Un monde meilleur
Par Mimi Legault
Je rêve en ce moment d’un monde meilleur, mais au moins je sais que je n’ai pas les deux pieds sur terre. Ça va mal. Partout. Comme j’ai beaucoup d’imagination, il m’arrive de décoller, de fermer les yeux et d’ouvrir mon cœur. Soupir. À l’heure où j’écris cette chronique, il ne reste que quelques semaines pour que les non-vaccinés du milieu de la santé disparaissent du réseau (pour un temps seulement, je le souhaite). Que leur faut-il pour les décider à recevoir l’aiguille dans le bras? J’ai moi-même un proche dans mon entourage qui refuse la chose. On a chacun, chacune à son tour épuisé tous les arguments. Non, c’est non. Re-soupir…
J’aime cette personne. Je me contente de respecter son choix. Au moins, elle ne sort jamais de chez elle préférant demeurer cloîtrée et s’inventer des arguments bidons. Ce n’est pas drôle du tout. Voilà pourquoi chaque soir avant de m’endormir, je me mets à rêver d’un pays neuf. D’une nouvelle terre où il ferait bon vivre. Suivez-moi bien : je n’imagine pas des coins de paradis en carton. Ou des châteaux de cartes qui s’écrouleraient au moindre vagissement. Pas ça du tout. J’en ai quand même ras le pompon de l’envie de l’Humain de vouloir tout posséder voire même l’excédentaire. De désirer éliminer son semblable parce qu’il ne pense pas comme lui. De chloroformer dans l’indifférence face à la souffrance du voisin. Ce goût de rien et cette course vers le vide sont d’une tristesse…
Plus capable de lire que certains maires préfèrent se retirer de la vie politique plutôt que de subir les intempéries des réseaux sociaux. Il n’y a personne qui va me faire croire qu’en 2021, nous sommes encore incapables de mettre un nom sur celui ou celle qui envoie des courriels haineux. Peut-être ces gens qui se cachent derrière leur écran arrêteraient leur manège sachant qu’ils risqueraient d’être reconnus. J’attends toujours les résultats de mon as du texto Rick qui travaille très fort sur son projet.
Les choses étaient plus simples avant. Je me souviens d’un moment précis de mon adolescence. Je terminais mon dîner. Soudain, ma mère s’était mise à pleurer. Devant mon insistance, elle avait fini par me montrer une lettre anonyme écrite avec des phrases d’un journal : ton mari te trompe. Bon, là encore je triche, c’était plus personnel que ça, c’était quand même l’essentiel du message. Comme ce n’était pas suffisant, une voix masquée lui téléphonait chaque jour pour jeter son fiel et semer le doute dans le cœur aimant de ma mère. Mis au courant, papa avait réagi positivement en prenant acte avec la compagnie afin d’obtenir le numéro de téléphone de cette personne. Lorsqu’il a eu la certitude du nom en question, il était allé rencontrer l’énergumène (connue dans la famille) pour lui parler fermement et de façon définitive. Ça s’était arrêté drett là.
Je rêve d’une contrée où le respect, l’écoute active, la bienveillance, la bonté auraient droit aux premières loges. Où l’écologie deviendrait une façon naturelle de vivre. Je sais, c’est beaucoup de naïveté de ma part. Rêver est encore une chose gratuite. Je refuse cette basse soumission, cette vile façon de penser comme tout le monde. Comme quoi, plus on essaie d’entrer dans le moule, plus on ressemble à une tarte. Maintenant, la mode est au faire semblant. C’est Bernard Weber qui a écrit : l’hypocrisie fait des amis et la franchise engendre la haine.
Maintenant, il faut marcher constamment sur des oeufs (extra gros) pour ne pas mettre en rogne quelqu’un; pour ne pas dire une parole de trop. C’est fatigant à la longue! Regardez cette guerre de mots que s’échangent nos politiciens en chambre et leurs demandes de s’excuser. Les gens d’aujourd’hui se froissent plus rapidement que le linge que nous portons.
Faute d’un nouveau monde, je me contenterai de celui que j’habite. Je repousse l’idée de la tiédeur, car l’insensibilité engendre des monstres. Il y a encore de si belles choses que c’est vers elles que je me tournerai. Un jour, ma tartine de confiture tombera du bon côté. Pour les chanceux, même le coq pond!