Un documentaire choc sur les dangers liés à l'utilisation des pesticides
Par Valérie Maynard
La mort est dans le pré
Le 10 septembre dernier, après 10 ans de combat juridique, Paul François, un agriculteur français, remportait une importante bataille contre la firme multinationale américaine Monsanto. Ce jour-là, la cour d’appel de Lyon, en France, lui a définitivement donné raison en concluant que la firme multinationale était responsable du préjudice qu’il a subi à la suite de l’inhalation du pesticide pour le maïs Lasso.
Interdit au Canada depuis 1985, le Lasso a continué d’être utilisé (et répandu) en France jusque dans les années 2000.
La cour venait, du même souffle, confirmer le jugement en première instance du tribunal de grande instance de Lyon qui, en février 2012, avait reconnu responsable Monsanto, lui reprochant en substance « d’avoir failli à son obligation générale d’information pour n’avoir pas respecté les règles en matière d’emballage et d’étiquetage des produits ».
Pour Daniel Carmantrand, président fondateur de Planet it’s up to you, présentement en tournée au Québec pour une série de conférences, la décision est historique (c’est la première fois qu’un fabricant de pesticides est condamné à indemniser un agriculteur pour l’avoir intoxiqué) et vient nécessairement changer la donne. « Au-delà de la santé, de l’alimentation et de l’agriculture, c’est toute la question de l’éthique et des valeurs morales qui prend le dessus », opine-t-il.
Association apolitique, Planet it’s up to you s’appuie sur la prémisse suivante : Tant que nous ne prenons pas conscience que nous devons agir pour la planète, les conséquences environnementales sont exponentielles et donc destructives.
Troubles neurologiques
Le 27 avril 2004, la vie de Paul François a basculé. Ce jour-là, voulant vérifier le nettoyage de la cuve d’un pulvérisateur, il inhale une forte dose de vapeurs toxiques. Il est instantanément pris de malaise.
D’examen en examen, de coma en coma, on finit par lui trouver une importante défaillance au niveau cérébral.
Un an plus tard, on identifie le coupable : le monochlorobenzène, solvant répertorié comme hautement toxique et entrant à 50 % dans la composition de l’herbicide.
Depuis, Paul François vit avec une défaillance cérébrale et souffre de troubles neurologiques. Des lésions sont apparues au niveau de son cerveau.
La mort est dans le pré
Le documentaire La mort est dans le pré raconte l’histoire de Paul François et d’autres agriculteurs, tous aux prises avec de graves maladies liées à l’utilisation de pesticides : lymphome, cancer de la vessie et de la prostate, tumeur sur la moelle épinière. Tous pointent du doigt les pesticides utilisés sur leurs terres et la responsabilité des fabricants de ne pas les avoir informés de la toxicité de leurs produits. « En 70 ans, dira l’un d’eux, on aura fait plus de dégâts sur la planète que durant des milliers d’années. Ce que nous ont laissé nos anciens, on l’aura détruit en quelques générations. »
Le documentaire La mort est dans le pré sera présenté ce soir (mercredi), à l’auditorium du cégep de Saint-Jérôme, à compter de 18 h 30, en présence de Paul François. La projection sera suivie d’une conférence-débat animée par Daniel Carmantrand. Entrée libre.