Sainte-Adèle : Projet résidentiel au Golf Alpine
La salle du conseil était bondée lors de la séance du lundi 15 mai, à Sainte-Adèle. Plus d’une soixantaine de citoyens se sont présentés, et plusieurs étaient inquiets d’un possible projet de développement résidentiel au Club de Golf Alpine. Le point avait été retiré de l’ordre du jour. Mais les citoyens ont tout de même exprimé leur colère, leur indignation et leur anxiété face à ce projet.
La mairesse Michèle Lalonde et les trois conseillers présents sont restés limités dans leurs réponses. Comme le projet est encore à l’étude par le Comité consultatif en urbanisme (CCU), ils doivent respecter certaines règles de confidentialité, ont expliqué les élus.
Pas de participation citoyenne
« On a plusieurs craintes. […] C’est important qu’il y ait une participation citoyenne, définitivement. Mais on trouve qu’elle n’est pas du tout considérée. C’est dans notre milieu de vie ! », plaide Lucie Desrosiers en entrevue. La résidente du secteur a remis à la Ville une pétition d’une cinquantaine de signatures.
La plus grande critique du groupe citoyen est le manque d’information sur le projet. Celui-ci devrait comporter une soixantaine de nouvelles résidences et former un quartier à faible densité. « Ce n’est pas confirmé. On veut en discuter avec le promoteur », indique toutefois la mairesse en entrevue.
« Comme on ne connaît pas du tout le projet, c’est difficile de juger », dit Mme Desrosiers. « C’est beaucoup d’insécurité pour les gens, beaucoup d’inquiétudes. On n’est pas informés par la Ville, ni par le promoteur non plus. »
Le propriétaire du golf sera convoqué par la Ville durant la semaine du 22 mai, indique Mme Lalonde. « On va lui demander s’il accepte de tenir une séance d’information. C’est ce que les gens voulaient savoir. On va faire ce qu’on peut pour le convaincre, mais il n’est pas obligé. » Si une séance d’information a lieu, les citoyens pourront alors s’exprimer et faire leurs commentaires et suggestions.
Patrimoine et tourisme
Cela dit, si le projet respecte les règles en vigueur, le conseil municipal ne peut pas s’y opposer, ont expliqué les élus. Sinon, il risque d’être poursuivi par le propriétaire. « Là, le projet rencontre toutes les normes dans son secteur. On ne peut pas refuser. Mais on peut faire des suggestions », répète la mairesse en entrevue.
La seule option serait d’acheter ou d’exproprier le terrain, semble-t-il. « Mais on a d’autres priorités avant d’acheter ça. On achèterait d’autre chose ailleurs », souligne Mme Lalonde.
Le terrain est zoné récréotouristique, mais celui-ci permet le développement résidentiel de faible densité. Il s’agit cependant d’un non-sens, selon Mme Desrosiers. « Il y a aussi toute une question de rupture de la trame commerciale, récréotouristique du secteur qui arriverait avec un changement d’usage. » Lors de la séance du conseil, des citoyens ont exprimé leur inquiétude de perdre la vue qu’ils ont sur le golf, la quiétude du quartier, ou de voir la valeur de propriété diminuer.
De plus, le Golf Alpine serait le plus vieux des Laurentides, en fonction depuis 1910. « On pense que c’est une richesse patrimoniale », soutient Mme Desrosiers.
La mairesse, quant à elle, rappelle qu’une douzaine de maisons ont déjà été construites le long du club de golf. « Je trouve que c’est un projet intéressant. Ça va créer un nouveau milieu de vie. J’habite dans ce coin-là. » Elle comprend cependant la frustration de certains citoyens. « Si j’achète une maison avec une forêt devant chez nous, j’en serais contente. Mais si tout d’un coup, une excavatrice arrive et fait tomber les arbres, parce que le propriétaire décide qu’il fait quelque chose avec son terrain, c’est sûr que c’est toujours frustrant », illustre-t-elle.
Mais pour Mme Desrosiers, la frustration vient surtout du manque de communication et de consultation avec les résidents. « On veut travailler ensemble. On ne veut pas être dans une situation où on n’a aucun contrôle sur notre environnement, notre milieu de vie », insiste-t-elle.
Le propriétaire du Club de Golf Alpine, Mario Besner, n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue avant d’envoyer sous presse.