Un budget qui risque de faire mal aux gens de la région
Par nathalie-deraspe
Le premier budget déposé par le ministre Raymond Bachand ne laisse personne indifférent. Alors que le milieu des affaires applaudit le train de mesures déposé le 30 mars dernier, tant l’opposition que les travailleurs et les groupes communautaires crient au scandale.
Tickets modérateurs et contributions obligatoires en santé, hausse de tarifs d’électricité et de la taxe sur le carburant, hausse graduelle de la TVQ et augmentation des frais de scolarité dès 2012, voilà un budget qui nuira d’abord et avant tout aux femmes et pas seulement aux chefs de familles monoparentales. Depuis toujours, les femmes sont les plus touchées par le phénomène de la pauvreté et pour cause. Elles occupent la majeure partie des emplois à temps partiel et plus souvent qu’autrement, aboutissent à des fonctions sous-payées et sous-valorisées. Qu’elles soient enseignantes, infirmières, travailleuses sociales ou à la tête de groupes communautaires, les femmes figurent au sein de la tranche de consommateurs les plus vulnérables de notre société.
Un budget comme celui qu’on vient de déposer leur ajoutera encore un peu plus de plomb dans l’aile. On calcule en effet que 60% des femmes reçoivent le salaire minimum.
La coordonnatrice de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) des Basses-Laurentides, Sylvie Perron, estime que les gens sont encore essoufflés de la crise. «Le consommateur moyen fait face à une surcharge de hausses et les salaires ne suivent pas. Depuis 1990, le taux d’endettement s’est multiplié 7 fois plus vite que les revenus des citoyens. Le nombre de faillites a grimpé de 32,4% au Canada et les saisies de maisons dans les Laurentides ont augmenté de 42,5% par rapport à l’an dernier. Et là, le gouvernement se fie sur la consommation pour réduire sa dette. On nous encourage à nous endetter encore un peu plus pour améliorer la situation de l’État. On risque de mettre les ménages encore plus en péril.»
Statistiques Canada indique que de février 2008 à 2009, le prix des légumes frais a augmenté de 25,8%. Durant la même période, les fruits frais coûtaient 18,1% plus cher. Les produits de boulangerie ont connu une hausse de 8,8% et les produits laitiers ont grimpé de 5,5%.
Pour la coordonnatrice du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) , Linda Déry, ce budget fait preuve de lâcheté politique. «Fini la solidarité sociale, fini l’égalité et l’équité, fini l’accès universel à des soins de santé», dénonce le ROCL. «Comment fournir 6 milliards de dollars de subventions aux entreprises et avoir l’audace de demander à la population de faire sa part?», questionne-t-elle.
Des applaudissements
La Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Jérôme accueille favorablement le budget et salue cette nouvelle façon de faire, affirme la directrice générale de l’organisme Sandy Lachapelle, même si on considère l’exercice «timide».
Les commerçants sont heureux de l’abolition de la taxe sur le capital. Cela représente à leurs yeux un allégement du fardeau fiscal des entreprises. Par ailleurs, ceux-ci estiment que l’augmentation progressive de la TVQ ne devrait pas causer trop de dommages à l’entreprise privée. «L’erreur a été de baisser la taxe et les impôts», soutient Mme Lachapelle. Tous applaudissent également la réduction de l’appareil gouvernemental. «Il suffira de voir si cela sera réellement appliqué», nuance la directrice de la Chambre.
«Il faut aussi assurer le développement social, économique et culturel du Québec. La productivité, ce n’est pas de couper des postes et augmenter les heures de travail. Est-ce qu’on en demande assez aux sociétés d’État? Le système en place amène des iniquités. Il faut pousser le débat. Après tout, il ne faut pas oublier que ce budget ne fera que freiner l’endettement. Personne ne peut être contre le fait qu’il faut penser à l’avenir, mais il faut aussi faire preuve de solidarité face aux plus démunis.»