’est assez.»

Le promoteur, un électricien de formation, n’a pas précisé sur quels autres projets d’envergure il a œuvré avant de se lancer dans celui de la mini-centrale hydroélectrique de Sainte-Adèle. Les gens ont jusqu’à vendredi pour signer le registre de la ville. Le ministère de l’Environnement confirme pour sa part qu’aucune demande de certificat d’autorisation n’a encore été acheminée au bureau régional de Sainte-Thérèse. Si la Ville va de l’avant, le projet sera déposé pour étude le 16 mars.

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