Saint-Adolphe-d’Howard,
Laurentides rock’n’roll
Le village de Saint-Adolphe-d’Howard n’a pas particulièrement une réputation de ville du rock’n’roll, mais depuis quelque temps, l’apparition de deux lieux de diffusion de la musique, avec leur équipe de passionnés, tente de faire tourner le vent et de prendre le train de la scène musicale actuelle.
On pourrait penser que La Chèvre, c’est un drôle de nom pour une place pourtant en voie de devenir « the house of rock » à Saint-Adolphe. Mais quand on sait que l’établissement est lié aux sports de la montagne, on comprend mieux le lien avec la pierre, le solide, le rock.
Établie dans les Laurentides depuis 2009 et reconnue dans le domaine de l’escalade et des sports de montagne, Attitude Montagne s’est installée, il y a deux ans, dans un nouveau complexe comprenant une petite salle de spectacle, La Chèvre.
À la tête du projet, il y a Dominic Asselin, qui a voulu que ce pub-bistro soit chaleureux et convivial. On peut y relaxer avec une bière de microbrasserie québécoise, du vin ou un scotch, y manger même, mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’offre de spectacles de La Chèvre, avec sa salle pouvant accueillir 180 personnes (assises ou debout). Un nombre de places idéal pour construire une ambiance musicale et faire grimper au septième ciel les amateurs de musique qui apprécient de se retrouver tout près des artistes.
Ce n’est que depuis l’hiver dernier que La Chèvre accueille des musiciens, d’abord en invitant des groupes locaux, par exemple Sideline de Sainte-Agathe. Il semble que la réponse du public ait été bonne, car depuis, La Chèvre a accueilli des groupes et chanteurs émergents comme Guillaume Arsenault, Ariane Zita, Dans l’Shed et les Acadiens Hôtesses d’Hilaire.
Les Anges vagabonds
Toujours à Saint-Adolphe, on retrouve un autre lieu de diffusion de la musique et des arts de la scène appelé Ange Vagabond. Le lieu est né lorsque le conjoint de Michèle Méthot, connue comme étant la disquaire l’Ange Vagabond sur Mont-Royal à Montréal, a fait l’achat d’une maison dans le nord.
« Le lieu (la maison et le village) semblait propice à créer un lieu de diffusion, puis l’idée de faire une programmation régulière s’est imposée. Une jolie maison centenaire, des murs de bois qui permettent une sonorité chaude, un lieu intime de 57 places, c’est ça l’Ange Vagabond », explique la propriétaire.
Grâce à de nombreux contacts au sein de la scène musicale, Michèle Méthot a su présenter à Saint-Adolphe, depuis quatre ans et demi, des spectacles, mais aussi des lancements de livres et des rencontres avec des artistes (poésie, cinéma).
Le lieu se prête à la chanson, au folk, mais les décibels ont grimpé, certains soirs, à l’Ange Vagabond avec Gros Méné (Fred Fortin), Grimskunk, Steve Hill, Keith Kouna, WD-40 et bien d’autres. « Personnellement, j’aime le rock et j’ai besoin d’en booker à l’occasion », tranche Michèle Méthot. Voilà une déclaration qui nous plaît.
Parmi les habitués, notons Mara Tremblay, The Key-Lites, le Trio BBQ, Marc Déry, Chloé Lacasse, Steve Hill, Michel Robichaud, Intakto, Bïa, Jamil et Zébulon. L’Ange a aussi son « Vagaband », un groupe de cinq musiciens qui présente des cabarets tous les deux mois avec artistes invités.
Pourquoi Saint-Adolphe?
Coïncidence ou tendance? Dans les deux cas, autant à La Chèvre qu’à l’Ange Vagabond, on a misé sur la qualité du son et l’accommodement pour les artistes. Un artiste heureux rendra son public heureux.
