Un ex-maire de Saint-Sauveur parle

Par Thomas Gallenne

Le village! Quel village?

L’ancien maire Léo-Paul Brosseau porte son regard sur ce qu’est devenu Saint-Sauveur. Celui qui a été le maire du village de 1963 à 1965, bien avant la fusion avec la paroisse, dresse un portrait critique mais lucide sur ce qui fut autrefois un village. N’en déplaise aux nostalgiques.

Malgré ses 96 ans, Léo-Paul Brosseau est toujours vert, et possède une mémoire bien affutée. «À Saint-Sauveur, il n’y avait rien, juste les rues de tracées», se rappelle-t-il à l’évocation du village d’après-guerre. C’est un peu le hasard qui va pousser l’homme originaire de Sainte-Thérèse a venir s’installer à Saint-Sauveur. «Mon père était préfet de comté et mon oncle m’avait parlé d’un commerce à acheter à Saint-Sauveur», raconte-t-il. Ce qu’il fit. On est en juin 1945. À l’époque, il y avait la paroisse et le village. La paroisse avait été incorporée en 1855, et en 1923, une partie du territoire de la paroisse se sépare en ce qui devient la municipalité de Piedmont. Trois ans plus tard, le village de Saint-Sauveur-des-Monts est constitué, suite à un différend à propos de services d’aqueducs. C’est 20 ans plus tard, soit en 1946, que le territoire de la paroisse va rétrécir un peu plus avec la constitution de Sainte-Anne-des-Lacs en municipalité indépendante. Enfin, c’est en 2002 que par décret ministériel, la fusion entre la paroisse et le village sera effectuée pour ainsi créer la Ville de Saint-Sauveur.

De village à ville

Encore tout récemment, dans le dossier du «Ca-

nadian Tire» pour ne pas le nommer, certains citoyens ont évoqué justement la notion de village. Mais peut-on encore en parler aujourd’hui? «Mais non, on ne parle plus d’un village, c’est fini!», lance celui qui a été maire de ce qui l’était encore à l’époque. Et que pense-t-il de la venue éventuelle d’une grosse bannière? «Ce n’est pas bien ça, réagit vivement M. Brosseau. Premièrement, on a nos commerces locaux. Faire venir une organisation internationale comme Canadian Tire ou autre, ça va détruire nos commerces locaux. Mais malheureusement, plus tu grossis comme une ville, plus faut que tu agisses comme une ville et non comme un village. Tout se développe en même temps, il faut bien que tu suives le courant. On peut pas faire autrement, on peut pas aller contre l’évolution!» Selon lui, ce sont des multinationales qui contrôlent tout et les centres de décisions ne sont plus sur place. 

Esprit, es-tu là? 

Existe-t-il encore un esprit de village? «Je me

demande si on l’a conservé encore cet esprit, avance-t-il, en guise de réponse. Je n’en suis pas sûr». Autant, il se souvient s’être impliqué énormément pour sa communauté, autant, il ne pense pas que ce degré d’implication est encore possible chez les citoyens moyens. «J’aimais beaucoup la communauté. J’étais impliqué partout. La Caisse populaire, la Fabrique. On est même venu me chercher pour être maire. Au début je ne voulais pas. J’avais mon commerce. Je tenais une salle de bowling, mais finalement, j’ai dû vendre quand je suis devenu maire». Du camp des lucides ou des belles-mères du Parti Québécois l’ancien maire Brosseau? Ses propos viendront-ils hanter l’administration actuelle, ou encore influencer l’opinion des citoyens? Chose certaine, Léo-Paul Brosseau a toujours à cœur sa communauté et son regard sur le développement du territoire est emprunt de sagesse et de bon-sens.

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