Un des co-fondateurs de Projet Montréal tente d’inculquer sa vision dans les Laurentides
Par nathalie-deraspe
Le parti de Richard Bergeron a pris une place considérable durant la dernière campagne électorale municipale à Montréal. Il fut même un temps où certains prédisaient sa victoire. Accès profite de l’occasion pour s’entretenir avec Claude Mainville, l’un de ses fondateurs établi depuis près de 3 ans dans la région.
Candidat à la mairie de l’Arrondissement Plateau-Mont-Royal en 2005, Claude Mainville avait obtenu le plus grand nombre de votes parmi tous les candidats de son parti, en récoltant près de 30% des voix. Pourtant, l’ancien ingénieur du service du génie industriel de la CSN et ami de l’illustre Michel Chartrand ne pensait jamais se retrouver en politique municipale. Mais depuis mai 2002, celui-ci militait au sein d’un comité qui réclamait une Avenue Mt-Royal sans voiture.
Parallèlement, Luc Ferrandez, élu maire de l’arrondissement le 1er novembre pour Projet Montréal avec 14,7% de voix de plus que Claude Mainville en 2005, oeuvrait à faire adopter des mesures d’apaisement de la circulation. Malgré une pétition de 22 000 noms, rien en ce sens n’a été entrepris à l’époque.
«Helen Fotopoulos disait qu’elle ne gérait pas par pétition, confie Claude Mainville. Elle arrivait de Snowdon et voyageait en limousine et chauffeur jusqu’au Plateau. Mais on lui a dit :Obligez-nous pas à aller sur le terrain politique.» La mairesse avait été mise en garde. L’urbaniste et chef actuel de Projet Montréal, Richard Bergeron, est arrivé à point nommé avec l’idée de fonder un parti. Claude Mainville y a d’abord représenté le Comité de l’Avenue verte avant de devenir représentant officiel, président puis, candidat.
De 4% de voix à 7 élus
En l’espace de 5 ans, Projet Montréal a gagné en crédibilité. Sur le Plateau-Mont-Royal, le parti a fait table rase le 1er novembre. Et comme on le sait, Richard Bergeron a fait son entrée au sein du conseil exécutif de la Ville auprès du maire Gérald Tremblay. Mais Claude Mainville est déjà loin. Les 9 jours consécutifs de smog enregistrés en décembre 2005 dans la métropole auront eu raison de cet ex-citadin asthmatique.
Maintenant établi à la campagne, l’ingénieur refuse tout aussi farouchement d’acheter une voiture et fustige le peu de moyens qui sont mis à la disposition des résidents pour soutenir leurs déplacements. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine du regroupement intitulé «La pédale douce».
«C’est pas normal que ça prenne 3 heures pour se rendre à Montréal, illustre ce vétéran cycliste. Il faut qu’on ait des propositions, qu’on mette l’épaule à la roue. L’époque des critiques acerbes dans les estrades est finie. On doit passer à autre chose. Proposer, se réunir, devenir solidaires et adopter l’agenda 21. Projet Montréal proposait l’électrification des transports, l’agriculture soutenue par la communauté, le développement de logement social. Le péage sur les ponts, la piétonisation de la rue Sainte-Catherine, c’était dans notre programme en 2004.»
Devenons un exemple
Claude Mainville ne compte pas trop sur une enquête publique pour ramener l’ordre au sein de l’industrie de la construction. «Le ménage par en haut, je ne crois pas à ça, dit-il. Tout est tricoté autour de la collusion. L’idée c’est comment faire une piastre rapidement sans se faire prendre. Tout ce qu’on a appris à faire, c’est de détruire ce qui existe. Devenons un exemple nous-mêmes en réduisant notre empreinte écologique et notre consommation de viande. C’est pas normal que l’industrie du porc soit subventionnée à même nos taxes à hauteur de 50%. Même les végétariens subventionnent la côtelette de porc nourrie au maïs transgénique! Ici, on a tout. La culture, les marchés bios, les espaces verts. Trois caractéristiques exceptionnelles qu’il faut simplement harmoniser. Malheureusement, ceux qui croient qu’il est possible de faire autrement sont pris dans le tourbillon de l’ego. On ne pourra pas passer au travers avec le je-me-moi. Si les gens auraient eu la possibilité de se préparer politiquement, on se serait présentés. C’est une question de temps.»