À La Chèvre, les musiciens apprécient d’y jouer, car la scène n’est ni trop grande, ni trop petite. « On a cherché à insuffler une âme à cet endroit, notamment avec l’ambiance montagnarde du pub, mais aussi en rendant l’endroit agréable à jouer pour les musiciens, explique le propriétaire Dominic Asselin. La grandeur de la salle est une qualité puisqu’on ne s’y sent pas étouffé. Le public nous redonne 100 % des efforts que nous avons mis pour créer La Chèvre! Nos clients ont embarqué dans l’idée d’apporter leur bock de bière personnel qu’ils laissent chez nous. »
Du côté de l’Ange Vagabond, on s’est fait une règle d’or de bien accueillir les musiciens de passage : repas, boisson, loge spacieuse. « Des artistes comblés dans l’avant-spectacle seront toujours plus heureux de monter sur scène et d’en donner », explique Michèle Méthot. En plus, l’intérieur de la maison centenaire vêtue de bois offre une résonance chaude, une sonorité considérée comme étant un atout.
Résultat? Le public de l’Ange Vagabond est renommé pour être attentif. « On n’entend pas parler durant les prestations. C’est comme avoir un spectacle dans son salon », conclut la propriétaire. Le même discours est revenu lors de notre passage au Mouton noir à Val-David. Faut-il conclure que le public des Laurentides est en train de se bâtir une réputation?
Quelques anecdotes de Saint-Adolphe
Il faut remonter aux années 60 et 70 pour parler de scène rock active à Saint-Adolphe. On parle d’un endroit, La Soupière, un bistro-bar présentant des spectacles et des soirées de danse. À l’époque, Saint-Adolphe était surnommé « le Miami des Laurentides ». Avec la fermeture de la station militaire et le départ des familles qui y travaillaient, l’économie du village a été touchée. La vocation touristique du village a su évoluer, mais avec l’incendie qui a détruit La Soupière, durant les années 1990, Elvis « has left the building » à Saint-Adolphe. Avec les deux nouvelles salles, verra-t-on une renaissance?
L’Ange Vagabond a ouvert ses portes officiellement le 27 août 2012, mais Mara Tremblay y a présenté le premier spectacle, quelques mois auparavant, soit le 19 mai. Une soirée mémorable selon plusieurs, alors que Mara « était en feu », jouant près de trois heures.
Propriétaire de l’Ange Vagabond, Michèle Méthot est une véritable ambassadrice du rock, ayant tenu un magasin de disques à Montréal, Les Anges Vagabonds, puis ayant été agente d’artistes et organisatrice d’événements.
Sideline est un groupe de Sainte-Agathe qui a été un des premiers à jouer sur la scène de La Chèvre l’hiver dernier. « C’est une belle salle et les gens ont une belle vue, car une partie du plancher est surélevé. L’ambiance est l’fun dans cette salle vitrée », confirme le bassiste du groupe, Philippe Bélec.
Pour féliciter les musiciens à la fin d’une soirée, et quand la foule a bien apprécié, les proprios de La Chèvre font parfois livrer un shooter aux musiciens sur la scène. Les verres arrivent sur un plateau spécial… qui est en fait un vieux ski en bois! C’est ce qu’on appelle se faire « servir un ski ».
Rien n’a été laissé au hasard pour la construction du décor de La Chèvre, créé avec des matériaux recyclés : de vieilles portes sont devenues des tables, les banquettes sont faites en palettes, des chaises Adirondack en bois recyclé ont été achetées d’un artisan de Morin-Heights, des tourets font office de tables, une artiste a peint un paysage montagnard sur le bar. On y trouve de vieux artefacts de l’alpinisme dans le bar en plus d’un vieux T-bar!
L’édifice centenaire de l’Ange Vagabond a accueilli, en août 2012, le groupe Half Moon Run, heureux de jouer devant 50 personnes. Les chanceux qui étaient présents en parlent encore.
En décembre 2012, Fred Fortin avait perdu la voix. Fred, Olivier Langevin et la troupe de Gros Méné ont été chouchoutés aux tisanes de gingembre-miel-citron. Il a un peu chanté, des artistes dans la salle sont venus sur scène chanter ses chansons et le public était en délire.