Sylvain Lafrance, vp de Radio-Canada

Par Éric-Olivier Dallard

Saint-Sauveur, les médias et le monde

«Quand j’arrive à Saint-Sauveur, la première chose que je fais c’est prendre les journaux locaux, question de savoir ce qui se passe… Et je recherche d’abord une personnalité, dans un journal. Si l’on ne m’offre qu’un collage maladroit d’informations, je préfère passer mon tour…»

La question des régions et de leur identité, comme la question de médias avec une personnalité, sont des aspects auxquels Sylvain Lafrance est sensible. Le vice-président principal des Services français de Radio-Canada (un poste qu’il quittera ce mois-ci), qui vit régulièrement à Saint-Sauveur, a mis de l’avant ces deux visions au cours de son règne radio-canadien: «L’intégration des services télévisuels, radiophoniques et internet, qui s’est faite en respectant leurs spécificités propres, a permis d’asseoir fermement la marque de Radio-Canada et la culture radio-canadienne. De même je crois que cette intégration, et celle de la radio particulièrement, contribue à l’identité des régions, comme à leur rayonnement.»

Si les médias sont la nouvelle agora romaine, la «place publique», le perron de l’église, pour M. Lafrance «il faut ramener l’église au milieu du village», donner une voix forte aux citoyens afin de leur offrir une prise sur leur réalité.

Radio-Canadien

et citoyen du monde

Sylvain Lafrance commence comme journaliste à 23 ans… à Radio-Canada. Il ne quittera pas la société d’État, jusqu’à en atteindre les plus hautes sphères: «Tout ce que j’ai appris me vient de Radio-Canada; l’esprit “service public” m’imprègne au plus haut point». Ce qu’il est aujourd’hui lui vient aussi de l’Europe, où il a étudié et développé de nombreuses collaborations. «Vous savez, même la France s’est intéressée à la façon dont nous avons intégré nos services…» Même si plusieurs le voient maintenant faire le saut de l’autre côté de l’océan, pour le vice-président le Québec demeure le premier endroit où il aime vivre: «Je suis très attaché au Québec… Par exemple, je trouve que les Laurentides sont une région formidable, à proximité de l’effervescence montréalaise, tout en demeurant un lieu de villégiature tranquille. Bien sûr, on peut s’inquiéter que les choses changent avec le développement, mais je trouve que l’on peut y voir aussi de nombreux avantages, notamment je constate que les offres culturelles et gastronomiques y sont grandissantes.»

Gérer l’immatériel

«La plus grande ressource d’une entreprise – médiatique ou autre – c’est l’immatérialité, l’intangible: la créativité et la culture d’entreprise. C’est dommage, mais la plupart des gestionnaires n’ont pas appris à gérer cette immatérialité qui n’entre pas dans un fichier Excel!» C’est cette immatérialité que Sylvain Lafrance s’est acharné à gérer au cours de ses années de direction de Radio-Canada… Une belle et grande façon de «remettre l’église au centre du village».

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