Un cadeau tombé du ciel
Par nathalie-deraspe
La perspicacité des pompiers de Val-Morin mène au démantèlement de l’un des plus gros laboratoire clandestin de la province
Une visite de prévention des pompiers de Val-Morin a permis un beau coup de filet à la Sûreté du Québec. Les fenêtres barricadées du sous-sol d’une résidence de la 3e avenue cachait un imposant laboratoire de drogues de synthèse. Une équipe spécialisée était toujours sur place hier afin de terminer le démantèlement des installations.
Ça faisait plusieurs fois que les pompiers se rendaient sur les lieux pour tenter de vérifier si la maison était dotée d’avertisseurs de fumée et de monoxyde de carbone. En y regardant de plus près, ceux-ci ont constaté qu’une bonne partie de la maison était barricadée. Vigilants, les inspecteurs ont tout de suite alerté les services de police. Depuis, une douzaine d’agents de l’unité d’urgence se relaient 24 heures sur 24. Ils sont accompagnés de quatre techniciens d’explosifs et de deux chimistes de santé Canada. Trois membres du service d’identité judiciaire termine l’équipe. La municipalité de Val-Morin a été appelée à contribuer tout au long de l’opération, tout comme les services ambulanciers de la région. On a même fait appel aux escouades de Saint-Jérôme. Les familles a proximité ont dû être évacuées le temps de sécuriser le secteur. Tous sont retournés à la maison depuis.
«Tout porte à croire qu’il y avait au moins deux types de drogues fabriquées sur les lieux, explique Suzanne De Larochelière, sergente spécialiste à la SQ. Le garage et le tiers de la maison ne servait uniquement qu’à cela. C’est le laboratoire le plus varié qu’on ait eu à démanteler depuis 3 ans, ajoute-t-elle.»
Dangers d’explosion
L’instabilité de certains produits trouvés sur place a forcé les spécialistes à rehausser plusieurs fois leur niveau de protection. Les policiers estiment qu’il y en avait pour plusieurs millions de dollars en drogue. La quantité est telle, qu’il faudra encore plusieurs jours avant de comptabiliser le tout. Rien de surprenant quand on sait que les chimistes ont passé une semaine à identifier un à un la multitude de contenants qui se trouvaient sur les tablettes.
«Les jeunes jouent à la roulette russe, renchérit Isabelle De Larochelière. On peut trouver de 0 à 30 milligramme d’un comprimé à l’autre. Le dosage n’est pas certifié. Et de nos jours, on banalise tellement. On rigole en disant : une pilule, une petite granule, mais les effets des métamphétamines sont extrêmement néfastes.»
Un schéma de risques utile
Le maire de Val-Morin est à la fois surpris et désappointé de voir que sa municipalité ait été le théâtre de tels événements. Mais il se dit très heureux de constater que les investissements en prévention auront servi à mettre à jour ce type d’activité criminelle. «La couverture de schéma de risque, c’est dispendieux pour la municipalité, mais c’est un bon investissement. Et je dis à ceux qui voudraient s’installer chez nous: attendez-vous à être visités.» Jacques Brien n’avait que des éloges à faire à propos de ses pompiers. Ceux-ci ont même réussi à remporter le concours régional pour une deuxième année consécutive, même s’ils avaient passé la nuit à seconder les policiers dans leur enquête. Le ministère de l’Environnement doit se rendre prochainement sur les lieux afin d’évaluer les dommages faits à l’environnement. Pour chaque kilo de drogue produit s’ensuit 10 kilos de déchets. Les risques de contamination sont réels.
***ENCADRÉ À NOTER
Titre : Un mélange explosif
Ce qui peut se retrouver dans l’environnement immédiat: acétone, toluène, acide muriatique, phosphore amorphe, éphédrine, pseudoéphédrine, produits vétérinaires, méthanol, alcool à friction, hydroxyde de sodium, éther, diluant, ammoniaque, etc.
***ENCADRÉ EN BREF
Titre : Un 1er labo démantelé en mai
Le 12 mai dernier, la GRC démantelait un autre laboratoire clandestin, cette fois à Saint-Janvier. Quelque 1250 comprimés d’amphétamine et 9 kilogrammes de poudre en vrac, (3600 comprimés) ont été saisis. Daniel Boissonneault, 39 ans, et Jonathan Généreux, 28 ans, ont comparu au Palais de justice de Saint-Jérôme en lien avec cette affaire. Tous deux font face à des accusations de production et de possession de drogue en vue d’en faire le trafic. Un résidant de Saint-Sauveur, Marcel Généreux, 53 ans, est toujours recherché par la police. La perquisition est survenue dans un local industriel. L’ampleur du laboratoire était telle qu’il a fallu fermer la route 117 à la circulation durant plus d’une heure.