Soins palliatifs
Par jocelyne-cazin
Tremblement de terre
Agressée par un tremblement de terre en pleine nuit, j’ai cru une fraction de seconde que ma fin était arrivée. Il était 4h04 dans la nuit du 6 novembre.
Mon vrai séisme, je l’ai toutefois eu lundi matin lorsqu’un ami m’a appris que sa petite bosse au cou s’avère être un cancer de la gorge.
Aussi épicurien que moi, il doit pour le moment du moins et pour les prochains mois laisser tomber tous les plaisirs terrestres. L’ami doit maintenant se concentrer à sa survie. Je lui fais confiance, il est en forme physiquement, il est généralement serein et il est surtout très bien entouré. Ne lâche pas mon ami.
Ce même jour, je donnais mon appui à la nouvelle campagne de financement Grand public de la Maison de soins palliatifs de la Rivière du Nord. Trop, c’est parfois trop! Pourtant, je suis à un âge où les mauvaises nouvelles arrivent plus souvent qu’avant.
Des baby-boomers comme moi forment désormais plus de 15% de la population canadienne, selon Statistiques Canada.
Au Québec les têtes grises sont encore plus visibles et d’ici 20 ans, elles formeront 23% de la population. Elles! D’accord, nous formerons… On a l’impression que le troisième âge a choisi sa terre de prédilection quand on se promène à Saint-Sauveur. Je n’invente rien. En vérifiant ma perception, je lis avec tout de même une certaine surprise que la vallée est la deuxième municipalité au Québec où il y a le plus de gens âgés. La palme revient à Côte-St-Luc sur l’Île de Montréal. Pas besoin d’être devin pour comprendre que des résidences pour ainés, de même que des maisons de soins palliatifs feront de plus en plus partie du paysage.
L’hiver 2012, au moment où je vivais les derniers instants avec ma mère, j’ai dit oui à la proposition de la Maison de soins palliatifs de la Rivière-du-Nord d’agir à titre d’ambassadrice dans le cadre de la campagne de financement qui s’amorce jusqu’en 2016.
Plus on avance en âge, plus cette pensée s’accroche: Nous serons tous éventuellement touchés par cet incontournable destin.
Les derniers mois avec ma mère malade jusqu’à son dernier souffle, m’ont permis de comprendre l’importance de bien accompagner quelqu’un jusqu’à la fin de sa vie, dans le respect, dans la dignité et aussi dans la compassion. Vous me direz que ce sont des mots faciles à écrire. J’ai visité à quelques reprises la Maison au sommet de la colline de St-Jérôme. J’ai vu la résilience des patients. J’ai ressenti le total dévouement du personnel et des bénévoles. Des dizaines de personnes à l’extérieur ne vivront jamais ces fins de vie dans une ambiance aussi ouatée. Facile à comprendre: Depuis trois ans, la Maison de soins palliatifs de la Rivière du Nord a dû refuser plus de 240 personnes en fin de vie. Bien sûr, il y a les CHSLD, certaines résidences pour ainés qui offrent les soins palliatifs, mais rien n’est comparable à son chez-soi ou à ce qui peut lui ressembler le plus. D’ailleurs un sondage confirme que 80 % des personnes aimeraient mieux mourir chez elles ou dans une maison de soins palliatifs. Cette semaine les bénévoles de la Maison ont lancé la deuxième phase de la campagne de financement. Le grand public est invité à faire sa part en achetant une brique. Le moindre petit don est également considéré.
Faites le calcul, une maison qui couvre un territoire aussi vaste que de Mont-Laurier à la rivière des Mille-Îles et de Sainte-Anne-des-Plaines à Lachute avec neuf chambres à offrir, est à l’évidence même, nettement insuffisante. Trois chambres de plus ne combleront pas tous les besoins, c’est certain, mais elles vont contribuer à pallier les demandes criantes. Et puis, la Maison fait grandement sa part en offrant gratuitement l’hébergement à ceux qui n’ont d’autres soucis que de vouloir vivre les derniers jours paisiblement.
Plus d’infos sur le travail de la Maison de soins palliatifs de la Rivière du Nord: www.msprn.ca.