«Un coup de couteau dans le dos», affirme le Dr Luc Courtemanche
Par nathalie-deraspe
Fermeture de lits aux soins palliatifs de Sainte-Agathe
Le pionnier des soins palliatifs au Centre hospitalier Laurentien affirme que la direction de l’établissement s’est engagée dans une campagne de désinformation. «Le jour où on va arrêter de donner des soins pour des raisons monétaires, je ne serai plus médecin», lance le démissionnaire.
Luc Courtemanche est catégorique. L’unité ouvert en catastrophe en 2005 a toujours été occupé par les soins palliatifs. «Notre taux d’occupation était de 97%, affirme le médecin, avec des périodes de pointe allant jusqu’à 16 patients.»
À son arrivée en 1999, l’infirmière Francine Laperrière était la seule à pouvoir offrir la liaison dans l’hôpital pour les malades en fin de vie. L’année suivante, une équipe complète a vu le jour, sous la supervision du médecin. En 2005, une unité vide leur a été attribuée. «On était très contents, on l’espérait, mais le département a été ouvert en l’espace de deux semaines. C’est de l’improvisation, ça frise l’incompétence.»
Trois mois après l’ouverture de l’unité, celle-ci obtenait la cote A par un groupe d’inspection dirigée par le Dr Jean Latreille, un éminent spécialiste en oncologie de l’Université de Montréal. La Dr Renée Dugas, autre sommité en matière de soins palliatifs, avait elle aussi largement vanté le département, arguant qu’elle n’avait jamais vu une telle unité à Montréal.
«C’est vrai que ça coûte cher, confie le Dr Lamontagne, mais nous avons toujours été disponibles pour discuter et trouver des solutions. Mais ils ne m’ont jamais rencontré. J’ai appris la nouvelle dans un courriel.»
On joue sur les mots
Comme la plupart de ses collègues, Luc Courtemanche affirme que la direction utilise «des formules magiques» et «fait les choses en cachette». «Le personnel sur les étages n’est pas plus heureux, lance-t-il. Ça prend un permis spécial pour donner certains médicaments, la méthadone par exemple. Plusieurs sont mal à l’aise avec ça. Il y a des effets secondaires à maîtriser. Et quand un patient sonne à tout bout de champ pour avoir son entre-dose, ça augmente leur charge de travail.» Cela est d’autant plus vrai qu’une formation est désormais obligatoire pour soigner ce type de patients. Luc Courtemanche est d’autant plus surpris de la décision de l’hôpital que la firme Grant Thornton avait elle-même admis que l’établissement traitait deux fois plus de cas de soins palliatifs que des hôpitaux de taille semblable.
Depuis la réorganisation des soins, quatre patients ont été transférés. Les autres sont décédés à l’intérieur de trois semaines. «Je ne suis pas un spécialiste de la mort. Il y a un patient qui est décédé le soir même où je lui annonçais comment cela allait se présenter dans les semaines à venir.
Mais les soins palliatifs, personne n’a le goût d’en entendre parler. Il n’y a pas de téléthon pour ça, parce que ça démontre que la médecine a ses limites. Mais est-ce qu’on va renvoyer un patient de 80 ans dans un chemin privé de Saint-Adolphe-d’Howard ou de Saint-Donat, pas déneigé, sous prétexte qu’il va un peu mieux?»