Un Adélois à Cannes
Par nathalie-deraspe
Le réalisateur québécois Nicolas Roy, est actuellement sur la Croisette, à côtoyer les bonzes de l’industrie du cinéma. Son cinquième court-métrage est en lice pour la Palme d’Or. L’Adélois a accordé une entrevue exclusive à Accès la veille de son départ.
Nathalie Deraspe
Père de trois enfants, Nicolas Roy, 37 ans, a étudié le cinéma durant quatre ans dans plusieurs établissements universitaires de la province. Originaire de Québec, cet Adélois d’adoption se nourrit de sa passion depuis plus d’une dizaine d’années. Son premier court-métrage, Novembre, sorti en 2001, s’est baladé de festival en festival et deux de ses films ont obtenu des nominations aux Jutra.
Malgré un parcours prometteur, sa crédibilité en tant que créateur avait jusqu’à présent échappé à la majorité d’entre nous. Rares sont les critiques qui s’intéressent aux artisans du court-métrage, note-t-il.
Cette année toutefois, tous les projecteurs sont braqués sur lui. Ce n’est rien a été sélectionné parmi 6000 œuvres soumises à Cannes. Cette seule nomination est une consécration en soi. Le réalisateur s’est dit extrêmement étonné et honoré de la nouvelle. Il était déjà sceptique à l’idée de soumettre son œuvre au plus grand festival de cinéma au monde. Ses productrices auront eu le flair nécessaire pour le conduire à deux pas de la consécration.
Depuis cette annonce, les offres se bousculent. Une soixantaine d’acheteurs et de distributeurs ont déjà manifesté leur intérêt pour le film. Pourtant, ce court-métrage ne fait pas dans la dentelle. Ce n’est rien aborde en effet un thème tabou : l’inceste.
Angoisses sur écran
Tourné à Montréal et à Lachute, ce film de 14 minutes raconte l’histoire d’un père monoparental qui apprend que son paternel a abusé de sa fillette. Le scénario s’ouvre avec une visite chez le médecin. Une fois le diagnostic tombé, cet être dévasté fait irruption chez sa mère, complice silencieuse de cette ignominie. Il décide de traquer le coupable jusqu’en pleine forêt. On retrouve l’homme au petit matin dans sa voiture. Jamais il n’aura été en mesure de commettre l’irréparable pour tenter de se faire justice. À moins qu’on n’imagine un scénario contraire…
Dans le rôle du père, Martin Dubreuil (10 et demi, Les 7 jours du Talion) est criant de vérité. Il joue la colère avec justesse et émotion. Ça nous donne froid dans le dos. L’éclairage et la mise en scène sont soignés, ce qui ajoute au produit final.
«Je parle toujours de mes propres angoisses», confie Nicolas Roy à propos de ses films. Le réalisateur apprécie les sujets délicats et tortueux. Le long métrage à venir abonde dans le même sens. «C’est un drame. Un gars un peu bandit, un peu tout croche, qui essaie de revenir auprès de sa femme et de son enfant mais qui retombe toujours dans les mêmes patterns.» Si tout va pour le mieux, le tournage débutera l’an prochain.
La projection de presse de Ce n’est rien a lieu aujourd’hui (mercredi). Le film est une production Voyous Films (distribution Travelling). Nicolas Roy sera de retour dans la région le 23 pour nous faire part de ses commentaires sur son expérience sur la Croisette et de l’accueil que son film a récolté.