Terravie sème des petits
Par nathalie-deraspe
Le projet de fonds foncier communautaire Terravie, basé à une demi-heure de Saint-Sauveur, dans la petite localité de Montcalm, s’apprête à être implanté ailleurs au Québec. Ce vendredi, les membres et sympathisants célèbrent avec le solstice d’hiver cette réussite, qui vient s’ajouter aux nombreux prix récoltés par le passé.
Contre vents et marées, Terravie poursuit sa destinée. Perçus d’abord comme une bande d’utopiques, le groupuscule à l’origine de ce projet écologique a pourtant les pieds bien sur terre. Leur concept allie la protection du territoire au développement d’une petite communauté villageoise écologique. Formé en corporation à but non lucratif, Terravie réunit des membres résidents, des organismes environnementaux et des individus intéressés à défendre le patrimoine naturel de la région. Le Conseil régional en environnement des Laurentides en fait partie depuis quatre ans. Le projet a pu bénéficier d’une subvention de 107 000$ pour l’acquisition de la moitié de l’aire protégée de Terravie, qui totalise 240 acres en bordure du lac Brochet. Le reste a été financé à même les levées de fonds et activités de l’organisme. Phénix de l’Environnement en 2007, Premier prix canadien Terre des Femmes pour Nicole Fafard, l’âme du projet, Terravie est bel et bien vivant. Le projet est d’autant plus intéressant avec son volet de coopérative d’habitations, Habitavie, mis sur pied au printemps. Terravie est le premier organisme de conservation qui entend annexer des activités humaines sur 25% des territoires protégés. À peine lancé, Habitavie a remporté un concours en entrepreneuriat. Un projet a été déposé pour que ce village piétonnier soit reconnu comme laboratoire rural par le ministère de l’Urbanisme et des régions. Le but premier est de pouvoir revitaliser la municipalité dans laquelle elle est implantée. «Une viabilité rurale est possible avec des projets originaux comme celui-là», précise Nicole Fafard.
En plus de normes environnementales strictes (bandes riveraines protégées à 30 mètres au lieu de 5 ou 10), la coopérative d’habitation accommodera 70 % des familles à revenu modeste. De 30 à 35 résidences réparties sur trois hameaux seront érigées sur la cinquantaine d’acres réservées aux activités humaines. Une aire communautaire accueillera les serres et le jardin collectif, l’aire de jeux, l’espace jeunesse, ainsi que le centre communautaire. Plusieurs bâtiments seront destinés aux visiteurs et artisans. Chaque membre de la coopérative bénéficiera d’une demi-acre (ou plus) pour construire sa résidence mais le fond de terre sera à jamais préservé. Il pourra toutefois être transféré aux générations futures. «Le plus important comme être humain, c’est d’arrêter de polluer, poursuit Nicole Fafard. L’encadrement écologique sécurise et permet un réel développement durable. J’ai voyagé durant 18 ans et quand je suis revenue, je me suis rendue compte de la richesse qu’on a dans les Laurentides. Si on peut être une petite influence, tant mieux!» conclut-elle. Plusieurs groupes ont manifesté leur intérêt d’implanter Terravie dans leur coin de patelin. Un projet semblable devrait voir le jour au cours de 2009. Un événement de levée de fonds du groupe de Montcalm a lieu ce vendredi, 19 décembre, au chalet Pauline Vanier de Saint-Sauveur.