Tout pour les familles, rien pour les falaises
Par nathalie-deraspe
Boisclair à Prévost
Alors que les écologistes espéraient une promesse électorale de la part d’André Boisclair, le chef du parti Québécois a plutôt consacré son après-midi de mardi à discuter famille avec le maire de Prévost, un indépendantiste de la première heure.
Pris de court, les organisateurs politiques de la région ont dû faire vite pour préparer la visite-éclair de leur chef. En effet, ce n’est que tard lundi soir que le bureau de la députée de Prévost apprenait que la caravane péquiste allait s’arrêter dans le comté. Du côté de la mairie, la surprise était totale et il a fallu faire des entourloupettes pour arriver à réunir à temps quelques membres du Comité famille et autres intervenants de la communauté intéressés aux propos du chef de l’opposition.
Vraisemblablement, André Boisclair aurait choisi de s’arrêter à Prévost parce qu’il s’agit d’une des rares villes du Québec à avoir adopté une politique familiale. S’il est vrai que le chef péquiste est demeuré plus d’une heure à discuter avec Claude Charbonneau et ses invités, personne dans l’entourage péquiste ne peut expliquer pourquoi M. Boisclair a-t-il décidé de rappeler le détail de mesures qu’il avait annoncé le matin-même à Saint-Jean-sur-Richelieu.
****Pas de promesse****
Quelle ne fut pas la déception du Comité régional pour la protection des falaises (CRPF) de voir que la visite du chef de l’opposition n’avait rien d’un enjeu électoral. Au lieu de prendre position en faveur du regroupement, André Boisclair est demeuré d’une extrême prudence, se contentant de répondre sur la pointe des pieds aux questions des journalistes et de répéter «nous ne vous décevrons pas». Après avoir mentionné que les falaises étaient en grande partie propriétés privées, le chef péquiste a laissé présager un peu d’espoir, en suggérant que des dossiers semblables avaient trouvé une issue heureuse, entre autres dans la région de l’Outaouais, où l’organisme Canards Illimités était intervenu en tant que collaborateur. «Il est même arrivé que le ministère de l’Environnement appuie des projets d’expropriations, a affirmé l’ex-titulaire de ce portefeuille, mais avant d’en arriver là, il faut tout mettre en œuvre pour trouver un terrain d’entente.»
Visiblement mécontent, l’activiste Marc-André Morin, ne s’est pas gêné pour menacer les péquistes de désertion. Ce défenseur des falaises a rappelé que les terres de la société ERS avaient longtemps bénéficié des subsides de l’État comme de la générosité de centaines de donateurs et qu’elles se devaient de revenir à la communauté pour fins de protection. «Je suis déçue, je m’attendais à un engagement ferme de sa part, a laissé tomber Serena d’Agostino, membre du conseil d’administration du CRPF. Il faut avoir le courage d’agir car nous n’obtiendrons pas de consensus.»
****Le chef tempère****
Plus tard en après-midi, la députée de Prévost s’est fait contredire par son propre chef dans le dossier de la radiothérapie. En tournée régionale lundi, Lucie Papineau annonçait avec conviction qu’elle ferait tout en son pouvoir pour ramener la construction du centre de traitement de cancers à Saint-Jérôme. «C’est nous qui avions annoncé la radiothérapie en 2007, a rappelé André Boisclair. À l’époque, tous les avis concordaient. Mais nous ne déshabillerons pas Pierre pour Paul.» Même s’il n’est pas question de rouvrir le dossier, le chef péquiste a promis que la région pourra elle aussi bénéficier de ce type de services spécialisés, sans toutefois vouloir indiquer le moment où cela se concrétisera.
À la question: «Mais pourquoi venir à Prévost?», le chef a répondu en souriant: «Parce que j’aime Lucie!»
***ENCADRÉ****
Titre : En clair
André Boisclair promet d’aider les jeunes familles avec un enfant de six ans ou moins et au revenu familial inférieur à 100 000$, en leur accordant une avance de fonds sans intérêt correspondant à 10% du prix d’achat d’une première résidence, jusqu’à concurrence de 18 000$. En demeurant propriétaires occupants, ces familles n’auront aucun remboursement sur la mise de fonds durant 10 ans. En outre, le parti Québécois promet 20 000 nouvelles places en garderie et garantit le gel des tarifs à 7$.