Sainte-Adèle : Un projet locatif remis en question
Le projet locatif de Ouellette Habitations nommé Le Bourg du Lac, à Sainte-Adèle, soulève de nombreuses questions environnementales au sein des citoyens.
Le projet, entamé au mois de septembre 2024, est localisé tout près du lac Rond. Selon les plans approuvés par la Ville, il compterait 42 unités locatives. Toutefois, le site web de Ouellette Habitations parle de 48 unités. Pour la réalisation de ce projet, six acres de végétation ont été défrichés près du bassin versant du lac Rond. Les plans initiaux du promoteur prévoyaient conserver la bande riveraine et le ruisseau séparant leur terrain et le terrain voisin.
Toutefois, à la grande surprise de Christian Chauveau, citoyen de Sainte-Adèle et propriétaire du terrain voisin, la machinerie lourde est revenue et tous les arbres de la bande riveraine ont finalement été coupés.
Un ruisseau, ou un fossé ?
Selon le site web du ministère de l’Environnement, la bande riveraine « est essentielle pour protéger les habitats et la faune aquatique et terrestre. La construction d’habitations et les activités forestières et agricoles peuvent détruire les écosystèmes aquatiques (lacs et rivières) ou compromettre fortement leur pérennité ».
Christian Chauveau exprime toutefois une grande confusion par rapport à cette bande riveraine. Lorsque les arbres ont été coupés sur la bande riveraine, le promoteur lui aurait affirmé qu’il pouvait couper les arbres puisque ce n’était pas un ruisseau, mais plutôt un fossé. M. Chauveau indique qu’il était pourtant reconnu comme un ruisseau auparavant. « Nous, en 2013, on avait construit un bâtiment accessoire, puis on avait demandé la permission de l’installer sur le bord de cette ligne-là, ne sachant pas que c’était un ruisseau. On a eu toutes les autorisations de la Municipalité. L’hiver suivant, on a reçu une lettre de la Municipalité nous disant qu’il était urgent de revégétaliser le bord du ruisseau »
En entrevue avec Accès, la mairesse de Sainte-Adèle, Michèle Lalonde, soutient que c’est un fossé. « Ce n’est pas un ruisseau, c’est un fossé. Ça a été confirmé par plusieurs sources, c’est-à-dire que la Ville est allée voir les urbanistes, puis la biologiste de la Ville est allée. […] La biologiste de la MRC s’est aussi rendue la semaine dernière pour confirmer que ce n’était pas un ruisseau, c’était un fossé. Donc, étant donné que c’est un fossé, il n’y a pas vraiment de bande riveraine », dit-elle.
Difficulté à communiquer
Christian Chauveau et sa conjointe, Dominique Pilon, ont entrepris des démarches afin d’obtenir des informations sur le projet, mais aussi concernant le fossé. M. Chauveau trouve cependant que ces démarches sont très difficiles. « On rencontre la mairesse. Et là, il y a beaucoup d’ambiguïté, de façon générale, au niveau de qui est responsable de quoi », explique-t-il.
« C’est très difficile d’aller chercher de l’information. À chaque fois que je vais m’exprimer au conseil de ville, ils me regardent comme un chevreuil le soir. Ils sont comme complètement étonnés. C’est comme s’ils ne connaissaient rien, en fait. Alors, ils ne se sentent pas responsables, bien sûr. Mais là, nous, on est bloqués au Service d’urbanisme parce qu’ils nous ont dit, on ne vous donne plus de renseignements, faites une demande d’accès. La demande d’accès prend 20 jours, et les travaux continuent. On est pris dans ce dédale complètement dingue », ajoute-t-il.
Mais, malgré les dénonciations de M. Chauveau, Mme Lalonde soutient que le projet du promoteur est conforme. Elle comprend tout de même le mécontentement de M. Chauveau. « Lui, avant, c’était boisé quand il regardait dehors. Puis là, ce ne l’est plus. Mais ça, c’est des choses que les gens, quand ils viennent s’installer à Sainte-Adèle, ils doivent s’informer autour s’il y a des projets qui sont en cours ou qui vont éventuellement se développer. […] Le terrain d’à côté de chez vous, il appartient à quelqu’un », affirme-t-elle.
Le ministère de l’Environnement impliqué
Le chantier a été mis sur pause pendant quelques jours, mais les travaux ont repris. Christian Chauveau est actuellement en communication avec le ministère de l’Environnement, qui s’est d’ailleurs déplacé sur le terrain pour évaluer si le fossé est réellement un fossé, ou si c’est un ruisseau. Ils ont informé le citoyen que le processus d’enquête allait prendre de trois à quatre mois.
« Ceci étant dit, le Ministère ne semble pas se déplacer facilement. Alors, c’est donc qu’ils ont considéré que les documents qu’on leur avait envoyés étaient suffisamment importants pour commencer cette enquête-là. […] Les gens de l’environnement m’ont dit que ça prenait trois mois parce que c’est un travail très, très long et très, très fastidieux. Alors, comment est-ce que la Municipalité peut couper court et donner tout de suite l’aval à l’entrepreneur ? », conclut M. Chaveau.
Nos demandes d’entrevue auprès du promoteur Ouellette Habitations sont demeurées sans réponse, au moment d’envoyer sous presse, mardi 3 décembre à midi.