Salle André-Prévost, à Saint-Jérôme
Par Valérie Maynard
Une mémoire à partager
Le 10 mai 1970, l’auditorium de la Polyvalente Saint-Jérôme devenait officiellement, la salle André Prévost. Quarante-six ans plus tard, la salle André-Prévost, que l’on souhaite rebaptiser Marie-France-Danis, se retrouve au cœur d’une vive tourmente qui affecte tout le monde. Au premier plan, notre mémoire collective.
Linda Rivest est directrice générale et archiviste à la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord. Selon elle, si le changement de nom de la salle part d’une intention noble en soi qui vise à honorer un membre de l’équipe-école décédé l’an dernier et à souligner sa grande implication auprès des jeunes pendant plus de 25 ans, le geste révèle aussi un fait troublant: l’oubli. « Non seulement on oublie notre histoire mais en plus, on ne fait rien pour la faire connaître.
On néglige notre héritage en ne transmettant pas ces éléments de notre passé. La devise du Québec est : Je me souviens. Finalement, on ne souvient de rien », soutient-elle.
Et qu’adviendra-t-il du nom de la salle dans 30, 40 ou 50 ans, quand les jeunes ne sauront plus qui est Marie-France Danis? « Est-ce qu’on changera encore de nom? », soulève Mme Rivest.
Parce que tristement, l’histoire se répète. « Rappelez-vous quand on a voulu changer le nom du pont Champlain pour celui de Maurice Richard. Là aussi les réactions ont été vives. Non pas parce que Maurice Richard ne méritait ces honneurs, au contraire, mais parce qu’on ne peut pas dénommer un lieu pour le renommer autrement », nuance-t-elle.
Rappel des faits
Le 22 avril, le président du conseil d’établissement et la direction de l’École polyvalente Saint-Jérôme émettaient un communiqué de presse dans lequel était question de reporter au 30 juin 2017 l’opérationnalisation de la décision du changement de nom de l’auditorium de l’établissement, d’André- Prévost à Marie-France-Danis.
Le 28 avril, dans une lettre adressée au président de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord, le journaliste Henri Prévost, et neveu d’André Prévost, déplorait que la famille Prévost n’ait pas été informée à l’avance de cette décision et se désolait du fait que « le nom d’André Prévost disparaîtra ainsi de l’espace public jérômien, balayant du même coup une référence historique et culturelle importante ».
Le 9 mai, la polyvalente Saint-Jérôme informait que sa décision de procéder au changement de nom de la salle André-Prévost serait réévaluée. Dans le communiqué, on pouvait lire « qu’en aucun temps l’administration de l’établissement scolaire n’a souhaité déshonorer ou porter atteinte au nom d’André Prévost d’un point de vue historique, patrimonial ou culturel. »
Le lendemain, 10 mai, En Scène, diffuseur locataire de la salle André-Prévost à la polyvalente de Saint-Jérôme et de la salle Antony-Lessard à la Maison de la culture Claude-Henri-Grignon, se distanciait du débat sur la dénomination de l’auditorium, coincé entre une décision qui ne relève aucunement de son autorité et des brochures « saison 2016-2017 » imprimées avec le nom pressenti pour remplacer celui d’André-Prévost.
Le 30 mai prochain, la polyvalente tiendra son prochain conseil d’établissement. Henri Prévost, probablement accompagné de sa tante Lise – l’épouse d’André –, sa fille Yolaine, ainsi que Lyse Richer, musicologue et amie de la famille et Suzanne Marcotte, de la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord, y sera.
« Notre objectif n’est pas d’en rajouter. Nous voulons simplement prendre contact avec eux et résumer nos arguments pour alimenter leur réflexion. Le principal message à passer est celui de la Société d’histoire quant à l’importance de respecter le patrimoine », plaide-t-il.
1 commentaire
il faut suivre avec le plus grand intéret la suite des choses.
un compromis:LA SALLE DANIS-PRÉVOST.Je ne vois pas d’autre solution.